2.4 [Mi-Avril] Une confession

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Korydwen

Korydwen avait besoin de se laver, pas physiquement, cela, elle le faisait très, bien trop souvent sans doute par rapport au reste de la population, être belle et sentir bon, voilà qui lui plaisait, les belles parures, les belles robes, les parfums, les macarons. Mais voilà, cela faisait quelques jours qu'elle était tourmentée, tourmentée par ce qu'elle avait dit, parce qu'elle avait fait. Elle avait craché sur des gens, elle les avait incendié, elle les avait jugé... Elle les avait détesté, et puis à la cathédrale pour la cérémonie en l'honneur de son petit frère, elle l'avait dit à haute voix, qu'elle les détestait les faux culs... Sans compter les autres pêchés, la gourmandise, la colère, l'orgueil, la luxure, l'envie, l'acédie, l'avarice ! Tous, elle les avait tous !!

Elle se dirigea vers le confessionnal de la cathédrale, elle ne serait pas jugé, du moins, son frère ne lui ferait pas la morale, puisqu'elle causait au curé et tant mieux, vu le paquet de pêchés, des kilos et des kilos. Mais Tixlu était déjà là et semblait attendre, diantre tout le monde avait besoin d'une douche ? L'arrivée des mouches dans le duché...

Elle s'installa sur un banc de la cathédrale et commença à prier silencieusement pour beaucoup de chose, dommage qu'aucun distributeur de tickets numérotés n'existaient encore à l'époque, il aurait fait fureur sinon.

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Korydwen

Le Duc Tixlu avait fini ? Pas commencé, elle ne savait pas, mais voilà que Rick, enfin le curé lui faisait un petit signe pour qu'elle s'avance et prenne place dans le confessionnal, avait-il sa semaine devant lui ? Parce qu'avec la dose de pécher... Le pauvre, il n'était pas au bout de ses peines, sa dernière confession ? Hum sans doute jamais... Dernier lavage... Son baptême 17 juillet 1454 ? Outch loin, prends toi ça dans la tronche, vieille peau... Enfin pas plus vieille que d'autres et bien plus jeune que certains. Un pas assuré, elle s'installa, de toute façon, avait-elle d'autres choix ? Pouvait-elle faire demi-tour ?

Bonjour mon père...

L'échos de la cathédrale fit le reste, si il n'avait pas entendu, c'est qu'il était sourd. Bien par quoi commencer.

J'ai péché... Non sans blague Kory ! T'es là parce que tu as péché ?
Hum... Je devrais sans doute commencer par le début... Donc reprenons sans doute en juillet 1454 après mon baptême, j'espère que vous avez beaucoup de temps devant vous...
Quoi qu'en remontant si loin je ne vois pas ce qu'il peut y avoir d'intéressant à raconter... Je n'ai pas fauté avant mon mariage... Bien que certaines rumeurs aient pu trainer à ce sujet... Mais c'est plutôt flatteur, c'est flatteur quand les gens ont besoin de vous pour avoir des sujets de conversation...

Elle marqua une pause avant de finalement continuer.

Je crois que j'ai commis tous les péchés, et certains plusieurs fois même. Je vais commencer par la gourmandise. J'ai donc... Un certain péché pour ces douceurs venus de Paris. Les macarons, je me complais à vivre dans ce luxe et à me goinfrer de ces douceurs quitte à ne plus rentrer dans mes robes... Mais après j'ai bien une seconde gourmandise... Mon époux... Mais je vous passerai les détails qu'un curé ne peut pas entendre.

C'est qu'un curé ça ne profite pas du plaisir de la chair et encore moins voit cela comme un plaisir, mais plutôt comme un acte de reproduction, visant à avoir des enfants... Là où elle péchait sérieusement, un côté libertine ? Moui... Mais attention uniquement avec Al...

Donc je voudrai me repentir... Tant du premier parce que j'abuse alors que certains crèvent de faim et tant du deuxième... Parce que... L'Eglise voit ce genre de relation menant à la naissance d'enfants... Ce qui n'est pas le but premier... Surtout quand on sait que je fais tout pour ne pas tomber enceinte... Ahem... Bref, sans doute un des pires péchés... Donc il me faudrait le pardon d'Aristote pour cela... D'ailleurs il sait très bien pourquoi nous ne voulons pas que cela se termine comme ça, le travail d'Althiof très prenant, il voit à peine ses enfants. Sans compter... Moi. A mon avis me savoir enceinte avec mes humeurs ne lui fait pas trop envie... Parce que j'ai été odieuse... Hum... Il m'aime terriblement... Vous savez, par de nombreuses fois je l'ai blessé et je m'en veux énormément...

Elle se triturait les doigts, ses souvenirs revinrent à sa grossesse, sa dernière, sans doute la plus difficile, elle avait besoin de se faire pardonner auprès d'Aristote, son époux lui ayant accordé le sien depuis bien longtemps, mais Aristote voyait dans le mariage de ses paroissiens une entente et un soutien sans faille de l'un envers l'autre et Korydwen parfois... N'avait pas voulu se soumettre à "l'autorité" que pouvait incarner son époux, son chef de famille.

Lors de ma dernière... Enfin troisième grossesse.

Oui, parce qu'après, elle en avait eu d'autres, des embryons de grossesse, des fausse-couche, qu'elle avait provoqué elle-même, elle le savait, se rendant ainsi coupable de mort... Et c'est bien pour ça qu'aucune peine n'avait été présente, mais un soulagement plutôt...

J'ai été contre les "ordres" de mon époux, la guerre de Bretagne de 1456, je ne sais si vous vous en souvenez mon père, durant cette guerre, le plaisir charnel a été sans doute ce qui nous a permis de tenir avec mon époux... Et ce qui devait arriver arriva, je me suis retrouvée grosse et alors que mon époux voulait me faire rentrer, j'ai tenu tête, j'ai été jusqu'en Orléans, je me suis battue et j'ai jouté, chutant de ma monture et finissant à l'épée, vous auriez vu mon époux... Le pauvre... Je lui ai fait tant de mal en si peu de temps... Même si depuis il m'a pardonné, j'aimerai qu'Aristote me pardonne à son tour... Me pardonne d'avoir mis à mal une union dont il était le témoin principal ...

Fixant le confessionnal, si ça ce n'était pas de la confession et elle en avait encore en réserve, surtout que cette histoire était loin d'être finie. Mais chaque chose en son temps, le curé devait analyser les propos de la jeune femme, au début elle avait eu un peu de mal, se confier ainsi à un curé n'est pas évident, mais un curé qui est son frère...

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Rick

Vraisemblablement Tixlu était perdu dans ses pensées et à peine Rick avait-il tourné le dos que le Duc s’en était allé. Sûrement appelé par des obligations dues à son rang. Mais heureusement (ou malheureusement s’il avait su), il restait encore une personne à confesser. Et cette personne n’était autre que sa sœur. Le rêve de tous frère n’est-il pas d’accéder au jardin secret de sa sœur et en plus d’avoir l’autorisation de le faire ? Même plus, être invité à y entrer et à commenter. Le rêve non ? Mais comme dans tout rêve ou dans toute ambition, il y a souvent un revers à la médaille. Beaucoup rêvent de pouvoir, de séduction, d’argent, en oubliant qu’en ouvrant la boîte de Pandore, la bête sans nom fait son apparition avec tout ce que cela implique. Aussi Rick était il sur ses gardes lorsqu’il fit signe à sa sœur de le rejoindre. Il lui fallait être aussi distant que possible, en raison du statut qu’il occupait. Il savait très bien qu’elle ne venait pas voir son frère aîné mais le curé en charge du confessionnal, ce jour.

Bonjour mon père... J'ai péché...

Cela fit drôle à Rick, un instant qu’elle utilise ces termes. Non pas qu’il la mettait au-dessus des autres, ni même qu’il l’encensait, mais plutôt qu’elle l’appelle Mon Père. C’est à partir de ce moment-là que le jeune curé se décida non pas à écouter d’une oreille fraternelle les confidences d’une baronne perdue dans ses pêchés mais plutôt d’une oreille religieuse qui garderait le secret de sa confession.

Bonjour ma fille... Je vous écoute... Ici, vous êtes seule à seul face au Très-Haut. Par mon intermédiaire, il est là pour vous entendre et pardonner ce qui est pardonnable, condamner ce qui est condamnable. N’hésitez pas à tout lui dire, ici il n’y a pas de dentitions complètes de loups ou même de mi-crocs. Ici il n’y a aucune Mata-Hari pour faire le ménage. Vous pouvez tout lui dire.

Rick réajusta sa tenue et écouta les propos de la paroissienne en détresse

Hum... Je devrais sans doute commencer par le début... Donc reprenons sans doute en juillet 1454 après mon baptême, j'espère que vous avez beaucoup de temps devant vous...
Quoi qu'en remontant si loin je ne vois pas ce qu'il peut y avoir d'intéressant à raconter... Je n'ai pas fauté avant mon mariage... Bien que certaines rumeurs aient pu trainer à ce sujet... Mais c'est plutôt flatteur, c'est flatteur quand les gens ont besoin de vous pour avoir des sujets de conversation...

Le jeune homme se mit à sourire. Waouh, elle remontait jusqu’en 1454. Et bien elle avait pas peur la frangine. Forcément, vu sous cet angle, il risquait d’y avoir beaucoup de choses à avouer. Et peut-être ne ferait-elle pas comme certains, à tourner autour du pot. Il y en a qui sont spécialistes pour cela. Allez savoir comment ils font pour tenter l’impossible et essayer de vendre des vessies pour des lanternes. Mais le curé, sérieusement, préféra ne rien dire pour ne pas perturber les confessions. Une chose était sûre, c’est que Kory avait meilleure mémoire que lui. Alzy....

Je crois que j'ai commis tous les péchés, et certains plusieurs fois même. Je vais commencer par la gourmandise. J'ai donc... Un certain péché pour ces douceurs venus de Paris. Les macarons, je me complais à vivre dans ce luxe et à me goinfrer de ces douceurs quitte à ne plus rentrer dans mes robes... Mais après j'ai bien une seconde gourmandise... Mon époux... Mais je vous passerai les détails qu'un curé ne peut pas entendre.

Rick sourit. Ce n’était pas tant sa charge de curé qui le dérangeait mais plutôt sa position fraternelle. En effet, il n’avait rien contre être invité dans le jardin secret mais là était le premier revers de la médaille, si elle voulait lui parler de ses amusements intimes avec son mari. Il poussa un soupir de soulagement, lorsqu’elle lui dit qu’elle éviterait les détails.

Donc je voudrai me repentir... Tant du premier parce que j'abuse alors que certains crèvent de faim et tant du deuxième... Parce que... L'Eglise voit ce genre de relation menant à la naissance d'enfants... Ce qui n'est pas le but premier... Surtout quand on sait que je fais tout pour ne pas tomber enceinte... Ahem... Bref, sans doute un des pires péchés... Donc il me faudrait le pardon d'Aristote pour cela... D'ailleurs il sait très bien pourquoi nous ne voulons pas que cela se termine comme ça, le travail d'Althiof très prenant, il voit à peine ses enfants. Sans compter... Moi. A mon avis me savoir enceinte avec mes humeurs ne lui fait pas trop envie... Parce que j'ai été odieuse... Hum... Il m'aime terriblement... Vous savez, par de nombreuses fois je l'ai blessé et je m'en veux énormément

Le curé se frotta la joue de manière perplexe. Il avait bien remarqué que sa sœur avait un brin forci mais il n’y avait pas prêté plus attention que cela. Peut-être était-ce pour cela qu’Althiof, lui donnait parfois un surnom des plus glamours en l’appelant ma petit baleine.

Lors de ma dernière... Enfin troisième grossesse. J'ai été contre les "ordres" de mon époux, la guerre de Bretagne de 1456, je ne sais si vous vous en souvenez mon père, durant cette guerre, le plaisir charnel a été sans doute ce qui nous a permis de tenir avec mon époux... Et ce qui devait arriver arriva, je me suis retrouvée grosse et alors que mon époux voulait me faire rentrer, j'ai tenu tête, j'ai été jusqu'en Orléans, je me suis battue et j'ai jouté, chutant de ma monture et finissant à l'épée, vous auriez vu mon époux... Le pauvre... Je lui ai fait tant de mal en si peu de temps... Même si depuis il m'a pardonné, j'aimerai qu'Aristote me pardonne à son tour... Me pardonne d'avoir mis à mal une union dont il était le témoin principal ...

