3.7 [17 Septembre]Campement - Joutes pour la foire d'Orléans | Alethéa & Rick

Matthis



Quelque part dans le campement.

Son père avait eu besoin d'une personne inscrite en plus alors il avait demandé à sa mère, il avait besoin d'un nombre paire de jouteurs ce qu'il n'avait pas, sa mère avait donc dit oui pour l'aider, mais là où c'était encore plus génial c'est qu'elle lui avait demandé d'être de nouveau son écuyer, une première fois il l'avait été durant les joutes chez Naluria et Lexhor, cette fois c'était encore des joutes pour Orléans, et dans quelques semaines il y aurait les joutes de chez Messire Llyr, ainsi Matthis aurait tout le loisir de progresser. Malheureusement il n'avait pas pu faire le voyage avec son père. Althiof était parti tout seul devant, ce n'est qu'après avoir reçu la missive qu'il put partir avec sa mère et quelques serviteurs qui prendraient les paquets dans une chariote. Matthis chevaucherait aux côtés de sa mère.

Le voyage ne fut pas trop loin et permis au fils d'expliquer à sa mère ce qu'il s'était passé à Mirefleurs et ce qu'il préconisait de faire contre les serfs qui s'étaient révoltés. Mais la discussion ne dura pas bien longtemps car déjà un campement fut en vue. Matthis descendit de sa monture et abandonna sa mère. Il partit devant tenant toujours les rênes de sa monture, il aurait pu hurler pour trouver son père, mais cette attitude risquait de le faire devenir écarlate. Il se contenta de marcher entre les diverses tentes.

Messire Althiof !! Messire Althiof ! Messire juge diseur ! J'ai besoin de vous parler ! Votre épouse est arrivée !

Il vouvoyait son père, l'appelait messire et pas "papa", cela lui faisait bizarre, mais il ne voulait causer aucune honte à son père. Il espérait que son père l'aurait entendu et qu'il viendrait l'accueillir et l'aider à trouver leur tente. Matthis avait hâte, cela serait la première fois qu'il verrait son père faire le juge diseur, les yeux déjà plein d'admiration envers ce père qui vivait en l'espace d'une seule vie, plus de vies que quiconque pourrait le faire, assumant toutes ses responsabilités. Cela faisait peur à Matthis, la peur de ne pas être à la hauteur de son nom, du nom de son père. Une admiration éternelle envers ce très cher papa, qu'il ne manquerait pas d'appeler à nouveau papa dès qu'il l'aurait trouvé.
______________

Rick

[Lice Saint Antoine - Quand Aristote donne un coup de main à son fidèle serviteur]

Rick était donc là sur le bord de la lice, pour sa première expérience dans les joutes, attendant patiemment (et accordons-le, ceci était une première aussi pour le jeune homme, connu pour son impatience chronique) que sa sœur daigne s’apercevoir de sa présence. Il était heureux de voir d’ailleurs que la baronne de Cournon s’était défait si facilement de son adversaire. Sa sœur d’ailleurs devait prendre du plaisir à le faire patienter. Elle avait préféré aller donner la main à son adversaire pour l’aider à se relever, mais lui trop fier avait décliné la proposition. Grimace du jeune homme en voyant l’orgueil mal placé de celui qui se voulait être le chevalier de sa cousine. Pour calmer son impatience, Rick décida de regarder à droite et à gauche, les différentes personnes qui composaient les rares spectateurs du combat chevaleresque. Et là soudain, son regard fut attirée par une femme. Non non, ne vous méprenez pas, en tant que diacre, le jeune homme était fidèle à son épouse et ne regardait pas les autres femmes ! Cette femme qui avait fait flashé le jeune homme portait une longue cape bleue foncée. De grande taille, elle en imposait par sa stature. Un regard tourné vers le Très-Haut pour le remercier de ce cadeau. Ainsi, Kory ne voulait pas se dépêcher de venir le voir pour répondre à ses questions, et bien soit, il irait chercher ses réponses auprès de la principale concernée. Pourquoi s’embarrasser d’émissaires, lorsqu’on a à portée de main la personne désirée ?

