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| De passage à La Teste : un revenant | |
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Sindbad Convive qui ose pousser les portes
Messages : 182 Date d'inscription : 26/10/2008 Age : 56 Localisation : Blois/Orléans
| Sujet: De passage à La Teste : un revenant Sam 14 Nov - 1:49 | |
| Moi, Theobald, ménestrel par vocation, conteur par passion et commentateur de matches de soule à l'occasion, entreprends ce jour de vous narrer la geste de l'un des hommes les plus singuliers qu'il m'ait jamais été donné de rencontrer.
Tout commence au couvent Sainte Marguerite de Cahors, nouvellement libéré par le Bon Roy Levan.Un voyageur ouvre les yeux. Au dessus de lui, une soeur lui applique sur le front des compresses humides. Qui est-il ? Elle l'ignore. Tout au plus a t-elle repéré que, dans son délire, l'homme s'exprime en une langue étrange et inconnue. Comme s'il venait de loin. Elle a lu, il y a peu, les aventures de ce marin d'Orient répondant au nom de Sindbad. L'homme portera désormais ce nom, jusqu'à ce que sa mémoire lui revienne.
En haillon, l'homme poursuit sa vie à Cahors. Vagabond d'abord, paysan ensuite. Très vite, il s'oriente vers la voie diplomatique. D'ambassadeur, il devient rapidement vice-Chambellan, puis Chambellan. Les portes du Conseil de Guyenne s'ouvrent à lui. Les mandats s'enchaînent. Et tout semble lui sourire.
Jusqu'à ce jour de septembre 1456...Un homme envoyé par le mystérieux Ordre de la Pierre-Dieu vient de Venise pour le ramener, afin d'être jugé pour le vol d'une relique et le meurtre de son gardien. Refusant d'être jugé pour un meurtre dont il n'a aucun souvenir, le constantinopolitain fuit vers le Bourbonnais-Auvergne en compagnie de la Dame de Sarliève et de son époux.
Là bas, il retrouve Aparajita, une mystérieuse femme-loup venue du plus profond des Indes, dont le charme exotique dissimule des méthodes de combat apprises auprès de l'Ordre qu'il fuit. Mais il doit aussi échapper à Katalin Lupescu, mentor d'Aparajita désireux d'obtenir les preuves de la culpabilité de Sindbad pour les ramener tous deux à la Cité des Doges.
Pour savoir une fois pour toute s'il est le meurtrier que tous accusent, Sindbad se fait hypnotiser par Juliette1357, une montbrissonaise. Il découvre alors que la clé de son passé se trouve en Orléans. Et c'est à Blois qu'il retrouve tous ses souvenirs.
Tous ? Non. Le vol de la relique et le meurtre de son gardien, Darjus Stankevicius, reste irrésolu. Une lettre de son ancienne élève, Antonetta, invite Sindbad à se rendre là où "les anges volent avec légèreté". Mais il n'est plus seul désormais : Michele et Marcello, les M&M, deux impitoyables nettoyeurs italiens à la solde de l'Ordre de la Pierre-Dieu semblent le suivre comme son ombre. C'est à Laval qu'il apprend de la bouche même de la soeur de Katalin Lupescu que la relique volée permettrait à une poignée d'élus initiés à son utilisation de changer en or le métal le plus vil, le plomb. Le Grand Maître de l'Ordre de la Pierre-Dieu, un certain Romeo, aurait néanmoins entrepris une purge de ces initiés pour rester seul détenteur du secret de cette transmutation. Mais l'un des derniers initiés ne serait autre que notre valeureux constantinopolitain. Et le voilà face à face avec les deux nettoyeurs les plus redoutables de tous les royaumes. Il faut la détermination de son garde du corps, une indienne rompue au combat à mains nues, et de son mentor venu des contreforts des Carpathes pour lui permettre de s'échapper en sautant par une fenêtre. Mais le traqueur de Transylvanie et sa soeur sont à la merci des sinistres M&M.