Ma fille... Commençons par le premier puisque vous me faites la grâce de les bien séparer et bien les distinguer. La gourmandise. Il n’est pas le pire des pêchés, à mon sens. Il est très facile de réussir à ne plus se tenter. Certes, lorsque nous possédons un cuisinier des plus remarquables, je peux comprendre que la tentation est plus rude

Rick en savait quelque chose car il lui était arrivé de céder facilement à tous les bons plats que pouvait faire Ratatouille, le cuistot. Il s’était toujours demander comment ce surnom était arrivé à ce brave garçon. Peut-être parce qu’il avait un visage de rat et parce qu’il était plus maître queue qu’autre chose.

Vous pourriez très bien commencer par limoger votre employé. Mais d’un autre côté, mettre cet homme au chômage parce qu’il fait trop bien la cuisine ce serait un handicap. Alors pourquoi n’inviteriez vous pas une fois par semaine dirions-nous vos serfs à venir se restaurer à votre table ?

Le prêtre connaissait les difficultés que sa sœur avait connu à Mirefleurs mais en tant que gueux cette proposition ne lui paraissait pas absurde pour apprendre à connaître les gens. Mais d’un point de vue noble, cela ne ferait-il pas grincer des dents ?

Ou alors pourquoi ne donneriez-vous pas les restes de vos repas à ceux qui travaillent durs sur vos terres ? Personnellement, je préfère la première proposition car ainsi ils travaillent la terre et bénéficie du produit de leur travail. Certes, c’est peut-être utopiste mais si quelqu’un peut avoir ce genre de comportement, c’est bien vous ma fille...

Rick marqua un silence. Il venait de dépasser légèrement la ligne blanche qu’il s’était interdit de franchir. Aussi se réadossa-t-il au mur du confessionnal et reprit le fil de la conversation.

Concernant vos relations avec votre époux, même s’il est dit dans le Livre des Vertus que nous ne devons avoir des relations intimes entre un homme et une femme que dans le cadre du mariage, il n’est pas dit que nous ne pouvons y prendre plaisir. Il est vrai que nous devons tout faire pour enfanter, mais rien ne nous interdit d’être humains et de ressentir des choses

Le jeune homme ne pouvait nier que lui aussi, avait éprouver beaucoup de plaisirs et de désirs pour honorer son épouse. Il aimait à s’adonner à son devoir conjugal qui n’était pas un devoir pour lui mais un bonheur. Bref, il n’était pas là pour parler de cela avec Kory ni même évoquer le passé. Ressasser le passé n’était jamais bon.

Ma fille, je vous entends et je pense que si votre mari vous a pardonné pour cela, Le Très-Haut l’a fait aussi. En effet, Il n’aurait jamais pris la peine de mettre sur votre...

Rick ne voulait pas passer nôtre mais c’était bien cela pourtant

Sur votre route, cet enfant né de l’union de votre cousin et tragiquement orphelin. Pensez-vous ma fille, qu’Il vous aurait confié le jeune Alexandre s’Il ne vous avait pas pardonné en même temps que votre époux ? Je ne le pense pas pour ma part.

Petit moment de silence avant de reprendre

La vie est trop courte pour ne pas la vivre au galop. Il faut savourer chaque seconde avec autant d’intensité les unes que les autres sous peine de le regretter. Les êtres qui nous sont chers partent trop vite avant qu’on ait eu le temps de leur dire qu’on les aimait vraiment. Alors tant que vous serez consciente de cette ligne jaune qu’il faut éviter de franchir, tant que vous serez consciente de ces malheureux qui souffrent de la faim et que vous n’hésiterez pas à leur faire des offrandes, soit de nourriture, soit de vos robes que vous ne pouvez plus mettre, alors Aristote sera complaisant avec vous. Si le Très-Haut a créé le plaisir c’est pour que nous puissions savourer toutes les subtilités de ce qu’il a fabriqué. Mais il ne faut jamais abusé des choses. Lorsque vous sentez que vous allez succomber, il vous suffira d’aller appeler un de vos serfs pour l’inviter à votre table. Regarder le manger et prenez du plaisir à le voir déguster ces plats qu’il ne connaît pas. Il ne vous en sera que plus reconnaissant et plus fidèle.

Rick en avait fini avec ce pêché et il était prêt à écouter la suite.

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Korydwen

Ne pas être jugée parce qu'elle avait pu commettre par le passé, ou du tout moins pas ouvertement, quoi que ce qu'il pouvait penser ne la dérangeait pas outre mesure, une certaine capacité à laisser couler depuis quelques mois et puis quand on assume certains de ses actes c'est un bon début et tout le monde ne se confesse pas d'une façon aussi profonde... Elle attendait patiemment, n'osant sortir sa liste de péché, cette liste était si longue, qu'elle serait arrivée jusqu'à l'entrée de la cathédrale...

Etrange, il n'avait pas du entendre ou comprendre de quel péché elle lui causait, ainsi un représentant d'Aristote acceptait... Levant un sourcil, elle l'écouta. Inviter les serfs et puis quoi encore ? Leurs donner des robes magnifique, un seigneur ou plutôt en l'occurence une dame se devait de faire le bien pour son peuple, mais de là à les inviter à sa table, chacun à sa place et les poules seront gardées.

Hum... Inviter des serfs à manger, vous êtes utopiste mon père, vous savez très bien qu'un serf plus vous lui donnez et plus il demandera... Un gueux est capable de tout et de quémander plus ne les dérangerait pas. Je veux le bien de mon peuple, mais il y a des limites. Ils ont déjà beaucoup, ils reçoivent chaque semaine des morceaux de viandes de nos élevages et les impôts les étranglent moins...

C'était bien un curé, voilà un raisonnement de curé, à croire que tout pouvait se régler en invitant des serfs à manger, surtout quand ses serfs voulaient votre tête, s'exposer à des risques inutiles ne faisait pas parti des idées du moment.

Ils ont déjà des pourcentages sur mes terres qu'ils cultivent... Il passait à l'intimité, avait-il compris qu'elle prenait des plantes et qu'elle faisait tout pour ne pas tomber enceinte ? Visiblement pas, il parlait juste du plaisir... Plaisir et plaisir, rien que de plaisir, sans gamin dans l'tiroir... Et oui.

Hum bien.

Il poursuivit et expliqua selon le point de vue du curé l'arrivée d'Alexandre...

Alexandre est un enfant formidable...

Et puis la fin, ce qui clôturait cette partie de la confession, des paroles d'un curé, des paroles un peu utopiste, mais il fallait les laisser rêver et les laisser croire en l'amitié aristotélicienne, certes, elle faisait du mieux possible, avec l'aide de son fidèle intendant.

Hum, permettez-moi d'être réellement sceptique concernant l'invitation d'un serf à ma table...

Elle se cala sur le petit siège et continua, finalement, elle aurait pu caser sa relation avec son époux concernant la luxure, mais il y avait des choses qu'il ne fallait avouer, une part de mystère et de jardin secret.

Hum la luxure... Sans doute aurais-je du attendre de vous parler de la luxure concernant... Enfin, ce n'était pas un péché dramatique et vous en avez déjà parlé, nous n'allons pas discuter durant moultes années... Donc lui, mis à part me donner corps et âme à mon époux... Même si j'avoue avoir succombé plusieurs fois à Asmodée...

Change de sujet !! Change de sujet et ça sera beaucoup mieux.

La colère... Elle est revenue si souvent, cette colère. Le premier à en avoir fait les frais mon époux sans doute. Mes colères concernant son travail à la prévôté, bien trop prenant, combien de fois ai-je pu lui dire qu'il aurait mieux fait d'épouser la prévôté. Et puis Beths aussi, elle en a souffert... Surtout aux joutes quand je succombais à Asmodée.

La pauvre...

Elle baissa la tête, bien peu fière en y pensant de nouveau, elle avait été jalouse, Korydwen était d'une jalousie extrême, enfin maintenant elle se soignait et Althiof pouvait en être le témoin.

Je ne sais plus exactement ce qu'il s'était passé, enfin dans les détails. Je me souviens simplement du fait que je trouvais qu'Althiof me laissait de côté, profitant de Beths pour s'amuser et forcément, sur le coup cela ne m'avait pas plu du tout et j'avais été odieuse tant avec l'un que l'autre. Mais avec un peu de recul, je pense que ce n'était pas contre Beths, mais plutôt faire réagir mon époux. J'avais réussi mais pas réellement dans le bon sens... Mais je me suis excusée depuis et cela va mieux. Mais ce genre de situation arrivait régulièrement... Trop au goût de mon époux et puis pour moi...

Korydwen souriait, c'était des choses que peu de monde savait, tout le monde les trouvait parfait, l'incarnation d'un couple parfait, d'une entente merveilleuse, mais comme dans chaque couple, il y avait des hauts et des bas, ils en avaient essuyé des plâtres, mais Korydwen avait mis tant de temps à devenir habile de ses mots, savoir s'exprimer et exprimer son ressenti à son époux était une chose bien difficile pour elle, maintenant elle lui disait tout, mais au début...

Ce n'était pas l'idéal, vous comprenez ? Je crois que j'avais besoin d'entendre de sa bouche que je passerai toujours avant son travail, j'en étais persuadée, je le savais, mais ce besoin d'être constamment rassurée. Et puis forcément, guidée par mes sentiments j'ai été bien maladroite. Comme un soir dans une taverne en Lyonnais-Dauphiné, je me suis retrouvée entre plusieurs grands du royaume. Grand Prévôt, Prévôt Royal, truc de la cours d'appel et j'en passe et moi... Simplement moi, petite noble sans titre pompeux et puis des rigolades que je n'avais pas comprises, concernant ma "petite" noblesse et mon absence de titre "royal", je suis partie vexée et j'ai écris un mot à Althiof en signant... Je m'en souviens comme si c'était hier "Kory simple épouse"... Quand vos mots dépassent l'entendement et que vous souffrez, vous écrivez ce genre de stupidité... Je vous laisse imaginer la réaction de mon pauvre Al... Je vous laisse imaginer la peine que je lui ai causé, une fois de plus... Je crois que ce jour là... J'ai bien failli le perdre pour toujours.

Elle sentait que ses yeux lui piquaient, elle sentait les larmes monter, c'était si lourd, si difficile de se remémorer ce souvenir, mais elle avait besoin de le faire disparaitre à tout jamais et le curé ne la jugerait pas et personne ne pourrait la juger.

Et après... Il m'emmenait pour m'acheter un cheval... Vous voyez à quel point il m'aime et à quel point j'ai été bien méchante et capricieuse ? Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi il peut parfois être difficile d'être l'épouse de mon tendre Al... Je suis fière de lui, de sa réussite, je l'ai vu évoluer dans la prévôté dès le début... Se faire une place... Lors de mon mandat de prévôt, si vous saviez ce que les gens ont pu raconter.

En fait, si il le savait, il était encore maréchal à l'époque et il avait bien vu.

La marionnette d'Althiof... Voilà ce à quoi j'ai été réduit, durant deux mois, tant de gens ont cru qu'Althiof était maître de mes décisions, maitre de mes pensées et maitre de mes gestes... Enfin, c'est du passé, mais les gens ne voient que ce qu'ils veulent voir, généralement pas plus loin que le bout de leur nez, cela se saurait si Althiof et moi n'étions qu'une seule personne... C'est parfois difficile d'être son épouse et je le lui avais dit, du moins durant mon mandat. Mais depuis que la politique est loin derrière moi, ce n'est que plaisir et joie. J'ai grandi avec le temps, j'ai compris des choses, des choses dont j'étais trop jeune pour les comprendre et je me laissais bien trop facilement à la colère.

Heureusement que ce temps était bien loin et bien terminé, les explications entre les deux époux, mais là... C'est ce à quoi servait une confession ? S'excuser auprès d'Aristote du mal que l'on a pu faire aux autres et puis s'excuser de ses défauts, qui avec le temps finissent par se faire plus discret pour le plus grand bonheur de son époux.