Rick quitta donc sa place et d’un pas rapide, le sourire aux lèvres se dirigea vers la Licorneuse.

Bonjour Alethea ! Je suis bien heureux de te voir ici ! Comment vas-tu ?

Le jeune homme prit le bras de sa cousine et l’entraîna en direction du campement.

J’ai quelques questions à te poser. Allons un peu plus loin pour discuter si tu veux bien.

Mais cette proposition ne laissait pas le choix à la discussion. Et c’est en direction du campement qu’ils se dirigèrent. Il se tourna en direction de sa cousine et lui dit, la main sur les hanches, les sourcils froncés et une moue sur le visage

Alors ? Quoi de neuf ?

Rick

[Campement de la lice - Quand le ciel vous tombe sur la tête]

Il était très heureux de revoir sa cousine Alethea. Mais comme à son habitude, plutôt que de lui montrer et de lui dire, qu'elle lui avait manqué, il s'était jeté sur lui et lui faisait une scène. Du grand Rick en somme. Elle n'avait même pas fait d'opposition pour l'accompagner jusqu'au campement et il l'avait rapidement arrêté vers une tente. Comble de malchance, mais il ne le savait pas encore, il avait marqué l'arrêt devant le chevalier qui défendait les couleurs de sa cousine. Il faut dire pour sa défense, que de loin, il n'avait pas vraiment regardé les armes du valeureux noble. Rapidement, ils s'étaient échangé des civilités et le jeune homme était passé au vif du sujet.

Et bien, je suis venue voir Eragon jouter. Mon Ordre est mobilisé en Touraine et… enfin… ce n’était pas trop loin

Eragon dis-tu ? Et qui est-il par rapport à toi ? Tu évalues à combien de jours de cheval d'ici, le campement de ton ordre ?

Rick était très méfiant. Il pensait sa cousine prude et assez timide et il la trouvait là, laissant un homme porter ses couleurs et se battre pour son honneur, comme tout chevalier pour sa dame. Pensant à cela, cela fit tilt dans son esprit.

D'ailleurs comment se fait-il que le beauf, il demande qui tu vas soutenir entre ta cousine et cet inconnu ? Ne me dis surtout pas que....

Le jeune homme préféra ne pas finir sa phrase. Il avait comme dans l'idée qu'un mauvais scénario était en train de se dérouler sous ses yeux médusés. Il n'était pas envisageable qu'elle aussi... Il avait déjà Carmen comme cela...

Alethea

Les questions ne tardent pas. Rick passe de la surprise à la suspicion bien trop vite pour que la Licorneuse puisse retenir le rouge qui lui monte aux joues. Les mots de son cousin la posent face à ses égarements…

Eragon dis-tu ? Et qui est-il par rapport à toi ? Tu évalues à combien de jours de cheval d'ici, le campement de ton ordre ?

Le regard inquiet n’ose croiser celui du diacre et se perd vers les tentes bariolées dans lesquelles sont installées les suites des jouteurs. Elle a essayé de faire au plus vite. Rixende a donné le meilleur d’elle-même et Alethea a pris soin de ne pas trop la charger, mais il avait quand même fallu plus de deux jours pour arriver. Il en faudrait autant, bien sûr, pour retrouver Chinon et l’armée des Ordres Royaux.

Elle avait rejoint le campement du Lisaran alors qu’il était en Lice pour le premier tour. Ils ne s’étaient plus vus depuis des semaines, depuis qu’il était reparti au Poitou pour y remplir ses obligations de héraut et qu’elle avait dû rester en Touraine. Depuis la fin Mai, les missions rythmaient leurs éloignements et leurs retrouvailles. Les deux Licorneux savaient, sans avoir eu à en parler, qu’il en serait toujours ainsi…. Enfin toujours… C’est ce que leur inconscience s’était plu à croire.

Un peu hésitante, Alethea essaie de faire venir les mots dans sa bouche qui s’assèche…

Eragon oui… Il … j’ai mis deux jours. Nous sommes en Touraine.

