Arrivée d'Aparajita

La nuit avait étendu son noir manteau sur le domaine de Sarliève lorsqu'Aparajita se présenta devant la grille, accroché au bras de Ganapati. Sa nudité couverte sous sa peau de vyaagra, la lune jouait de son éclat sur sa peau d'ébène.

Une terreur indicible tenaillait les boyaux de la jeune femme. Déjà, il lui avait fallu sortir de sa forêt et traverser la ville. Evoluer dans les cités des Marchent-debout générait en elle des tensions qu'elle réfrénait avec difficulté. Tous ces gens blancs devaient être fort malades. Ganapati avait eu beau lui parler avec douceur, lui expliquer qu'il était nécessaire de passer par la ville pour aller voir भवति चिकित्सिका (Bahvati cikitsikaa, Dame Docteur), les souvenirs de ces bipèdes tout blanc, hurlants et menaçants, lui jetant des objets divers pour la chasser la terrorisaient.

Mais ce n'était rien à côté de cette immense bâtisse de pierre blanche dont les toits côniques pointait vers le ciel. Qu'était-ce donc ? Le palais de quelque maharajah ? Une prison ? Ganapati avait, une fois encore, déployé des trésors de patience. Mais elle demeurait accroché à son bras, ses ongles prénétrant sa chair. Et lui, tel le divin माधव (Krishna) supportait la douleur en silence, se bornant à dégager son bras pour faire tinter la clochette de l'entrée, annonciatrice de son arrivée. Même les cloches avaient un drôle de son...

Il avait informé par la Garde de visiteurs.
Anselme pressa le pas et arriva devant la grille. Le soleil déclinait doucement...

Il reconnut difficilement Sindbad, l'ami des Seigneurs de Sarliève.
A son bras, une jeune femme plus que très légèrement vêtue, juste par une peau ?. Affolée, impressionnée ?! En tous les cas, le regard inquiêt, plus qu'inquiêt même...

Anselme ouvrit doucement la grille...

Messire Sindbad. Il hésita... Devait'il l'appeler Dame ?
Oui... Même sous ses apparences de sauvageonne, elle en était une.
Madame.

Il lui fit un sourire se voulant rassurant...

Nulle questions. Ce n'était point le moment.
En silence, il les accompagna jusqu'au château...

Sindbad sourit à l'homme qui venait l'accueillir :

Mes salutations à vous, euh...Anselme, je crois ? Puis-je vous appeler Anselme ?

Pour ma part, Sindbad me conviendra tout à fait. Et voici Aparajita... Sindbad hésita : comment devait-il présenter la jeune femme ? Il décida d'opter pour une neutralité conventionnelle. ...une amie. Comme nous sommes appelés à aller et venir assez souvent au domaine de Sarliève, autant que nous fassions dès maintenant plus ample connaissance.

Toujours accrochée au bras de son Ganapati, la femme détaillait avec minutie l'homme qui venait de se présenter à eux.

L'interlocuteur qui la détaillait de la tête aux pieds la mettait mal à l'aise. Allait-il la chasser comme les autres ? La battre ? L'enfermer ? Elle n'en menait pas large, cachée derrière celui qu'elle considérait comme son protecteur.

Lorsqu'il s'adressa à elle, l'intonation de sa voix ne manifestait aucune agressivité. Mais elle ne comprit pas ce qu'il lui disait. Heureusement que Ganapati l'accompagnait. Il lui indiqua, par geste, de le suivre.

Tous trois parcoururent de longues allées. De temps en temps, des effluves remontaient à ses narines : l'odeur des अश्व (azva, chevaux), de la verdure, elle entendit même roucouler. Ces volatiles étaient, en général, assez stupides pour se laisser attraper sans trop de mal. Au moins ne mourrait-elle pas de faim...

En bon Intendant qu'il était, Anselme écouta le Messire, sans l'interrompre...

Mes salutations à vous, euh...Anselme, je crois ? Puis-je vous appeler Anselme ?
Pour ma part, Sindbad me conviendra tout à fait. Et voici Aparajita...
une amie. Comme nous sommes appelés à aller et venir assez souvent au domaine de Sarliève, autant que nous fassions dès maintenant plus ample connaissance.

Oui, Messire...C'est bien ainsi que je me nomme : Anselme dit'il fièrement...
Et, bien sûr que vous pouvez. Il ne voyait d'ailleurs pas comment il pourrait l'appeler autrement, vu que ce n'était que son unique prénom.
Je ne peux pas Messire vous appeler uniquement par votre nom ; ceci serait trop inconvenant. Et je tiens à ma place. J'ose espérer que vous me comprendrez.

Puis, se tournant vers la Dame...

Soyez la bienvenue Madame au Domaine de Sarlieve.

Anselme se demandait ce qui avait bien pu arriver à cette femme. Dans ses yeux, il lisait la peur. Mais peur de quoi, de qui ?
Malheureusement, il n'était pas dans son rôle de poser des questions.

En revanche, vous comprendrez que je dois prévenir les seigneurs de la présence de votre...amie.

Puis, il se souvint des paroles de Messire Nictail et Dame Aiguemarine :"Messire Sindbad est un très bon ami. Pliez vous à toutes ses volontés". Puis, ils arrivèrent à l'entrée du château. Anselme poussa la porte et les laissa entrer.

Je vous laisse découvrir le Château.
N'hésitez pas à me mander en cas de besoin.
Je vais de ce pas prévenir de la présence de Dame Aparajita.

Un signe de tête en guise de salut, puis Anselme disparut dans le dédale des longs couloirs...