Gentes dames et beaux messires, pour en savoir davantage, attardez vous icelieu. Moi, Theobald, je vous promets encore quelques rebondissements...Theobald Ménestrel, Narrateur de « La Geste d’Orient » Commentateur de matches de souleLes rues populeuses de La Teste charriaient leur flot de colporteurs, rémouleurs, vanneurs et autres petits métiers des rues.
Ce retour à La Teste représentait pour Sindbad une halte entre deux voyages.
Ses fonctions l'amenaient aujourd'hui à longer les côtes du Royaume de France. La Rochelle, Blaye, Bordeaux et aujourd'hui La Teste...L'autorisation royale de voyager par mer semblait stimuler les énergies, ouvrir des perspectives prometteuses.
Mais il n'en oubliait pas pour autant sa destination finale, celle qui lui révélerait, du moins l'espérait-il, les dernières bribes de son passé qui lui restaient encore inaccessible, et qui lui permettrait enfin d'être intégralement lui même, pour le meilleur ou pour le pire.
Toujours flanquée d'Aparajita, qui ne le quittait plus d'une semelle depuis sa sortie de taverne à Laval, le constantinpolitain déambulait dans les rues de La Teste, humant à plein poumons l'air iodé de la mer.
Une main s'abattit alors sur son épaule.Décidément, elle n'aimait pas l'ambiance citadine...
Pestant intérieurement, Aparajita suivait Ganapati d'aussi près qu'elle le pouvait.
Quelle idée avait-il eu de se promener dans ces rues pleines de Marche-Debout ? Elle préférait, de loin, lorsqu'il se trouvait dans les ambassades. Au moins la garde en ces bâtiments était-elle correctement assurée. Alors que là...
Mais elle n'avait pas le droit de protester, le Mânava-Dharma-Sâstra ne le lui permettait pas. Elle se contentait donc de le suivre.
Un homme attira son attention. Sa silhouette athlétique l'apparentait à un Kshatriya . Mais sa démarche différente l'éloignait de la figure d'Indra . Sa tenue vestimentaire sombre lui rappela celle de Nirriti . Un frisson la parcourut : pourvu que les ennuis ne s'amoncellent pas au dessus de leur tête comme les nuages avant la pluie...
Elle vit alors la silhouette s'avancer vers eux, se jouant de la foule. Un peu comme l'exercice qu'elle faisait pour s'entraîner quand son mentor la faisait courir en lui jetant des balles en bois qu'elle devait éviter. Arrivé à sa hauteur, elle réalisa que l'homme portait un foulard sur le visage. Sa main attrapa l'épaule de Ganapati .
La réaction de la dravidiene fut instantanée : tandis que d'une main, elle écartait ce bras, l'autre, d'un geste vif, retirait le foulard qui masquait le visage de l'assaillant.
Aparajita recula d'un pas en voyant l'homme.Aparajita, Mi-femme, mi-bête Protégée de Ganapati Recherchée par l'Ordre de la Pierre-DieuUne créature du Royaume des Ombres. Voilà désormais ce qu'évoquait le physique de l'homme.
Celui qu'il avait autrefois été n'existait plus. Tout contact avec ses semblables lui devenait désormais impossible. Les hommes se signaient en le voyant. Quant aux femmes, certaines s'évanouissaient.
Il n'avait trouvé un peu de réconfort qu'auprès des religieux d'un couvent qui soignait les pestiférés. Avec patience et dévouement, ils avaient soigné les blessures qu'il avait subi. Mais les cicatrices restaient là, comme pour lui rappeler qu'il n'était plus tout à fait humain.
Un moment, il avait songé à mettre un teme à ce qui serait désormais un simulacre d'existence. Mais les membres de l'Ordre qui l'avait soigné l'en avait dissuadé. Alors, son désespoir s'était mué en colère. Il n'aurait de trève que lorsque lui même ou les auteurs de ces horreurs auraient rejoint celle qu'il chérissait dans le trépas. Mais il fallait d'abord les retrouver.