Il reste à avouer ce qu’il est pour elle. Et maintenant qu’elle doit le dire, elle en mesure la gravité. Ça avait pourtant été si simple de laisser ses bras l’entourer, de partager les frôlements et les étreintes. Ça avait si doux et si facile de ne rien fuir. Elle en avait oublié que cette vie en armes sur les chemins à ordonner et obéir, à s’entrainer et se battre aux côté d’hommes ne justifiait pas d’oublier la bienséance et la vertu. Mais le chef des De la Serna n’attend pas la suite. Une nouvelle question vient préciser ses craintes et imposer les aveux…

D'ailleurs comment se fait-il que le beauf, il demande qui tu vas soutenir entre ta cousine et cet inconnu ? Ne me dis surtout pas que....

Je… Rick, c’est lui que je suis venue voir. Normalement, voilà qui devrait suffire. Les pupilles d’obsidienne cherchent le regard de son cousin. Sans arrogance, elle essaie de mesurer ce qu’elle va déclencher. Je ne savais pas que Kory joutait… Un nouveau silence laisse le temps à son interlocuteur de comprendre ce qu’elle n’arrive pas à formuler. Etre avec un homme sans être mariée, ça ne fait même pas parti de ce qu’elle arrive définir, ce n’est pas un statut, encore moins un droit mais pourtant, sa vie balance maintenant entre ce qu’elle accompli pour son Ordre et l’espoir qu’elle a de rejoindre Eragon aussi souvent que possible. Eragon appartient à la Licorne aussi. Mais ce n’est pas pour ça que je suis là… Au fil de ses mots, ça devient évident pourtant. Elle n’a pas envie de trouver d’excuses. Elle ne peut pas fuir, ça lui ressemble trop peu. Rick a sans doute déjà compris et il faudra qu’elle accepte ce qui suivra. C’est pour lui Rick… Pour le soutenir…. Pour le voir surtout… Pour être avec lui comme à chaque fois que je le peux…

Rick

Rick essaya plusieurs fois de croiser le regard de sa cousine, mais celui-ci était des plus fuyants et la Licorne qui savait si bien tenir tête à des armées et qui ne baissait pas les bras devant le combat, semblait être redevenue une petite fille, prise en faute. A cet instant, le jeune homme avait l’impression qu’elle ressemblait à Patience ou Aliénor, après une bêtise et non à un femme qui avait réussi à grimper les échelons de son ordre de chevalerie.

Eragon oui… Il … j’ai mis deux jours. Nous sommes en Touraine.

Rick la dévisagea, ne voulant pas comprendre le sens caché de cette phrase anodine. Elle avait fait deux jours de voyage pour rejoindre un homme. Il remarquait que la jeune femme avait du mal à trouver ses mots, avait du mal à admettre l’indicible. Et lui ne voulait certainement pas les entendre. Mais, courageusement, elle avait décidé d’aller jusqu’au bout de la déclaration.

Je… Rick, c’est lui que je suis venue voir...Je ne savais pas que Kory joutait…

Si jusque là, Rick avait eu quelques doutes sur ce qu’il avait pu lire entre les lignes, là c’est sûr, il n’en avait plus. Alethea ne savait pas que Kory joutait donc sa présence dans les gradins n’était pas pour soutenir sa cousine, mais son adversaire...

Eragon appartient à la Licorne aussi. Mais ce n’est pas pour ça que je suis là…

Et si cela ne suffisait pas, elle lui asséna un nouveau coup de massue sur la tête. Eragon, puisqu’était là son nom, était aussi membre de la Licorne mais ce n’était pas pour cela qu’elle était là. Cela voulait tout dire et ne rien dire. Il aurait été membre d’un autre ordre que cela ne changerait rien. Pour un simple camarade d’armes, elle n’aurait pas fait deux jours de cheval pour le voir seulement jouter. Pour un simple camarade d’armes, elle ne serait pas prête à se faire foudroyer sur place. Pour un simple camarade d’armes, elle ne serait pas si hésitante... C’est donc qu’il n’était pas un simple ami, mais plus que ça. Difficile chemin dans les aveux. Difficile vérité à entendre et surtout à dire...