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Rick

Hum... Inviter des serfs à manger, vous êtes utopiste mon père, vous savez très bien qu'un serf plus vous lui donnez et plus il demandera... Un gueux est capable de tout et de quémander plus ne les dérangerait pas. Je veux le bien de mon peuple, mais il y a des limites. Ils ont déjà beaucoup, ils reçoivent chaque semaine des morceaux de viandes de nos élevages et les impôts les étranglent moins...

Rick soupira. Il était de ces personnes qui espérait qu’un jour serfs et nobles puissent manger à la même table sans que les privilèges des uns et les envies des autres ne soient contradictoires.

Ma fille, si nous leur parlons du fait que l’envie est un pêché capital, peut-être seront-ils moins enclin à en vouloir toujours plus. Ne pensez-vous pas ?

D’un autre côté, Rick savait très bien que sa sœur trouverait cela utopiste et même lui il savait que ce ne serait pas possible. Dans leur misère quotidienne, que restaient-ils aux pauvres si ce n’est de rêver à ce qu’ils feraient s’ils avaient la place ou le pouvoir des riches ?

Hum la luxure... Sans doute aurais-je du attendre de vous parler de la luxure concernant... Enfin, ce n'était pas un péché dramatique et vous en avez déjà parlé, nous n'allons pas discuter durant moultes années... Donc lui, mis à part me donner corps et âme à mon époux... Même si j'avoue avoir succombé plusieurs fois à Asmodée...

Petit silence de la pénitente avant de reprendre

La colère... Elle est revenue si souvent, cette colère. Le premier à en avoir fait les frais mon époux sans doute. Mes colères concernant son travail à la prévôté, bien trop prenant, combien de fois ai-je pu lui dire qu'il aurait mieux fait d'épouser la prévôté. Et puis Beths aussi, elle en a souffert... Surtout aux joutes quand je succombais à Asmodée.

Rick essaya de chasser de sa tête les images qu’il voyait de sa sœur, copulant en plein milieu des joutes et dans plein d’autres endroits. Il secoua la tête pour les faire partir. Il fallait qu’elle passe à autre chose. Cela ne le dérangeait pas de parler de luxure mais s’imaginer sa sœur en parfait adepte d’Asmodée vivant dans le foutre, cela le gênait allégrement. Et lorsqu’elle évoqua Beths, pendant un court instant, il s’imagina leur vassale s’adonner à leurs jeux lubriques à trois, comme tout adepte d’Asmodée qui se respecte.

Beths aussi ? Parce que Beths et vous ? Et Marty ? Il en faisait partie aussi ? Cela dure depuis longtemps ? Depuis votre mariage ?

Je ne sais plus exactement ce qu'il s'était passé, enfin dans les détails. Je me souviens simplement du fait que je trouvais qu'Althiof me laissait de côté, profitant de Beths pour s'amuser et forcément, sur le coup cela ne m'avait pas plu du tout et j'avais été odieuse tant avec l'un que l'autre. Mais avec un peu de recul, je pense que ce n'était pas contre Beths, mais plutôt faire réagir mon époux. J'avais réussi mais pas réellement dans le bon sens... Mais je me suis excusée depuis et cela va mieux. Mais ce genre de situation arrivait régulièrement... Trop au goût de mon époux et puis pour moi...

Et là ce fut le coup de grâce pour le religieux. Ainsi Kory et Al n’étaient pas un simple couple mais c’était un trio ? Et comment réagissait Marty dans l’histoire ? Cela pouvait-il être fait dans le dos d’Auvergne pendant qu’il s’occupait de régler la succession d’un quelconque noble décédé ? Mais croyez-vous que la pénitente allait s’en arrêter là ? Elle en rajouta une autre image

Ce n'était pas l'idéal, vous comprenez ? Je crois que j'avais besoin d'entendre de sa bouche que je passerai toujours avant son travail, j'en étais persuadée, je le savais, mais ce besoin d'être constamment rassurée. Et puis forcément, guidée par mes sentiments j'ai été bien maladroite. Comme un soir dans une taverne en Lyonnais-Dauphiné, je me suis retrouvée entre plusieurs grands du royaume. Grand Prévôt, Prévôt Royal, truc de la cours d'appel et j'en passe et moi... Simplement moi, petite noble sans titre pompeux et puis des rigolades que je n'avais pas comprises, concernant ma "petite" noblesse et mon absence de titre "royal", je suis partie vexée et j'ai écris un mot à Althiof en signant... Je m'en souviens comme si c'était hier "Kory simple épouse"... Quand vos mots dépassent l'entendement et que vous souffrez, vous écrivez ce genre de stupidité... Je vous laisse imaginer la réaction de mon pauvre Al... Je vous laisse imaginer la peine que je lui ai causé, une fois de plus... Je crois que ce jour là... J'ai bien failli le perdre pour toujours.

Alors là ce fut le pompon. Son beau-frère avait offert en pâture son épouse aux nobles du Royaume ? Elle se retrouvée entre eux et peut-être régulièrement. Rick savait que dans la noblesse il n’existait pas beaucoup de distractions mais de là, à penser à cela, il en était à mille lieux.

Ma fille ? Etes-vous heureuse dans votre couple ? Votre mari vous demande-t-il souvent ce genre de choses lorsqu’il rencontre les autres grands du Royaume ?

Rick serrait les poings. Si jamais elle répondait par l’affirmative, ce ne serait plus le curé qui parlerait mais le frère qui était en train de s’imaginer, sa sœur, contrainte, au milieu de nobles gras et dégoulinant de sueur, à leur donner du plaisir. Il écoutait que d’une oreille sa dernière confession sur l’achat d’un cheval.

La marionnette d'Althiof... Voilà ce à quoi j'ai été réduit, durant deux mois, tant de gens ont cru qu'Althiof était maître de mes décisions, maitre de mes pensées et maitre de mes gestes... Enfin, c'est du passé, mais les gens ne voient que ce qu'ils veulent voir, généralement pas plus loin que le bout de leur nez, cela se saurait si Althiof et moi n'étions qu'une seule personne... C'est parfois difficile d'être son épouse et je le lui avais dit, du moins durant mon mandat. Mais depuis que la politique est loin derrière moi, ce n'est que plaisir et joie. J'ai grandi avec le temps, j'ai compris des choses, des choses dont j'étais trop jeune pour les comprendre et je me laissais bien trop facilement à la colère.

Le prêtre ne pouvait en entendre plus et lorsqu’elle parla de la fin de son engagement politique, il sauta dessus pour essayer de détourner la situation.

Ma fille, vous connaissez mes opinions envers la politique. Elle est la cause de bien des maux sur notre Terre car elle multiplie aisément la colère, l’envie, la gourmandise grâce aux petits repas ducaux. Combien sont les politiciens à avoir plus d’ambition qu’ils ne peuvent en assumer avec les conséquences que cela implique ? Combien sont-ils à se mettre en colère parce que leur candidat a été déchu ou simplement évincés du poste qu’il briguait ? Certains ont tellement d’ambition que cela fait peur à voir.

C’était peut-être là l’occasion pour le jeune homme d’en savoir plus sur la confession de sa sœur.

Ma fille, êtes-vous souvent soumis à ce pêché de colère ? Et n’oubliez pas ceci à propos de la luxure, le Très-Haut n’aime pas que les relations intimes soient en dehors du mariage. Nous devons nous aimer à travers Lui et pour Lui, mais nous ne devons pas nous aimer à plusieurs. Vous ne pouvez aimer et surtout avoir des relations physiques qu’avec un seul homme. Donc si actuellement ce n’est pas le cas, je vous invite à faire cesser cela au plus vite. Vous imaginez-vous, passer votre éternité au milieu de ce brouillard blanchâtre et gluant ? Et que penserez vos enfants s’ils étaient au courant de cela ?

Rick espérait qu’il n’avait pas été trop loin mais il ne voulait pas laisser sa sœur, envisager une éternité dans cet endroit horrible. Jamais il n’aurait pu s’imaginer cela de sa part...

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Korydwen

Elle était sur les fesses... Oui, parce qu'elle était assise sur le petit siège du confessionnal, et le gros souci c'est que le curé n'avait strictement rien compris à ce qu'elle venait de lui dire. Donc... Soit il avait abusé de son vin de messe et voyait des orgies romaines partout, soit il avait du mal avec son voeux de chasteté et les histoires qu'elle avait pu lui raconter dans une première partie de sa confession. Elle souffla donc calmement avant de reprendre ses explications. Elle se serait cependant bien levé pour le gifler, elle n'en revenait pas !

Mon père... Vous êtes aveuglé par je ne sais quoi et n'avez rien compris du tout. Je vais donc devoir reprendre toute ma confession. Mais d'abord, si vous pouviez arrêter d'insinuer des choses complètement fausses... Tout représentant d'Aristote et du Très Haut que vous soyez. Je n'ai jamais eu de relation extra conjugal, je n'ai jamais trompé mon époux, je n'ai jamais tenté d'expérience à plusieurs et jamais mon époux ne m'a forcé à faire quoi que cela soit. C'est bien clair ?

Elle espérait que le religieux comprendrait enfin, parce que c'était plutôt une désagréable sensation qui l'habitait, encore pire imaginer ce genre de scène et de moment... Et les insinuations étaient blessantes, très blessante. Généralement après se confesser on se sentait mieux.

Je reprends donc, point par point pour que vous puissiez bien comprendre.

Elle marqua une longue pause pour laisser le temps au curé de bien se remettre les idées en place.

Je ne parlais que de la colère... Colère qui a fait souffrir mon époux et ma vassale Beths, pour ne citer qu'eux. Et des méchancetés que j'ai peu dire. Quand je disais à mon époux qu'il aurait mieux fait d'épouser la prévôté... Vous avez compris ?

Concernant Asmodée aux joutes... Vous n'avez pas bien écouté... Il est difficile de résister à son époux dans certains cas et alors que j'avais envie de passer du temps avec lui... Sauf qu'il s'amusait, en tout bien tout honneur, je le précise puisque vous avez quelques problèmes, avec son amie et vassale Beths. Forcément, cela m'a mis dans une colère noire et la pauvre Beths a dégusté avec les paroles que j'ai pu lui lancer. Vous comprenez toujours ? Et donc ce genre de situation se reproduisait souvent aux joutes, puisque Beths est notre écuyère. Et comme à chaque fois je pensais pouvoir profiter de mon époux et discuter de choses et d'autres... Ca va mieux maintenant vous comprenez ?

Elle ne le savait pas aussi dur de la feuille, la vieillesse ? Elle ne savait pas, elle avait réellement l'impression de se répéter et si il ne comprenait pas, elle n'aurait plus qu'à quitter le confessionnal... Parce que là, elle avait du mal à savoir si c'était le curé ou le frère qui parlait. Elle s'assurait donc presque à chaque fin d'idée du fait que le curé comprenne bien et ne reparte pas dans des délires d'orgies romaines et nous en passons des meilleurs.

Donc... La jalousie et la méchanceté entrainées par la colère... Vous voyez le topo ? Et pour en revenir à la petite aventure en Lyonnais-Dauphiné quand je me suis retrouvée... D'ailleurs je ne vois pas comment vous avez pu tirer des conclusions sur ce que mon époux pouvait me demander de faire... Puisque j'ai été suffisamment claire, je vais donc devoir reprendre.

En Lyonnais-Dauphiné, je me suis retrouvée un soir en taverne parmi tous les hauts titrés et moi je n'ai rien, je ne suis absolument rien au niveau royal et puis ils ont rigolé et moi je n'ai pas compris qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Donc j'ai quitté la taverne en claquant la porte et j'ai laissé un petit mot à mon époux en signant "Simple épouse" et cette signature lui a crevé le coeur. Compris ? Vous voyez que mes mots ont dépassé ma pensée... Et donc j'ai cru que ce jour-là j'allais le perdre pour de bon !!

Et puis il lui avait posé des questions aussi.

Vous croyez qu'une personne malheureuse dans son couple serait restée aussi longtemps mariée que moi ? Ne croyez vous pas que si cela n'allait vraiment pas je me serai tournée vers l'Eglise pour faire annuler mon mariage ? Je suis heureuse depuis le 14 juillet 1454 et encore plus après mon mariage le 28 octobre 1454...

Elle termina la dessus, n'osant pas continuer sur la politique.