Il avait donc entrepris un voyage vers le sud du Royaume de France, ne voyageant que de nuit, se dissimulant la journée du regard de ses semblables, pour qui il n'était désormais qu'un paria.
Ses pas l'avaient mené jusqu'en la cité de La Teste de Buch. Si ses déductions étaient les bonnes, celui qui le mènerait vers ses bourreaux se trouvait en cette ville.
Vêtu comme un mendiant, il avait passé de longues heures à guetter, assis sur les marches de l'Eglise, le passage de cet homme qu'il cherchait. Jusqu'au jour où il l'avait vu passer, accompagné comme son ombre de cette femme couleur d'ébène, qui ne le quittait jamais d'une semelle.
Il avait alors fendu la foule afin d'aborder l'homme. Et voilà que la femme le repoussait. Même elle ne le reconnaissait pas, en dépit du temps qu'ils avaient passé ensemble. Elle lui avait arraché son foulard. Maintenant, elle reculait, frappée d'horreur :Aparajita, murmura t-il alors, je suis Katalin Lupescu...Prison...Katalin Lupescu Le traqueur de Transylvanie, mentor d’Aparajita
Custos de l'Ordre de la Pierre-Dieu mutilé par les M&M, il aura sa vengeance dans cette vie ou dans l’autreLe ménestrel, à ce moment de son récit, marqua un temps de silence. Puis il reprit :Quelques badauds dont l'attention avait été retenu par l'apparence inhabituelle de la dravidienne, s'étaient arrêté, en voyant cette créature aborder ainsi l'homme et la femme.
Pour certains, la femme était une créature à la solde du Sans-Nom qui, par quelque pacte fourbe, avait acquis l'âme d'un malheureux. D'autres prétendaient que les voyages par les mers avaient amené une maladie étrange et incurable dont, bientôt, tous les testerins seraient atteint.
Afin de ne point accroître le vent de panique qui commençait à poindre, j'entraînais le trio vers l'Eglise. Dans la maison du Très-Haut, personne ne viendrait s'en prendre à nous.
Cependant, le visage mutilé de l'homme qui s'était présenté comme notre compagnon de voyage que nous avions, dans notre fuite précipité, laissé derrière nous avec sa soeur dans cette auberge lavaloise me terrifiait et m'intriguait. Que s'était-il passé après notre départ ?Theobald Ménestrel, Narrateur de « La Geste d’Orient » Commentateur de matches de soule | |
| | | Sindbad Convive qui ose pousser les portes
Messages : 182 Date d'inscription : 26/10/2008 Age : 56 Localisation : Blois/Orléans
| Sujet: Re: De passage à La Teste : un revenant Mar 17 Nov - 11:21 | |
| Aussitôt entré dans l'Eglise, et une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, Sindbad attrapa le bras du Loup de Transylvanie :Racontez nous ce qui vous est arrivé...Et qu'est devenue votre soeur Zinca ? Car je puis vous assurer que si j'avais su ce que vous alliez endurer, jamais je n'aurais quitté cette taverne...En son for intérieur, Sindbad se trouvait en état de choc. Il avait entendu évoquer à voix basse les traitements que certaines peuplades mongols infligeaient à leurs prisonniers. Cependant, ceci dépassait en horreur tout ce qu'il avait pu voir auparavant.
Et même s'il n'appréciait guère son compagnon de voyage et gardait en mémoire les méthodes parfois contestables dont il avait usé à son égard, aucune offense ne méritait un tel traitement en guise de châtiment. Il attendit donc l'explication du survivant.A peine entré dans la maison du Très-Haut, Katalin s'entendit questionner par l'homme de Constantinople sur le déroulement de cette fameuse nuit. Il secoua la tête.Si vous n'étiez pas sorti, Zinca vous aurait poussé dehors. Sa mission était de vous permettre de retrouver votre mémoire.