C’est pour lui Rick… Pour le soutenir…. Pour le voir surtout… Pour être avec lui comme à chaque fois que je le peux…

Le jeune diacre se demandait ce qu’il avait pu faire ou dire pour qu’Aristote le mette à l’épreuve à nouveau. Cela ne suffisait donc pas que Carmen se soit enfuie dans je ne sais quel coin du royaume pour suivre un amoureux quelconque ? Il fallait que maintenant, elle, Alethea que Rick avait toujours trouvé comme une personne sérieuse et avec la tête sur les épaules, fasse pareil ? Que lui était-il donc passé par la tête pour faire cela ? Il fallait qu’il en ait le coeur net. Elle n’avait tout de même pas oublié tout le reste ? Tout ce qu’elle avait appris...

Les sourcils froncés terriblement, craignant le pire et surtout la réponse qu’il savait déjà au fond de son coeur mais que son esprit aristotélicien refusait d’admettre.

Bon... Si j’ai bien compris tes propos Alethea... Coupes moi si je me trompe. Donc, tu es tombée sous le charme de Messire Eragon, ton compagnon d’armes ! Tu t’en es entichée au point de faire jusqu’à deux jours de cheval pour le rejoindre ?

Le sourire qu’il venait d’avoir sur les lèvres, un court instant, se figea de suite

Rassures-moi quand même, tu n’aurais pas... Tu n’aurais pas osé renier ton serment aristotélicien ? Tu n’aurais pas osé renier ton baptême et ta croyance religieuse pour cet homme ?

Nouveau silence de la part du religieux avant de reprendre, l’air abattu et sachant par avance qu’il n’ait pas au bout de ses surprises.

Rassures moi quand même... Tu n’as... Tu n’as tout de même pas... Dis moi que c’est pas vrai....

Il regarda sa cousine, le visage triste et grave et c’est dans un murmure qu’il prononça la dernière phrase

Asmodée.... Tu n’as pas succombée à sa vile tentation ? Tu n’as pas enfreint un des sept pêchés capitaux en t’adonnant à la luxure... Dis moi que ce n’est pas vrai...

Matthis



Quelque part dans le campement.

Malheureusement il n'avait point trouvé son juge diseur de père qui devait être bien trop occupé avec la préparation des différents duels. Aussi, il finit par trouver leur tente, il posa ses affaires, attacha sa monture Althiesse et fit signe à sa mère de venir, maintenant il fallait l'aider à se préparer, bien sur son papa s'occupa de sa mère en lui mettant des bandages et d'autres trucs, lui il s'occupait de Thessalie, la monture de sa mère. La jeune frison commençait à avoir l'habitude des joutes et que Matthis s'occupe d'elle, elle se laissait faire. Puis les différents duels et enfin la qualification de sa mère. Pendant que cette dernière profitait d'un instant de répit durant le tournoi avec son père.

Lui il était retourné près de leur tente, un serviteur portait les pièces d'armure de sa mère, armé d'un marteau il commença à les cogner pour les redresser afin qu'elle puisse poursuivre le tournoi sans finir blessée. Mais alors qu'il était occupé, le jeune garçon entendit des voix bien connues. Une comme étant celle de son oncle Rick , il tendit l'oreille, l'autre était une voix de dame, une ancienne de la prévôté et une cousine à sa mère. Il lâcha son matériel et avança à petit pas se cachant derrière les tentes des uns et des autres. Il s'approchait de son oncle. Il resta bien collé contre la tente et tendit l'oreille.