Je n'ose aller plus loin dans ma confession. Est-ce bien au curé que je m'adresse ? Est-ce là les réactions que vous auriez eu si cela n'avait pas été moi ?

Elle croisa les bras et attendit une réponse... Si ce n'était pas le curé, elle irait se confesser ailleurs...

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Rick

Mon père... Vous êtes aveuglé par je ne sais quoi et n'avez rien compris du tout. Je vais donc devoir reprendre toute ma confession. Mais d'abord, si vous pouviez arrêter d'insinuer des choses complètement fausses... Tout représentant d'Aristote et du Très Haut que vous soyez. Je n'ai jamais eu de relation extra conjugal, je n'ai jamais trompé mon époux, je n'ai jamais tenté d'expérience à plusieurs et jamais mon époux ne m'a forcé à faire quoi que cela soit. C'est bien clair ?

Rick fronça les sourcils. Il connaissait bien la personne qui se trouvait de l’autre côté de la paroi. Et là, il avait une nouvelle fois mouche. Vas-y Rick prend ton arbalète et tire en plein milieu de la cible. Oui oui tu sais la cible que tu as posé sur le coeur de ta sœur. Allez c’est bon ? Tu peux viser et Bingo tu as encore réussi ! C’est encore un point pour toi mon gars....

Je ne parlais que de la colère... Colère qui a fait souffrir mon époux et ma vassale Beths, pour ne citer qu'eux. Et des méchancetés que j'ai peu dire. Quand je disais à mon époux qu'il aurait mieux fait d'épouser la prévôté... Vous avez compris ?

Concernant Asmodée aux joutes... Vous n'avez pas bien écouté... Il est difficile de résister à son époux dans certains cas et alors que j'avais envie de passer du temps avec lui... Sauf qu'il s'amusait, en tout bien tout honneur, je le précise puisque vous avez quelques problèmes, avec son amie et vassale Beths. Forcément, cela m'a mis dans une colère noire et la pauvre Beths a dégusté avec les paroles que j'ai pu lui lancer. Vous comprenez toujours ? Et donc ce genre de situation se reproduisait souvent aux joutes, puisque Beths est notre écuyère. Et comme à chaque fois je pensais pouvoir profiter de mon époux et discuter de choses et d'autres... Ca va mieux maintenant vous comprenez ? Donc... La jalousie et la méchanceté entrainées par la colère... Vous voyez le topo ? Et pour en revenir à la petite aventure en Lyonnais-Dauphiné quand je me suis retrouvée... D'ailleurs je ne vois pas comment vous avez pu tirer des conclusions sur ce que mon époux pouvait me demander de faire... Puisque j'ai été suffisamment claire, je vais donc devoir reprendre.

En Lyonnais-Dauphiné, je me suis retrouvée un soir en taverne parmi tous les hauts titrés et moi je n'ai rien, je ne suis absolument rien au niveau royal et puis ils ont rigolé et moi je n'ai pas compris qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Donc j'ai quitté la taverne en claquant la porte et j'ai laissé un petit mot à mon époux en signant "Simple épouse" et cette signature lui a crevé le coeur. Compris ? Vous voyez que mes mots ont dépassé ma pensée... Et donc j'ai cru que ce jour-là j'allais le perdre pour de bon !!
Vous croyez qu'une personne malheureuse dans son couple serait restée aussi longtemps mariée que moi ? Ne croyez vous pas que si cela n'allait vraiment pas je me serai tournée vers l'Eglise pour faire annuler mon mariage ? Je suis heureuse depuis le 14 juillet 1454 et encore plus après mon mariage le 28 octobre 1454...

Rick écouta sans mot dire. Il laissa sa sœur s’exprimer puis lorsqu’il lui sembla qu’elle en avait fini, il prit la parole.

Ma fille, je vous ai écouté et je vous ai entendu. Mais avouez tout de même que vos propos pouvaient porter à confusion. Il est vrai que j’ai peut-être extrapolé plus que de raison et que je n’aurais peut-être pas dû pousser aussi loin. Cependant, je vais essayer d’être plus prudent dans ce que je pense comprendre.

Le jeune homme marqua un temps d’arrêt. Puis il reprit

La colère est un sentiment que l’on peut qualifier de normal malgré tout. Je vais peut-être me tromper mais tant pis je prends le risque. Vous aviez peut-être à ce moment, envisagé de faire un voyage pour vous rapprocher de votre mari. Peut-être, vu les lourdes charges qu’il a, vous pensiez que loin de notre duché, il aurait moins de travail et donc plus de temps à vous accorder. Malheureusement les faits ont fait que cela ne s’est peut-être pas totalement passé comme vous le souhaitiez. Et normalement, la colère a commencé petit à petit à faire son entrée. Et peut-être même un brin de jalousie. Cependant, ma fille, vous avez réussi à passer au-dessus de ça et à ne pas vivre que dans la colère. Alors certes, à ce moment-là, vous avez subi un accès de la colère mais vous avez combattu l’attrait de la Bête Sans Nom. Certes à ce moment-là, vous avez eu des mots durs avec votre amie et vassale et même avec votre époux. Mais ces mots les avez-vous vraiment pensé ?

Rick marqua un temps d’arrêt

Moi je pense qu’avec le recul que vous avez aujourd’hui, vous savez que vous avez mal agi et vous le regrettez actuellement. Mais je pense aussi qu’à ce moment précis, avec les faits similaires, vous ne pouviez pas agir autrement, non ? La déception que vous avez connu à cet instant vous a conduit à flirter avec la Bête Sans Nom. Mais, ma fille, vous comme moi, nous ne pouvons être vertueux du lever du soleil au coucher du soleil. Cela signifierait alors que nous sommes des êtres purs avec des pensées pures. Or, vous comme moi, nous savons très bien que cela n’est possible que pour le Très-Haut. Nous devons nous évertuer à être le meilleur être possible sur cette Terre, durant toute la période de notre vie terrestre. Nous serons soumis souvent aux attirances de la Bête Sans Nom mais tant que nous comprendrons que c’est à un moment x, alors nous serons capables de raisonner et de nous améliorer.

Rick essaya de se rappeler de la dernière intervention de sa sœur et paroissienne du moment.

Il est vrai que votre mariage semble le plus solide et dans un couple il y a toujours des hauts et des bas mais l’amour est souvent le plus fort, surtout s’il est posé sur des bonnes bases. Et si un mariage peut durer aussi longtemps que le vôtre c’est qu’il est vrai.

Le jeune homme se remémora une anecdote avec son épouse. Il avait eu des mots peut-être encore plus durs que d’habitude, il ne s’était peut-être pas assez bien occupé d’elle et forcément, elle avait fait en sorte de lui faire comprendre. Et une fois encore, comme c’était souvent, Kory était intervenue pour les aider. L’ange Kory comme il aimait à le dire, à ce moment-là.

Tout le monde pense que certains couples sont parfaits ou en tout cas, sont idéaux parce que mieux que les leurs. Mais si on casse la coquille, on s’aperçoit parfois de certains trésors cachés derrière. Et tout n’est pas forcément bien derrière le décor. Alors je me pose des questions et peut-être d’ailleurs que je m’en pose trop.
Sa sœur reprit la parole

Je n'ose aller plus loin dans ma confession. Est-ce bien au curé que je m'adresse ? Est-ce là les réactions que vous auriez eu si cela n'avait pas été moi ?

Rick marqua un temps d’arrêt. Se pourrait-il qu’il soit partial ?

Ma fille, malgré les liens de sang qui nous unissent, j’ose espérer et que Dieu m’en soit témoin que c’est ce que je veux au plus profond de moi, que je suis impartial. Certes, il n’est pas toujours facile de confesser des personnes que l’on connaît bien mais d’un autre côté cela illumine certains faits que je connais ou que j’ai pu connaître à une certaine époque.

Le jeune homme se rappela cette histoire dans le duché voisin alors que Kory était partie à la recherche de ses origines. A ce moment-là, elle avait voulu partager ces découvertes avec son mari, son confident et le fait est qu’elle n’avait pas réussi.

Si je vous ai paru trop investi, je m’en excuse et j’essaierais de garder mieux ma place. Ici, la cloison en bois et ma tenue montrent que vous parlez au prêtre et non au frère. Mais malheureusement l’un ne va pas sans l’autre. Il est difficile d’être tout l’un ou tout l’autre. Je me dois d’essayer de trouver le juste milieu entre mon rôle de prêtre et les choses que je sais ou que je crois connaître de par mon lien de parenté. Cependant, si vous souhaitez continuer votre confession avec un autre religieux, je peux essayer de trouver Sœur Sakura qui utilise le confessionnal parfois.

Rick sourit tristement en se disant qu’heureusement la cloison empêchait sa sœur de le voir. Il ne voulait pas se dire qu’il avait peut-être failli à sa mission religieuse.

Mais avant que vous ne preniez votre décision, laissez moi vous dire une chose. Vous avez pu peut-être à ce moment-là, lorsque vous étiez entourée de tous ses grands du royaume, vous sentir peut-être petite et sans rien. Mais de mon point de vue, il vaut mieux être avec presque rien et avoir de la liberté. A quoi bon posséder de grands titres et de grandes terres et être un grand seigneur ? Certes il y a quelques avantages, je n’en disconviens pas mais tellement d’inconvénients. Le Très-Haut ne vous jugera pas sur les terres que vous avez ou vous aviez mais par vos actions. Alors à quoi cela sert-il d’être ambitieux et en vouloir toujours plus ? Est-ce une fois la mort survenue, ces mêmes gens qui font des messes basses et des complots pour obtenir des choses qui ne leur reviennent pas de droit, fera pareil devant le Très-Haut ? Voudront-ils devenir Très-Haut à la place du Très-Haut ?

Rick secoua la tête et poussa un soupir

Ils veulent tous essayer de se mettre l’Eglise dans la poche ou ne pas se la mettre à dos mais au final, ils ne veulent pas se soumettre à certains aspects ou avec de grandes difficultés.

Le jeune religieux repensa à ce Prince venu en compagnie de la Princesse Armoria, il y a de cela de nombreuses années. Il avait tout fait pour détruire la bonne ambiance qui régnait dans les jeux en donnant la réponse tout juste une fois posté l’énigme. Cela avait vraiment déçu le jeune homme de l’époque.

Ma fille, de part votre engagement et votre sens moral, vous valez bien plus que certains nobles qui ont des titres plus hauts que vous. Cela ne l’oubliez jamais.

Rick attendit maintenant que Kory prenne sa décision entre continuer à parler ou se lever pour chercher une autre personne à qui se confier. Puis il se rappela une phrase qu’elle avait dit

Ma fille, ce n’est pas un pêché de luxure que d’aimer retrouver son époux et partager avec lui les plaisirs de la vie. C’est plus un excès de gourmandise. Et entre nous, il faut bien dépenser tout ce que vous consommez avec les plaisirs de la table, non ?

Le prêtre sourit malicieusement même si la pénitente ne verrait rien.

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Korydwen

La tension était à son comble, ou tout du moins la bouilloire Korydwen avait du mal à rester calme, cela sifflotait de toute part et elle avait bien du mal à canaliser ses sentiments et toute cette pression, voilà qui était originale et ce qui faisait son charme ou pas. Les sudistes sont réputés pour avoir le sang chaud et Korydwen n'échappe pas à la règle, bien qu'elle n'ait pas grandi sur la terre de ses ancêtres paternels...

Mes propos étaient si... Si confus ?

Son front se plissa à mesure qu'elle essayait de comprendre, mais il n'y avait rien à comprendre... Korydwen partait dans tous les sens quand il s'agissait d'exprimer ses sentiments, noyant ainsi le poisson dans l'eau, tentant de perturbé sont vis à vis et surtout l'embrouiller, histoire qu'à la fin elle obtienne un hochement simple de la tête.

Pousser plus loin... C'est, pardonnez-moi mon père, ce n'est pas plus loin, c'est beaucoup plus loin...

Croisant les bras et sa calant sur le petit siège de bois bien peu confortable pour un baronnal fessier, oui à cette époque le fessier n'était pas encore comtal. Quoi qu'il en soit elle écouta le cureton, avant de lui répondre, choissisant le mieux possible ses mots.