Mais nous n'avons guère eu le loisir d'en discuter. Les M&M étaient sur nous, et mettaient dans cet affrontement toutes leurs forces, afin de se débrasser rapidement de nous, et d'aller jusqu'à vous. Zinca et moi avons tenu le plus longtemps possible, en dépit des coups qui amenuisaient peu à peu notre résistance physique. Mais nous en avons également distribué, au point que ma soeur a envoyé l'immonde Michele rejoindre sur la Lune les âmes damnées par le Sans-Nom.
Mais cet exploit eut pour prix un affaiblissement dont Marcello tira profit. Et je ne pus que fermer ses yeux quand elle expira. Je tombai d'ailleurs peu après, et m'attendais à ce que Marcello me donne le coup de grâce, mai il n'en fit rien.
Je ne tardais pas à comprendre l'origine de sa mansuétude : il souhaitait que je lui communique votre destination finale, afin de vous rattraper. Mais je l'ignorais, car ni vous ni Zinca ne me l'aviez communiqué.
Les plus longues heures de ma vie commencèrent alors. Convaincu que je me taisais pour couvrir votre fuite, Marcello ouvrit sa trousse, qui contenait un matériel à en faire pâlir le plus habile des médicastres, et entreprit de mutiler chaque pouce de mon corps, espérant ainsi me faire avouer le secret que j'ignorais.
A plusieurs reprises, je sombrai dans l'inconscience, tant la douleur était insupportable . Nul doute que si j'avais eu l'information, je la lui aurais communiqué. Tout y passa : le fer, le feu, l'eau...Combien de fois ai-je supplié le Très-Haut d'abréger mon existence. Mais à chaque fois, Marcello me ramenait à la réalité pour m'infliger d'autres sévices. Aveuglé par la mort de son compagnon, c'est à une créature pire qu'un fauve auquel je me trouvais confronté. Il exécutait tout cela sans manifester la moindre pitié, comme s'il voulait se venger.
Cela dura toute la nuit. Au chant du coq, Marcello comprit qu'il ne tirerait rien de moi. Il entreprit alors de me tremper le visage dans l'huile bouillante, puis de le lacérer au couteau. Quand il m'abandonna dans un champ de maïs, mon corps n'était plus qu'un morceau de viande putride et rougeoyant.
Mais le Très-Haut m'avait tendu la main. Le champ de maïs était cultivé par les membres d'une Congrégation, qui soignèrent du mieux qu'ils purent mes blessures, et me redonnèrent autant d'humanité qiu'il leur était possible. Mais mon visage restera à jamais ainsi.
Dès que je fus sur pied, mon premier souci fut de tenter de vous retrouver. Mais vous sembliez vous être évaporé dans la nature. Cette vaine recherche dura de longues semaines, jusqu'à ce qu'un pilier de bar de Saumur reconnaisse votre portrait. Il vous avait vu aux côtés d'un groupe de voyageurs partis en direction de Thouars. De là, je retrouvais aisément votre trace dans tout le Poitou, jusqu'ici.
Mais à partir de maintenant, je poursuis à vec vous votre voyage, quelle que soit votre destination. Et si Marcello tente encore de vous reprendre, je jure que je lui ferais payer la mort de Zinca et cette nuit qu'il m'a fait subir.A ces derniers mots, tout le ressentiment de Katalin donna à son visage mutilé une expression plus terrible encore.Katalin Lupescu Le traqueur de Transylvanie, mentor d’Aparajita
Custos de l'Ordre de la Pierre-Dieu mutilé par les M&M, il aura sa vengeance dans cette vie ou dans l’autreUn silence de plomb suivit le récit de Katalin.
On eut dit que le temps avait suspendu son vol. Tous se regardèrent. Sindbad rompit alors le silence.Je ne puis vous empêcher de voyager avec nous. Alors bienvenu parmi nous.Et sans un mot de plus, le quatuor laissa La Teste et la Guyenne derrière lui. La route était encore longue... | |
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