Voilà que Rick interrogeait une fois de plus quelqu'un sur son amoureux, il ne dit rien, repensant à la dispute qu'il avait eu dans les vestiaires de soule parce qu'il n'avait rien dit au sujet de Carmen. Il resta là un moment, bien caché à écouter. Il surgirait peut-être plus tard... Quand ils en auraient terminé, sinon son oncle voudrait encore lui tirer les vers du nez, enfin pour le coup, il ne savait rien sur Alethéa pas comme pour Carmen...
______________

Alethea

Rassures-moi quand même, tu n’aurais pas... Tu n’aurais pas osé renier ton serment aristotélicien ? Tu n’aurais pas osé renier ton baptême et ta croyance religieuse pour cet homme ?

Non là vraiment ça devenait trop difficile… Elle avait vraiment espéré qu’il aurait compris que sa faute était complète, et qu’il ne l’obligerait pas à le dire, comme ça, au milieu des tentes et des curieux. Le regard qu’elle lève vers lui est presque suppliant. Mais il ne suffira pas. Le ton du Diacre aussi trahis le désarroi. En cet instant, c’est même, peut être, ce qu’il y a de plus difficile à supporter pour la brune…

Rassures moi quand même... Tu n’as... Tu n’as tout de même pas... Dis-moi que ce n’est pas vrai.... Asmodée.... Tu n’as pas succombée à sa vile tentation ? Tu n’as pas enfreint un des sept péchés capitaux en t’adonnant à la luxure... Dis-moi que ce n’est pas vrai...

L’amertume lui brule la gorge et le ventre. Les dernières phrases, à mi-voix, cette plainte qui continue de lui dire la tristesse de son cousin est plus insoutenable qu’une gifle. Elle n’a rien oublié. Elle a renoncé. Elle n’a pas seulement succombé, elle a abjuré ses serments et désavoué les siens, sa famille sa marraine, sa filleule à qui elle devait l’exemple.

Mais le dire, c’est trop difficile.

Elle doit se faire violence. Ses jambes semblent moins bien la tenir et la Licorneuse fait quelques pas pour retrouver un peu de stabilité et de courage. Des pas qui l’éloignent, bien sûr, du Diacre et de ses questions. Un fugace instant, avant de s’en retourner, elle se prend à avoir besoin de lui, d’Era, pour la soutenir. Mais l’idée flambe à la lueur des conséquences que sa présence aurait. Mieux vaut qu’il ne soit pas là et, en revenant vers Rick, elle s’assure d’un regard furtif qu’il ne sort pas de sa tente.

Puis, à mi-voix aussi… Si ça l’est… elle reprend une respiration et cherche encore ce qui peut suivre son aveu qui ne soit pas une triste tentative de justification… je n’ai pas d’excuses… c’est arrivé … ça a commencé … enfin… laissez le seulement en dehors de tout ça, la faute est la mienne et j’y mettrai un terme.

Mais ses paupières se baissent déjà sur ses regrets. Elle a proposé l’insupportable pour anéantir toute possibilité de retour et maintenant elle ploie sous l’idée de son accomplissement

Rick

Rick avait bien remarqué qu’il mettait très mal à l’aise sa cousine mais il devait le faire, aussi bien pour lui, pour se rassurer, persuadé encore à ce moment-là qu’il vivait un cauchemar et que de toute façon, la parfaite Alethea ne pouvait pas avoir fait cela, contrairement à Carmen, beaucoup plus agitée. Mais aussi pour sauver l’âme de sa cousine. Aussi fit-il mine de ne rien voir et continua à garder son coeur de pierre. Et alors qu’il attendait une réponse, la jeune fille commença à faire quelques pas, comme pour s’éloigner, comme un aveu non dit mais à moitié avoué. Il secoua la tête qu’il avait rentrée dans les épaules, l’air abattu. Mais pourquoi ? Pourquoi cela lui arrivait-il à lui ? Pourquoi Aristote avait-il besoin sans arrêt de le soumettre et de tester sa foi ? Alethea, femme courageuse et ne désarmant pas devant l’ennemi était revenue mais cette fois-ci non en guerrière mais plutôt en vaincue, rendant les armes.

Si ça l’est… je n’ai pas d’excuses… c’est arrivé … ça a commencé … enfin… laissez le seulement en dehors de tout ça, la faute est la mienne et j’y mettrai un terme.