En fait... Je n'ai pas exactement choisi de faire ce voyage. Disons que Bettym devait déménager et qu'elle avait besoin d'une escorte. Là où vous n'avez pas tort par contre, c'est ma jalousie. Voyez à cette époque, j'avais organisé des vendanges... Enfin, j'avais décrété que les vendanges de mes terres pouvaient débuter, organisant une fête et conviant le duché... Sauf que ce voyage m'a fait prendre du retard et m'a empêché de participer aux vendanges de mes terres... Montrant ainsi à mon peuple que j'étais là... Je crois que je lui en ai beaucoup voulu et c'est sans doute cette colère qui m'a un peu guidé. Bon aussi... C'est que j'ai appris par hasard que mon époux était entré dans un ordre avec feu mon suzerain et ma vassale sauf que... Bein, il n'avait pas tenu sa promesse... Il m'avait promis que nous devions entrer tous deux dans un ordre... Et... Je lui ai dit...

Elle leva les yeux au ciel, cherchant dans sa mémoire ce qu'elle lui avait réellement dit... Sentant un peu les larmes lui picoter les yeux.

Qu'il ne fallait plus qu'il ne me fasse de promesse si il ne les tenait pas... Et... Que je n'étais rien pour lui... Juste une "simple" épouse... Et ces mots... Je les ai pensé très fort... Avant de finalement les regretter... Est-ce normal mon père ? Je me suis sentie trahie par mon époux, alors que je lui accordais une confiance aveugle...

Elle poussa un très long soupire en se remémorant toute cette histoire, mais le curé n'avait pas la version entière... Il fallait lui expliquer convenablement et lui donner la totalité des éléments afin qu'il puisse juger de la façon la plus juste.

Sauf... Que... C'est à cette époque que mon médecin avait décelé une grave maladie qui me rongeait, il m'avait demandé de me rendre toutes les semaines au couvent pour me faire soigner, m'autorisant à rejoindre les miens que le samedi et le dimanche... Je ne pouvais de ce fait m'investir dans un ordre ou quoi que cela soit d'autre... Sauf que j'ai été égoïste, à mauvais titre... Je n'avais ni le droit, ni le pouvoir d'imposer à mon époux mon nouveau rythme de vie, je ne pouvais l'empêcher de vivre du lundi au vendredi, l'empêcher de trouver une activité... Parce que si moi je souffrais de l'éloignement, lui aussi et... Vous savez comme moi que mon époux a besoin d'être occupé pour ne pas sombrer... Il m'a même avouer qu'il testait l'ordre afin que je n'y entre pas inutilement... Voyez comme il est attentionné ? Et moi... J'avais juste trouvé une fois de plus que des reproches à lui faire...

Elle passa son bras sous ses yeux, sur ses joues, les larmes coulaient et sa voix se voulait tremblante, l'émotion qui ressortait, voilà des années qu'elle gardait cela enfouit. Korydwen était loin d'être l'épouse parfaite du moins à cette époque et même si au jour d'aujourd'hui, elle ne l'était pas complètement, elle avait fait énormément d'effort pour le devenir. Arrêter de faire souffrir son époux pour des bêtises.

Odieuse ? N'est-ce pas ? Inhumaine, jalouse...

Posant les coudes sur ses genoux, la tête au creux de ses mains.

Notre mariage a su résister à tant de choses... Et j'ai sans doute l'époux le plus patient au monde. Combien aurait fuit devant mon caractère ? Ce que je sais, c'est que de ces évènements, de ces colères, de ces excès j'ai appris une chose... Qu'il vaut mieux en parler plutôt que de laisser s'installer un mal-être.

Mais... Vous savez, pour l'investissement de mon époux... Personne ne le sait. Mais j'ai "tout" pouvoir dessus. Avant de devenir Grand Prévôt de France, il m'a bien confié... Une chose... Il m'a dit, que si je trouvais qu'il travaillait trop, je n'avais qu'un mot à dire pour qu'il démissionne. Et ce mot... Je ne lui ai jamais dit. Parce que cela serait bien égoïste de ma part. Vous comme moi savez que sans la prévôté mon époux s'ennuie. Alors même si je suis son coeur... Il a besoin de ses poumons, il a besoin de respirer et c'est ce que la prévôté lui permet de faire... Un couple c'est ne pas toujours faire les mêmes choses, c'est avoir chacun "sa" vie, ses petites affaires et le soir, c'est se retrouver... Seulement... Quand on est impulsif et jaloux, ce sont des choses que l'on ne voit pas de prime abord... Des choses que je ne voyais pas. Je me suis mariée jeune... Gueuse... J'avais tout à apprendre de la vie.

Et puis forcément, il avait réagi à son excès de colère... Korydwen ou bien la colère avec un grand "K"... Du moins si le mot s'écrivait avec un "K".

Non... Pardonnez-moi mon père... Vous avez simplement touché ou cela fait mal... Voyez... Comme je puis m'emporter ? Ne dit-on pas que la passion est dévastatrice ?...

Elle prit le temps de répondre à sa question, léger sourire en coin.

Vous avez raison... Mais avouer que d'être juger juste parce que vous n'êtes "rien" n'est pas agréable... Et sans doute n'ai-je pas apprécier d'autant plus que mon époux ne m'a pas soutenu... Sans doute...

Réfléchir, oui, il le fallait, ce n'était pas en se comportant de cette façon dans une des maisons du Très-Haut, qu'elle allait régler ce pourquoi elle était venue, têtue comme un baudet du Poitou Korydwen, sans doute qu'elle ne changerait pas, même si elle essayait de faire des efforts.

Gourmandise... Sans doute... Dans ce cas... Pourquoi parle-t-on de plaisir charnel et uniquement de plaisir charnel dans le cas de la luxure ? Dois-je vous faire un dessin ? Je veux dire... La Sainte Eglise ne demande-t-elle pas que l'acte soit accompagné de naissance ? Parce que dans ce cas... La prise de plante et autres drogues permettant d'évacuer ce "problème" ne saurait être toléré...

Elle déglutit légèrement avant de continuer.

Causer la mort de deux enfants en "fabrication" est-il pécher ? Oui... Parce que les deux fausse-couches que j'ai subi... Etaient... Volontaires...

Baissant la tête, légèrement honteuse devant le curé. Elle aurait presque danser en se sachant plus enceinte, du moins, si elle n'avait pas été fatigué.

Je n'ai pas été triste, à aucun moment. Alors que bon nombre de femmes pleurent leurs enfants disparus. Je m'en suis presque réjouie... Voyez ? Alors... Que mon histoire vous la connaissez aussi bien que moi, voir mieux que moi. Vous savez ce que mon père a fait... Vous savez...

Korydwen s'était ainsi comportée de la même manière que son père, cela peinerait son frère, cela le mettrait en colère.

Alejandro, deuxième du nom, de La Serna a tué son propre fils à la naissance faisant croire à son époux que leur enfant était mort quelques minutes après l'accouchement, il a poussé sa propre fille à l'exile... Deux enfants. J'ai "tué" deux enfants qui grandissaient en mon sein... Je ne suis pas si différente de ce qui m'a répugné... Que pense Aristote de cela ?

Un léger bruit se fit entendre, c'était la tête de Korydwen qui venait de taper contre le bois du confessionnal. N'en revenant pas de ce qu'elle venait de dire, elle l'avait caché au fond d'elle, seul son époux était au courant du pourquoi de ces fausses couches, tous les autres... Avaient en tête la théorie de l'accident, mais quand on ne veut plus d'enfants... On n'en veut plus du tout...

Sinon... Vous avez parlé de nobles véreux, enfin sous entendu... Je dois là aussi me confesser à ce propos. Voyez-vous, je me suis présentée un jour en tant que tête de liste aux ducales. J'avais en face de moi Fabien et Alban de Volcan... Alban que nous jugions très dangereux pour le duché. J'ai donc... Avant même que les votes soient lancés, rencontrer Fabien à l'abri des regards... Mon parti était au courant, le sien aussi, puisqu'au final ils avaient eu la même idée que nous. Nous avons donc convenu, que le vainqueur, entre nos deux listes auraient les voix de l'autre... C'était fait avant les votes... Cela ne se jouait plus au premier parti en tête... Mais simplement entre nos deux listes. Je ne regrette cependant pas mon choix. J'ai fait ce que je pensais bon pour mon duché. Simplement, nous avons berné le peuple... Enfin, une partie du peuple. Mais après tout, chaque parti avait obtenu quatre sièges... J'avais choisi la façon de décevoir le moins de monde et surtout de garder mon duché... Si vous l'aviez entendu durant les négociations...

Korydwen s'en souvenait comme si c'était hier.

Je crois qu'il avait un problème... Il semblait posséder, il parlait de sa première vie... C'est bien triste, il était si jeune... Enfin, je suis loin d'être une sainte de ce côté là...

Korydwen se triturait les mains... Elle avait agi un peu comme feu son père, mais bon, elle n'en avait rien tiré pour sa réussite personnelle, elle n'avait pas fini duchesse. Mais après tout était-ce un mal ? Ce n'était qu'un but parmi tant d'autres, il ne fallait pas voir par là une finalité à quoi que cela soit.

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Rick

Rick écouta la suite de la confession de sa sœur, qui pour l’heure ne devait plus être simplement Kory, sa sœur et sa confidente mais plutôt une paroissienne comme une autre qui avait besoin de conseils et de se confesser. Pas totalement à un inconnu qui aurait un regard extérieur mais quelqu’un qui connaissait son histoire mais qui ne devait pas la juger. Aussi se concentra-t-il sur ses propos et sur l’histoire du voyage qui avait été si difficile à vivre pour elle. Il se souvenait qu’elle en était revenue avec une nouvelle qu’elle avait jugé importante mais qu’elle n’avait pu partagé avec son époux sur le moment.

Montrant ainsi à mon peuple que j'étais là... Je crois que je lui en ai beaucoup voulu et c'est sans doute cette colère qui m'a un peu guidé. Bon aussi... C'est que j'ai appris par hasard que mon époux était entré dans un ordre avec feu mon suzerain et ma vassale sauf que... Bein, il n'avait pas tenu sa promesse... Il m'avait promis que nous devions entrer tous deux dans un ordre... Et... Je lui ai dit...

Qu'il ne fallait plus qu'il ne me fasse de promesse si il ne les tenait pas... Et... Que je n'étais rien pour lui... Juste une "simple" épouse... Et ces mots... Je les ai pensé très fort... Avant de finalement les regretter... Est-ce normal mon père ? Je me suis sentie trahie par mon époux, alors que je lui accordais une confiance aveugle...

Rick se mit à réfléchir un instant avant de prendre la parole

La colère est un sentiment qui est fort compréhensible ma fille. Mais souvent elle disparaît pour laisser place aux regrets ou aux remords. Il est facile de comprendre que vous ayez pu vous sentir trahie par celui que vous aimez mais n’avait-il pas des circonstances atténuantes ? Etait-il vraiment en tort ? Sur le moment, on pense toujours à soi et on oublie de regarder d’un oeil extérieur. Mais ce n’est pas que vous ma fille, c’est tout le monde qui est ainsi.

Kory continua son récit et s’aperçut elle-même de ce qu’elle avait fait, en prenant justement le regard extérieur dont il avait fait mention juste auparavant.

Sauf... Que... C'est à cette époque que mon médecin avait décelé une grave maladie qui me rongeait, il m'avait demandé de me rendre toutes les semaines au couvent pour me faire soigner, m'autorisant à rejoindre les miens que le samedi et le dimanche... Je ne pouvais de ce fait m'investir dans un ordre ou quoi que cela soit d'autre... Sauf que j'ai été égoïste, à mauvais titre... Je n'avais ni le droit, ni le pouvoir d'imposer à mon époux mon nouveau rythme de vie, je ne pouvais l'empêcher de vivre du lundi au vendredi, l'empêcher de trouver une activité... Parce que si moi je souffrais de l'éloignement, lui aussi et... Vous savez comme moi que mon époux a besoin d'être occupé pour ne pas sombrer... Il m'a même avouer qu'il testait l'ordre afin que je n'y entre pas inutilement... Voyez comme il est attentionné ? Et moi... J'avais juste trouvé une fois de plus que des reproches à lui faire...

Il pouvait sentir la voix de sa sœur se faire plus tremblante et plus émue. L’émotion avait réussi à gagner l’autre côté du confessionnal et le jeune homme se battait désormais contre son envie de serrer sa sœur dans ses bras et de la consoler. Mais il ne le devait pas sous peine de ne plus être le prêtre qui écoute la confession mais plutôt le frère qui entre dans le jardin intime de sa sœur avec toutes ses conséquences.

Odieuse ? N'est-ce pas ? Inhumaine, jalouse

Ma fille, votre mari vous aime et vous comme lui savaient que malgré les tensions qui peuvent naître dans un couple, vous vous aimez vraiment. Vous ne faites pas comme ses couples qui ne résistent pas à une saison mais qui aurait voulu être mariés avant même de se connaître. Combien de femmes ou d’hommes connaissons-nous dans nos relations, dans notre duché ou dans nos villages qui ont connu pas un ou deux amours mais des dizaines, qui changent de conjoint comme on change de paire de braies et qui pourtant croient que c’est l’amour de leur vie ? Combien de fois en tant que prêtre, je dois m’opposer à un mariage trop rapide si je ne veux pas encombrer les tribunaux ecclésiastiques qui doivent se prononcer sur un mariage trop rapidement consommé mais sans que les époux se connaissent ? Certains confondent désirs et amour, amitié très forte et mariage et espèrent que leur union sera la dernière. Mais vous comme moi, ma fille, nous avons compris qu’on devait apprendre à se connaître plutôt que se marier à la sauvette, à la grande surprise générale.

Rick fit un silence en pensant à deux ou trois personnes de son entourage qui étaient dans ce cas puis il reprit

Alors certes, en amour comme en amitié, il peut y avoir une pointe de jalousie et parfois on peut se sentir délaissé et avoir peur de ne plus être aimé. Mais quand l’amour est ancré en vous comme il l’est dans votre couple, alors le risque est minime. Je ne dirais pas que le risque zéro n’existe pas même dans un couple aux fondations si profondes mais elles seront moins importantes que dans un mariage à la sauvette.

Nouveau silence de la part du prêtre avant de reprendre

Ma fille, l’essentiel dans une confession, c’est de la faire avec une vraie volonté et surtout de faire une véritable introspection. Les pêchés lorsqu’ils sont vraiment confessés sont à moitié pardonnés. Je pense que votre mari a déjà dû vous pardonner à ce sujet. Se souvient-il d’ailleurs même de cette anecdote. Et puis, si je me souviens bien, à cette époque, vous aviez rencontré une personne qui vous avez raconté des choses que vous souhaitiez partager avec lui. Vous n’avez pas trouvé l’écoute attentive à ce moment et cela a dû aussi jouer dans cet excès de colère. En est-elle moins importante pour autant ? Certes non mais elle est compréhensible.

Ce que je sais, c'est que de ces évènements, de ces colères, de ces excès j'ai appris une chose... Qu'il vaut mieux en parler plutôt que de laisser s'installer un mal-être.

Rick se mit à se replonger dans ses souvenirs et se remit à penser à son épouse et à ce mal-être qu’il avait fait naître à une période. Kory avait alors joué les médiateurs et lui avait rappelé l’intérêt de discuter dans un couple. La confession de sa sœur se continua

Non... Pardonnez-moi mon père... Vous avez simplement touché ou cela fait mal... Voyez... Comme je puis m'emporter ? Ne dit-on pas que la passion est dévastatrice ?.

Il est préférable de toucher là où ça fait mal dans les lieux reclus de la confession plutôt que de laisser le mal se dissiper et faire mal là où on l’attend le moins.

Rick prit un parchemin et nota une première pénitence. Déjà sa sœur changeait de sujet et glissait sur le chemin de la luxure.

Gourmandise... Sans doute... Dans ce cas... Pourquoi parle-t-on de plaisir charnel et uniquement de plaisir charnel dans le cas de la luxure ? Dois-je vous faire un dessin ? Je veux dire... La Sainte Eglise ne demande-t-elle pas que l'acte soit accompagné de naissance ? Parce que dans ce cas... La prise de plante et autres drogues permettant d'évacuer ce "problème" ne saurait être toléré...

Ma fille, je suis obligé de vous contredire. La luxure n’est pas seulement dans le plaisir charnel. Il est vrai que la plupart des personnes les associent l’un l’autre dans un raccourci conventionnel. Mais la luxure c’est aussi beaucoup d’autre choses.

Rick se rappela de ses cours de séminaire où son professeur lui avait demandé de classer différentes situations entre luxure et plaisir. Il en parla donc à sa paroissienne.

Ma fille, la luxure est juste le prolongement du plaisir. Certains éprouvent beaucoup plus que du simple plaisir dans des situations différentes. Imaginez un match de soule où tout dégénère et où les joueurs prendraient du plaisir, ce serait alors de la luxure. Dès lors que le plaisir devient malsain, ce n’est plus du plaisir mais de la luxure. Ou alors prenez exemple à toutes ses scènes de pugilat public.

Silence du prêtre avant de reprendre.

Lors de mon séminaire, mon professeur m’a demandé ce que je pensais de la pendaison d’un homme. Je me souviens ce que je lui ai dis. Je lui ai parlé de ce scélérat qui a plongé ma famille dans le deuil et la tristesse et je lui ai avoué à ce moment-là que j’éprouverais sûrement le pêché de luxure lors de sa pendaison en place publique.... Enfin bref, là n’est pas le sujet.

Rick était plongé dans un silence pensant aussi bien à une éventuelle scène où il assisterait avec plaisir à la mise à mort d’un homme et à ce que son professeur lui avait dit. Mais son attention fut aussitôt prise par des paroles de Kory.

Causer la mort de deux enfants en "fabrication" est-il pécher ? Oui... Parce que les deux fausse-couches que j'ai subi... Etaient... Volontaires...

Le prêtre connaissait les fausses couches de sa sœur mais il n’avait jamais pu s’imaginer qu’elles aient pu être... Volontaires.

Je n'ai pas été triste, à aucun moment. Alors que bon nombre de femmes pleurent leurs enfants disparus. Je m'en suis presque réjouie... Voyez ? Alors... Que mon histoire vous la connaissez aussi bien que moi, voir mieux que moi. Vous savez ce que mon père a fait... Vous savez...

Rick ne savait pas comment réagir à ce moment-là. Savoir que sa sœur n’avait pu ressentir de tristesse devant la mort de ses enfants. Alors que lui était atterré par la perte de Georges et Aliénor. Lui qui en façade semblait être remis de leur disparition et de la mort de Tia, ne pouvait cacher ce démon qui le hantait depuis l’automne. Pour faire plaisir à tout le monde, il faisait semblant d’aller mieux. Et dire que Kory commençait à ressembler à ... Il n’osait pas en parler mais déjà elle l’évoquait

Alejandro, deuxième du nom, de La Serna a tué son propre fils à la naissance faisant croire à son époux que leur enfant était mort quelques minutes après l'accouchement, il a poussé sa propre fille à l'exile... Deux enfants. J'ai "tué" deux enfants qui grandissaient en mon sein... Je ne suis pas si différente de ce qui m'a répugné... Que pense Aristote de cela ?

Rick déglutit difficilement. Alors ainsi elle était vraiment comme lui ? Etait-ce possible ? Etait-il possible que le fait qu’elle ait pu adopter le petit Alexandre soit la raison de son retournement de situation ?

Ma fille... Je....

Non il ne devait pas parler de ce que lui en pensait. Il devait garder son calme...

Aristote préserve moi de cette colère qui pointe en moi !

Rick se mit à prier rapidement laissant un blanc dans la conversation et murmurant rapidement une prière. Nouvelle respiration un brin saccadée, des poings qui se ferment en se disant qu’il ne devait pas penser à cette histoire, leur histoire à tous les deux. Il devait voir sa sœur comme une paroissienne, une simple paroissienne, juste une aristotélicienne en proie à ses démons qu’elle venait livrer. Et pourtant ses démons à elle faisait renaître les siens à lui. Il n’avait qu’une envie c’était de crier sa douleur. Cette douleur qu’elle devait comprendre, elle à qui elle livrait tout. Il avait envie de la gifler pour faire sortir la Bête Sans Nom de son corps et surtout Alejandro d’elle. Mais il ne pouvait oublier qu’elle était dans le confessionnal et qu’elle venait voir son conseiller spirituel et non son frère. C’est donc la voix atone et presque sans émotion qu’il essaya de répondre

Ma fille... Je ne croyais pas qu’un jour on me poserait ce genre de questions. Vous voulez la réponse du religieux ou celle du frère ? Elles sont totalement contradictoires et je me bats en ce moment-même pour ne pas laisser paraître celle qui est sur le bout de mes lèvres. Ma fille, comment dois-je répondre à cette question, moi qui ne peux oublier que mes enfants sont portés disparus ?

Rick avait la voix hachée par l’émotion. Ce fut avec difficulté qu’il se reprit

Ma fille, je vais tout de même vous répondre pour Aristote. Tu ne tueras pas fais partie des commandements de notre religion. Le Très-Haut nous a appris l’amour non pas pour avoir des relations intimes avec une personne du sexe opposé mais pour nous aimer à travers lui et pour la procréation. Il ne peut admettre l’assassinat d’un de ses enfants, même en son sein...

Nouveau silence religieux. Il eut du mal à prononcer la suite et c’est avec un effort surhumain qu’il se consacra pour dire les paroles suivantes

Cependant, je peux comprendre que votre passé vous a incité à faire cela...

Rick secoua la tête...

Non, tout compte fait, je ne peux pas...

Sa voix s’éleva plus forte qu’il ne l’aurait voulu, laissant apparaître sa colère

Pourquoi ? Mais pourquoi Kory as-tu fait cela ? Pourquoi l’as-tu fait revenir dans nos vies ? Pourquoi avoir fait pareil que ce qu’il a fait ? Pourquoi as-tu privé tes enfants de nouveaux frères et sœurs ?

Il mis son visage dans ses mains et laissa paraître son chagrin. Ce n’est qu’en entendant le choc contre la paroi du confessionnal lorsque Kory tapa sa tête contre le bois qui ressaisit Rick et le fit se rappeler où ils se trouvaient.

Ma fille, je note cela et nous parlerons de la pénitence juste après. Par grâce, changeons de sujet.

Sinon... Vous avez parlé de nobles véreux, enfin sous entendu... Je dois là aussi me confesser à ce propos. Voyez-vous, je me suis présentée un jour en tant que tête de liste aux ducales. J'avais en face de moi Fabien et Alban de Volcan... Alban que nous jugions très dangereux pour le duché. J'ai donc... Avant même que les votes soient lancés, rencontrer Fabien à l'abri des regards... Mon parti était au courant, le sien aussi, puisqu'au final ils avaient eu la même idée que nous. Nous avons donc convenu, que le vainqueur, entre nos deux listes auraient les voix de l'autre... C'était fait avant les votes... Cela ne se jouait plus au premier parti en tête... Mais simplement entre nos deux listes. Je ne regrette cependant pas mon choix. J'ai fait ce que je pensais bon pour mon duché. Simplement, nous avons berné le peuple... Enfin, une partie du peuple. Mais après tout, chaque parti avait obtenu quatre sièges... J'avais choisi la façon de décevoir le moins de monde et surtout de garder mon duché... Si vous l'aviez entendu durant les négociations...

Ma fille, je ne peux que déplorer cette attitude. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on ne peut laisser le choix définitif aux électeurs. Pourquoi est-il si difficile de donner sa chance aux uns et aux autres ? Vous n’êtes pas la seule coupable et l’avantage c’est que vous, au moins, vous n’avez pas peur de vous confesser à ce sujet. Certes, cela ne va en rien vous dédouaner de cela. Certes vous n’avez tiré aucun bénéfice de cela, contrairement à celui avec qui vous avez comploté.

Rick ne put à ce moment oublier que l’ancien Duc n’avait jamais pu admettre de faire une confession. Vraisemblablement, même en étant représentant du Très-Haut, il ne pouvait admettre ses fautes et ses erreurs.

Je ne suis pas fan de la politique ducale et je dirais même que moins j’en entends parler et mieux je me porte. Mais pouvez-vous m’expliquer pourquoi il y a toujours cette envie de pouvoir ? Pourquoi les hommes veulent-ils toujours plus en oubliant les commandements du Très-Haut ? Certes, il faut des personnes pour diriger le duché, ça j’en suis conscient mais tout de même, pourquoi trahir le peuple en n’écoutant pas ses choix ? Pourquoi vouloir à tout prix gouverner et avoir du pouvoir ?