Mots tout juste avoué, prononcés malgré elle, du coin des lèvres. Une manière pour elle de se protéger peut-être de la colère masculine et surtout une manière de tout prendre sur elle. Rick se mit alors à faire les cent pas comme lorsqu’il était contrarié. Et là c’était vraiment le cas. Que devait-il faire ? Il était partagé en cette connaissance du pêché pour l’avoir commise dans sa jeunesse, avec Epson. Mais alors, il n’était pas baptisé, contrairement à elle. Il était aussi partagé entre l’amour qu’il ressentait pour son épouse Tiadriel, qu’il aurait pu déshonorer avant le mariage si il n’y avait pas eu, au fond de lui, cette profonde attirance pour le divin et pour suivre son enseignement. Une manière pour lui de renvoyer à son parrain, le Padre Foulke qu’il pouvait être fier de lui. Deux doigts qui enserrent le haut de l’arrête du nez, les yeux fermés pour tenter de trouver une réponse acceptable pour tout. Et celle que venait de lui donner Alethea ne lui convenait pas du tout. Il s’arrêta donc devant elle et lui dit.

C’est donc vrai... Vous n’avez en effet aucune excuse ma cousine...

Presqu’involontairement, il avait repris le vouvoiement comme pour lui montrer à nouveau sa tristesse par rapport à ce qu’elle vient d’admettre.

Vous avez trahi votre serment d’aristotélicienne ! Vous avez trahi ma confiance en vous... Mais pire encore avez-vous pensé à vos jeunes cousins, mes enfants, ceux de Kory, qui peuvent voir en vous, un modèle de réussite, une femme qui n’a pas peur sur un champ de bataille... Et votre ordre ne l’avez-vous pas trahi en ayant des relations intimes avec un de vos frères d’armes ?

Et à nouveau les cent pas du jeune homme qui tourne en rond et à nouveau il s’arrête

Alethea, afin qu’Aristote puisse te pardonner pour le blasphème que tu viens de commettre en son nom, récite avec moi cette prière

« Ô Dieu Très-Haut,
Père de l’humanité
Et Toute-Puissance divine,
Ferme mes oreilles
Aux tentations
Et ouvre mes yeux
A l’amour sans fin que tu me donnes,
Que je puisse donner à ceux qui doivent recevoir,
Aimer ceux qui doivent l’être,
En sachant toujours,
Que si je n’étais pas là,
Quelqu’un d’autre serait là pour le faire
Car c’est Toi qui parle par ma bouche
Et qui œuvre par mes mains.
…
Pardonne à mon frère et à tous les autres
Ils ne savent pas ce qu’Ils font. »
Rick lui laissa le temps de la répéter, n’hésitant pas à faire des pauses entre chaque ligne pour que Théa puisse le faire. Puis, une fois que le silence est revenu, le diacre se veut plus clément car il a une idée en tête. Et à nouveau, il reprend plus le ton paternaliste et amical.

Théa, je veux parler à cet homme, Eragon, qui fait battre votre coeur ! Et j’aimerais qu’il me reçoive immédiatement. Ce que j’ai à lui dire, ne peut et ne doit souffrir d’aucun autre délai. Il en va de votre salut... Nous allons essayer de réparer les erreurs que vous avez faite, aveuglée par Asmodée que vous étiez.

Rick

Alethea ne s’était pas fait prier pour demander pardon à Aristote. Exit la Licorne qui ne recule pas devant l’ennemi, prêt à laisser sa vie, pour son Roy et sa ordre. Devant lui, Rick voyait plus une jeune femme prise en défaut, qui était prête à rendre les armes devant son chef de famille. Après la prière, elle ne releva pas la tête, attendant le verdict qu’il vient d’annoncer. Le diacre s’en voulait un peu de la voir ainsi mais de l’autre, il ne pouvait pas céder devant le pêché capital que sa cousine avait commis. Sans cela, elle risquait tout simplement la vie éternelle sur la Lune et lui, en tant que représentant aristotélicien ne pourrait avoir le salut éternel, sachant qu’il n’a pas pu empêcher cela. Certes, il ne pouvait pas remonter le temps et empêcher cela d’être fait, mais il pouvait toujours s’assurer de l’avenir de sa cousine.