Rick savait que ce n’était pas le cas de sa sœur et que cela n’avait sûrement jamais été le cas. Mais cela avait été celui d’Alejandro, leur père et c’est pour ça que le jeune religieux avait du mal avec cette manière de faire. Et Kory était peut-être la mieux placée pour répondre vu qu’elle fréquentait des personnes imbues de pouvoir, voulant plus de terres qu’elles en pouvaient diriger et avoir des dizaines de châteaux et grandes maisons pour les laisser à l’abandon d’une armée de serviteurs aussi zélées que déloyaux, une fois le dos de leurs maîtres tourné. Il ne comprenait pas qu’on puisse laisser ses enfants grandir au milieu des éducateurs et autres maîtres d’armes, sans leur donner l’amour dont ils ont besoin, dans leurs domaines impersonnels. Le jeune homme avait été un de ses enfants, délaissé par son père, avide de pouvoir et ça avait laissé des traces dans sa vie. Il avait beaucoup parlé et avait besoin de laisser sa sœur et paroissienne prendre la parole. Aussi se tut-il, des idées plein la tête, se demandant quelles pénitences il pourrait lui donner en toute fin.

Baronne Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008

Korydwen

Impassible ou presque, sa confession prenait un chemin étrange, enfin, était-ce réellement étonnant ? Dans chaque chose que pouvait entreprendre Korydwen, les humains pouvaient y trouver une part de malice et d'originalité, ce qui faisait sans doute son charme. Et, comme le bon vin, Korydwen réussissait avec le temps à se bonifier, pour le plus grand plaisir de son unique. Elle voyait bien qu'elle poussait le jeune curé dans ses pensées et retranchements pour obtenir réponses, mais surtout réussir à se faire pardonner du Très-Haut, tout le monde traine ses casseroles, Korydwen ne faisait pas exception, nulle confession depuis son baptême... Là était sans doute un de ses plus grands torts. Le curé avait-il subi auparavant si longue confession ? Elle ne saurait dire... Le secret du confessionnal n'aidant pas.

Elle continua et releva une phrase que venait de dire le curé, une phrase on ne peut plus juste et qui résumait fort bien l'attitude des Hommes.

Vous avez raison mon père. Bien trop souvent, l'Homme, avec un grand "H" regarde son petit nombril avant de prendre du recul et de regarder réellement autour de lui. Oubliant ainsi de regarder toutes les cartes qu'il peut avoir en main. Ne dit-on pas, que la colère rend aveugle... Comme beaucoup d'autres choses.

Chacune des tensions et disputes qui ont pu avoir lieu dans notre couple ont réussi à nous rendre plus fort et à nous souder. Nous permettant de finalement voir que l’un sans l’autre nous n’étions rien et que notre force nous l’obtenions uniquement lorsque nous allions dans le même sens et ensemble.
Notre premier coup dur remonte à il y a bien longtemps à Montbrison, bien avant que nous ayons des enfants. Quelques mois après notre mariage. Je m’en souviens comme si c’était hier, avec feue Epson, nous nous lancions dans notre propre projet. Projet de colorer les cheveux et forcément, Althiof fut un modèle de choix, mais lorsque le résultat fut visible… Et surtout de couleur rose… La réaction fut immédiate, cependant je ne sais plus si je ne pouvais rentrer chez moi ou si je n’osais pas. Toujours est-il que j’ai fini chez mes amis feue Blatgirl et feu Arboubou, Séjournant à peine quelques heures, puisqu’Althiof était venu me chercher ensuite, après s’être battu avec ses cheveux…
La seconde… Peu de temps après que nous ayons retrouvé feu Loup, le fils de feue Blatgirl et feu Arboubou… Sa très chère sœur Thémis était alors enceinte de ses jumeaux Sémias et feue Elégie. Une missive arriva chez nous, une missive de la part de feue CeNedra.

Plus son récit avançait et plus elle se disait que définitivement, beaucoup trop de monde était mort… Elle marqua une pause avant de reprendre.

Dans cette missive, feue CeNedra nous faisait part du mauvais état de Thémis et d’un accouchement qui se préparait fort mal vraisemblablement. Et là… Le drame, parce que j’étais complètement perdue dans toute sa famille et j’ai du lui dire… Enfin je suis pratiquement certaine de lui avoir dit que je faisais une mauvaise épouse parce que je ne connaissais pas sa famille. La réaction fut immédiate et regrettable. Sans doute un geste que personne n’aurait imaginé, ou même pensé Althiof capable de pareille chose… J’ai reçu une gifle de la part de mon époux. Voilà résultat bien peu conventionnel, n’est-ce pas ? Après pareille comportement, combien de femme aurait quitté la maison ? Moi je ne l’ai pas fait… Parce que ce n’est pas moi qui était réellement visée. C’était la colère qui l’habitait, colère d’être si loin de sa sœur alors qu’elle vivait pareille trouble. J’ai quitté la pièce. Ma fille, Eléa était dans les escaliers, pieds nues, elle devait avoir à peine deux ans et elle était en larme ce soir là. Je ne pense pas qu’elle s’en souvienne… Il s’en est sans doute autant voulu que moi. Lui blessé par mes paroles, moi blessée par son geste. Il avait lancé un encrier contre le mur de notre pièce à vivre… Peu de personne savent d’où vient cette trace, ils doivent penser à une bêtise de nos enfants… Mais s’en est tout autre… Finalement, je crois qu’après cette gifle, nous avons grandi tous les deux et j’ai fait ce que chaque épouse se doit de faire… Je l’ai accompagné et soutenu, ne dit-on pas uni dans la joie comme dans la tristesse, dans la santé ou la maladie, dans la richesse ou la pauvreté ? Il faut parfois des disputes pour comprendre certaines choses…

Elle marqua une plus longue pause, les paroles du curé étaient pleines de sagesse.

Combien de fois l’ai-je dit à des ami(e)s au risque de passer pour la méchante ? L’attente est sans doute quelque chose qui rend une relation plus forte et plus magique je dirai. Rêver, imaginer, avoir hâte de le revoir, le découvrir. C’est bien la raison pour laquelle nous vivons séparer avant le mariage. Le soir nous sert à réfléchir et à discuter avec nous même. Voir si c’est vraiment lui. Souffler… Ce que beaucoup oublie et puis… C’est bien agréable d’avoir un homme qui vous fait la cour. Certaines choses se perdent bien malheureusement… Les tribunaux sont si encombrés que cela ? Je crois qu’il en faut pour tous les goûts, mais je ne suis pas certaine qu’au final ils soient si heureux… Mais là est leur problème. Vous les conseillez et faites ce que vous devez faire.

Korydwen ferma un instant les yeux, se remémorant chacun de ses souvenirs et tout ce qui en avait découlé, au final, que du bon. Si ce n’est ce qu’elle avait fait aux joutes, juste après la gifle. Un léger sourire naquit sur son visage, combien d’épouse accepterait de perdre pour raccourcir le tournoi et permettre à l’être aimé de partir le plus rapidement possible pour rejoindre une sœur en détresse ?

Je dirai que la différence entre un mariage profond et un mariage à la sauvette réside dans le pardon et l’acceptation que l’autre n’est pas parfait. L’amour rend aveugle et le mariage lui rend la vue… Dans un mariage plus profond, l’on a appris à connaître l’autre et sa valeur et c’est sans doute cette raison qui nous fait dire que nous avons eu tort. Contrairement à l’autre, où l’on rejettera la faute sur l’autre… Sans chercher plus loin que le bout de son nez, parce qu’après tout, l’autre l’on ne le connait pas réellement…

Le curé lui rappela le sens même et la signification d’une confession, pour elle, il s’agissait d’abord d’être en paix avec elle-même et puis secondairement avec le Très-Haut, auprès de son époux, voilà bien longtemps que le pardon avait été accepté.

J’imagine qu’il s’en souvient, mais je doute qu’il veuille réellement s’en souvenir. Vous savez, ce qui appartient au passé appartient au passé et de nos erreurs nous apprenons. J’ai beaucoup appris et j’essaye de faire au mieux pour ne pas recommencer les erreurs. J’avais une nouvelle… Il a toujours voulu connaître mon histoire et au moment où je pouvais lui en livrer quelques bribes, il n’était pas disponible pour l’entendre. Son travail était passé avant. Une des rares fois. Enfin quand je dis passé avant… C’est dans le sens où c’était plus urgent et que nous aurions pu discuter de tout cela un soir… Seulement, vous savez à quel point je puis être sanguine. C’est sans doute l’émotion et l’excitation de lui raconter quelque chose… Vous savez, vous avez envie de quelque chose très fortement et finalement vous ne l’obtenez pas, alors vous êtes bien déçu… Et il fallait que colère se passe…

Le cureton enfin curé semblait noter quelque chose, du moins, le bruit de la plume sur le vélin venait de le trahir, avait-il peur d’oublier quelque chose pour sa longue et grande punition ? Parce que c’est ce qu’elle pensait Korydwen, elle imaginait déjà la longueur de la pénitence, étant donné la longueur de ses péchés. Mais bon, elle était là pour ça après tout et elle n’avait peur de rien, si ce n’est que le ciel ne lui tombe sur la Terre, une vague histoire de gaulois. Bref, là n’était pas le sujet du jour.

L’avantage d’une confession, c’est que l’on apprenait des choses. Elle avait été baptisé du temps où les pastorales n’existaient pas, du temps où les parrains et les marraines n’étaient pas obligatoires, un temps que les moins de… Comme le chantait un célèbre troubadour.

Disons que dans mon cas… Enfin vous verrez bien.

Du plaisir malsain ? Elle fronça les sourcils avant de réfléchir un instant, dans ce cas, elle ce n’était pas un plaisir malsain, du moins c’est ce qu’elle pensait bien sincèrement. Elle l’écouta donc, ne trouvant rien à redire ni quoi que cela soit, sur lequel rebondir. Mais, pour la suite, ce fut le curé qui ne trouva quoi dire puisque ce dernier l’avait laissé continuer sans même l’interrompre et dire quoi que cela soit. Que pouvait-il penser ? Le curé, le frère, elle n’y pensait pas. Elle n’était pas venue le voir lui, elle devait voir le curé. Quelques mots.

Oui ? Continuez je vous prie…

Korydwen ou comment perdre une occasion de se taire… Si elle avait su, elle se serait tu, mais personne ne peut dire de quoi sera fait le futur aussi proche ou lointain soit il… Et là, elle fut sur les fesses pour rester polie.

Sauf votre respect mon père. Pensez-vous sincèrement que je puisse être assez idiote pour venir parler de cela avec mon frère ? Permettez que je vous rappelle où nous sommes. Nous sommes dans la Sainte Cathédrale de Clermont, dans le Saint Confessionnal où vous officiez en tant que curé et non en tant que frère. Donc, de ce que peut penser le frère. Excusez-moi d’avance, mais je m’en tape comme de mes premières braies. Comment répondre ? Je ne suis pas curé… C’est vous le curé et j’imagine qu’un curé se doit d’avoir des pensées en accord avec les Saintes Ecritures et que sa vie personnelle ne doit en aucun cas influencer son jugement…

Elle était bien calme et savait comment retourner la situation, il avait visiblement besoin d’être placé à sa place de curé, dans ce cas, elle ne se priverait pas pour le faire, quitte à être grossière dans la maison du Très-Haut, deux fois en une confession… La prochaine confession, elle irait voir quelqu’un d’autre, elle n’aurait pas besoin de faire face à se mélange et à cette différence que visiblement, son frère avait du mal à faire au niveau de certains aspects. Etre curé était une tâche difficile.

Dans ce cas… Aristote ne fait pas son travail. Et que pensez-vous donc des croisades ? Tuer des gens au nom d’une religion ? Imposer la nôtre aux autres, en écrasant ceux qui se mettent en travers de la route des croisés ? Quel est l’opinion d’Aristote à ce propos ? Et que pense Aristote des soldats et défenseurs de notre duché ? Que pense-t-il lorsque l’un d’eux tue un brigand qui tentait de dérober nos richesses ?

Korydwen était intriguée par la chose, elle voulait savoir, savoir si il existait deux poids, deux mesures au sein de cette religion, qui n’hésitait pas à partir tuer du lion de Juda, au nom de quoi ? Du salut de nos âmes…

Mon passé ? Mon passé ne m’a en aucun cas influencé, au contraire, il aurait du me répugner…

Mais là… Une fois de plus le curé ne sut rester à sa place au grand désespoir de Korydwen, non définitivement, elle finirait cette confession, parce qu’elle terminait tout ce qu’elle entreprenait, mais plus jamais elle n’irait se faire confesser par ce curé… Puisqu’il se mit à hurler et informa de ce fait toute l’assistance de la cathédrale.

Je vous remercie… Grâce à vous ce qui se passe dans ce confessionnal peut-être connu de tous… Moi qui pensais soulager ma conscience, bien au contraire… Ma conscience semble s’alourdir. Il y a toujours du monde dans la cathédrale…

Se triturant les mains, elle réfléchit longuement à la suite à donner à cette confession.

Mon père… Monsieur le curé. Puissiez-vous, vous faire plus discret, je ne vous en serai plus que reconnaissante. Ensuite… Autant vous expliquez puisque… Même si cela semble vous déranger alors que cela ne devrait pas. Dois-je une fois de plus vous rappelez qui vous êtes ? Je ne préfèrerai pas… Donc… Surtout que vous… En tant qu’époux n’avez-vous pas agi de la même manière ? N’avez-vous pas demandé à votre épouse de retarder une éventuelle grossesse ? Après tout, peut-être que sans le savoir vous avez-vous aussi tué quelques uns de vos enfants… Avant de juger et d’accuser les autres, il faut parfois regarder ce que l’on fait ou avons fait par le passé…

Réponse à tout, elle l’avait oui, mais autant mettre les choses au clair et puis penser pour penser, cela faisait bien trop mal à la tête, autant dire directement ce que l’on pouvait penser, même si certains semblent ne pas en avoir dans la culotte…

Concernant ce choix, puisque c’est un choix. Comme je vous l’ai dit précédemment, ma dernière grossesse a été des plus particulières… Mon dernier né est un enfant de la guerre. Ô certes, nous l’avions désiré, cependant il est arrivé quand on ne le pensait pas. Nous ne maîtrisons pas tout et heureusement, ou tout du moins, c’est ce que je pense. Mais… A ce moment-là, mon époux était très pris par sa passion, il avait assez de temps pour moi et nos trois enfants, cependant après l’arrivée de Timothée. Il m’a avoué ne pas pouvoir assumer plus. Nous avons d’un commun accord tenté de repousser au maximum une potentielle grossesse. Ce qui a plutôt bien fonctionné… Bien que l’Eglise ou plutôt vous en tant que personne ne voit pas cela d’un bon œil. Auriez-vous préféré que ces enfants naissent et soient confiés au bon soin d’une nourrice ? Tout cela parce que leurs parents ne peuvent les assumer, mais qu’ils n’ont pas de problème pour les trois premiers. Trouvez-vous cela juste ? Vous m’avez dit que la colère naissait du manque de recul. Ne manquez-vous pas de recul ?

Korydwen savait pertinemment qu’il avait grandi sans l’amour d’un père et qu’il fut priver bien trop tôt de l’amour d’une mère. Elle savait au fond d’elle que ce n’était pas bien, sinon, elle ne serait pas assise dans ce confessionnal, mais c’était la solution qui s’imposait d’elle-même, elle ne pouvait priver son époux et se priver du plaisir charnel et du désir qui les habitait. Après tout, il n’était qu’humain. Elle savait mieux que quiconque qu’elle était la pièce charnière pour que son époux se sente bien, elle savait combien les retrouvailles dans leur lit conjugal lui permettait d’oublier la lourdeur des dossiers, les idioties des gens et tellement plus encore. Mais cela, personne ne savait. Personne… Et pourtant dans ce lit, il s’en était passé des choses, il y en avait eu des discussions, Korydwen savait… Aucune décision ne se prenait sans que les deux ne soient tombés d’accord, parfois les discussions étaient plus longues, les négociations plus dures, mais jamais sans contraindre l’autre.

Je n’ai pas privé mes enfants de frère et sœurs, il n’est pas exclu que nous en ayons d’autres avec mon époux, cependant, et tant qu’à faire, autant les assumer. Nous ne sommes pas de ces nobles qui à peine le chiard pondu le place dans les bras d’une nourrice ou dans un couvent. Certes Eléa a séjourné quelques mois et retourne encore parfois dans un couvent, mais ceci afin de parfaire son éducation religieuse. C’est son choix et nous l’acceptons. Althiof et moi sommes nés nobles, mais nous n’avons pas pour autant oublié d’où nous sommes venus et ce qui nous a permis d’accéder à notre propre noblesse. Nos enfants ne sont pas éduqués comme tous les autres petits nobles teigneux que l’on peut trouver à travers le royaume. Nous pensons qu’en les aimant et en passant du temps avec eux, nous ferons d’eux des gens respectueux avec des valeurs qui comptent plus à nos yeux que des titres.

Korydwen avait de ce fait, une vision bien différente de l’éducation des enfants, mais elle savait aussi que son amie Clothilde avait la même, qu’elle non plus ne souhaitait envoyer ses enfants à l’autre bout du royaume pour les bonnes manières et le protocole. Le protocole… Ils avaient encore tout le temps de l’apprendre, elle ne voulait pas leur voler leur enfance. L’enfance est volée à bien trop d’enfants…

Je ne sais si je vous ai convaincu, mais au moins, je vous aurai expliqué mon choix, notre choix. Nous ne sommes pas parfaits loin de nous. A Aristote de me pardonner ou non. Quand à vous, le curé oubliera bien vite, tandis que le frère ne saurait retenir ce qu’il vient d’entendre et évitera à l’avenir de me condamner. Quand vous comprendrez que c’est vous qui le garder en vie et arrêterez de le faire revenir… Vous aurez fait un grand pas. Il n’y a pas de coïncidence, il n’y a que les humains pour voir des coïncidences et des ressemblances. Ce qu’il était ne concerne que lui. Cessez de vous tourmenter l’esprit, plus vous penserez à lui et plus vous le verrez dans les gestes de votre entourage… Ce n’est qu’un conseil, à vous de voir… Ce que vous en ferez.

Léger sourire avant de se caler de nouveau dans le confessionnal, elle était persuadée… Voir trop persuadée et peut-être trop terre à terre par rapport à ce que certains pouvaient penser, sans doute qu’elle dérangerait… Mais bon, peut-on réellement changer une façon de penser et une opinion ? Ô certes l’Eglise prenait une grande place dans la vie de Korydwen, mais comme l’on disait, trop de coïncidence tue la coïncidence.

Enchainement et pirouette sur la politique, le curé ne comprenait pas et semblait naïf sur les bords, même plus que sur les bords. Se rendait-il compte du poids de la couronne ducale ? Se rendait-il compte qu’il s’agissait de représenter le peuple certes, mais aussi le duché au sein des autres duchés et des réunions entre grands du royaume ? Avec des guignols…

En étant une personne censée, lorsque l’on voit que le peuple met sur le trône un incompétent de service. Est-il selon vous, normal de suivre le peuple et de se comporter tel un mouton ? Ou alors, il faut penser au peuple et au duché et aller contre lui pour porter sur le siège quelqu’un de plus solide ? J’estime qu’il est du devoir des têtes de liste de penser par elle-même et de se passer du peuple parfois. Il est facile de gagner des voix avec des promesses dites populaires mais dont la réalisation se voit impossible ou complètement nocive pour le duché. Vous rendez-vous compte ? Le petit peuple, si vous lui promettez une baisse des impôts vous donnera sa voix, cependant… Est-ce réalisable ? Non… Voyez…

Vous allez un peu vite en besogne. Quand le peuple n’est pas écouté, ce n’est pas forcément parce qu’une personne est avide de pouvoir. Mais quand le peuple choisit massivement un nigaud… Après, chacun son opinion, j’ai le mien, vous avez le votre… Maintenant à vous de voir si vous voulez comprendre aussi… Des gens avides de pouvoir, il y en aura toujours, des arrivistes également. Il faut faire avec et jouer le plus possible contre eux, quitte à les retarder dans leur ascension du pouvoir…

Korydwen resta confortablement installé dans le confessionnal, se demandant si elle aurait le droit à de nouvelles remontrances. Elle ignorait la suite des évènements et ne voyait plus trop quoi raconter. Si ce n'est son problème avec l'alcool... Oui peut-être qu'il faudrait en parler. Elle continua donc, ou plutôt reprit donc la discussion là où elle l'avait laissé.

Dites moi, dans quelle catégorie de péché vous classeriez celui qui est relatif à l'abus d'alcool ? J'entends par là, lorsqu'un paroissien se noie dans l'alcool pour oublier certaines choses. Dans la gourmandise ou plutôt gloutonnerie ou dans la luxure ? Puisque trop boire est malsain quand à son comportement vis à vis des autres... Et je parle par expérience.

Plusieurs fois... Par le passé, j'ai rencontré des problèmes avec la bouteille, disons que j'ai l'alcool facile. Mais ça mon époux était au courant, du moins avant de m'épouser. Etant donné que la première ce fut pour le lever de coude, j'avais gagné avec mon amie feue Epson, mais j'étais pleine comme une grosse barrique... Et la grosse barrique que j'étais à tout recrachée sur les chausses de son fiancé... D'ailleurs cette histoire mon cher Al me la ressort bien souvent, sur le ton de la plaisanterie. D'ailleurs ce soir-là, il avait veillé sur moi toute la nuit. En tout bien tout honneur. Assit dans le fauteuil à me regarder dormir ou plutôt cuver...

Là était le début de l'histoire... Ou tout du moins... J'ai l'alcool facile quand ça ne va pas.

La première fois...

Introspection, inspire, expire et balance l'histoire qu'il connait déjà puisqu'il était là.

Quand nous sommes partis à la recherche de feu Loup, mon époux était resté à Murat pour veiller sur une amie feue Féeléone.

Encore beaucoup de feu... Misère sont tous morts ou quoi...

Il était resté avec ma fille, Eléa, alors que moi j'étais partie avec mon fils Matthis, mon amie Aiguemarine et vous ainsi que... Feue votre épouse....

C'était rigolo dans un sens, feue votre épouse pour un curé... Enfin bref.

Et un soir alors que j'avais trouvé une poire dans le village, que personne n'était avec moi, que mon époux me manquait cruellement et que... Bein, j'étais dans une taverne, j'ai décidé de prendre de la bière et de la mélanger à la poire et comme c'était bon, j'ai continué et j'ai bu... J'ai bu, jusqu'à perdre connaissance avec mon fils sur mes genoux... Inutile de vous dire le savon qu'ils m'ont tous passé. Mais à cause de ce problème j'ai failli mettre la vie de mon fils en danger, en plus de la mienne.

Sainte Kory priez pour nous pauvres pécheurs... Misère, heureusement que personne n'entendait parce que Kory était loin d'être la femme parfaite et idéale... Enfin par le passé, maintenant elle se contenait.

La deuxième fois durant mon mandat de capitaine. Faut dire que j'en ai pris plein la pomme, en plus je n'y connaissais rien et je faisais des efforts... La prochaine fois les efforts ils se les mettront où je pense... Enfin bref, en plus mon époux n'était pas là... En fait je crois que mon problème d'alcool est lié à mon époux... Je me suis blessée toute seule et... Feue ma nièce Elégie a cafardé à son oncle et... Non seulement la dispute fut mémorable, mais... J'ai eu peur de le perdre pour toujours... Mais heureusement que notre amour était plus fort...

La troisième fois durant les élections, quand j'étais tête de liste, mon époux était parti hors du duché, donc j'ai bu et en plus j'étais accompagnée de Aiguemarine et Nictail qui me trouvaient invivable, ce en quoi ils n'avaient pas torts. Donc j'ai encore plus bu...

Voilà...

Korydwen se tut, laissant le curé réfléchir sur son sérieux problème d'alcool...

» 1.7 [16 avril] Matthis & la soule
» 2.3 [Avril] Mirefleurs ou la vie d'une Seigneurie.
» Visite du Duc Lanfeust (28 Avril 1457)
» 1.5 [Mi-Avril] Quand la fin d'un mandat sonne...