Croyait-il néanmoins que le combat contre les forces maléfiques était gagné ? Non, mais il avait eu un secret espoir à ce sujet. C’était bien entendu sans compter sans Alethea et son esprit de contradiction. Elle esquissait une tentative de révolte, voulant prendre sur elle, l’entière responsabilité. Certains se seraient certainement contenter de cela. Mais pas Rick... Autant qu’il le sache, il fallait être deux pour commettre ce pêché de luxure...

Je vous entends mon Cousin. Et je vous sais gré de vous contenter d’une mise au point quand il y aurait matière à laisser éclater le plus vif des courroux. Votre colère pourtant aurait sans doute été moins douloureuse que votre déception. Je n’essaie pas d’y échapper mais sachez qu’elle est pour moi la plus lourde des punitions.

Je ne peux cependant accepter de vous conduire à lui…

La jeune femme acceptait déjà la punition, c’était un premier pas vers la victoire. Elle lui faisait comprendre qu’il aurait été préférable à son goût qu’il se mette en colère mais le diacre n’y arrivait même pas. Commettre un pêché pour réparer un autre, ce n’était pas très aristotélicien que ceci. Et après tout, c’était plus de la déception que de la colère. Autant, il se mettait plus facilement en furie face à la benjamine de la famille, puisque Carmen avait ce don de le mettre en pétard facilement, autant il ne le pouvait pas avec Théa. Pour lui, sa vis-à-vis avait déjà su prouver beaucoup de choses, comme son courage sur les champs de bataille, son sens des responsabilités en devenant prévôt, son abnégation en quittant ses amis et sa famille pour suivre son ordre... Il l’avait donc installé un peu sur un piédestal, au même titre que son épouse et sa sœur, et là le piédestal s’était rompu, montrant la fragilité féminine et décevant le jeune homme. Elle continua à parler et à essayer de le convaincre...

Eragon n’a rien à réparer. La faute est la mienne. Il n’a pas usé de violence et, heureusement, rien d’irrémédiable n’est né de cette erreur. Enfin … je veux dire que je ne suis pas … je ne porte pas d’enfant. Rien de ce qu’il fera désormais n’effacera donc mon égarement. Je me plierai à votre verdict mais ne lui demandez pas de répondre de mes fautes. Vous n’êtes pas un habitué des armes mon cousin. Vos vertus son nombreuses mais celle de la guerre ne compte pas parmi elles et si vous deviez chercher dans un duel le jugement du très haut, il se pourrait que l’entrainement et l’expérience le faussent.

Un point pour la Licorne dans ce petit discours de défense. Malgré son passé de forgeron et de maréchal, il n’était pas assez doué avec son épée pour réussir à vaincre un habitué des joutes. Et puis, quitte à choisir, il préférait ne pas prendre la vie d’un adversaire ou perdre la sienne pour ce genre de choses. Ils étaient tous les deux adultes et nul doute dans l’esprit de l’homme qu’il réussirait à faire comprendre à ce prétendant indélicat, que sa cousine ne pouvait rester ainsi maintenant.

Ma cousine, la faute est vôtre, nous en convenons allégrement tous les deux. Mais autant n’a-t-il pas usé de violence et Dieu l’en préserve pour vous séduire, autant vous n’en avez pas fait de même. Ce n’est pas vous qui avez pris les contours d’Asmodée pour le faire glisser dans votre couche. Alors puisque vous acceptez la sentence, j’aimerais vraiment lui parler.

Le jeune homme soupira et secoua la tête.

Encore heureux qu’Aristote ait choisi de ne pas vous faire porter le fruit de vos amours interdits. Il aurait manqué plus que celle-ci. Il n’en reste pas moins que désormais vous n’êtes plus la jeune femme en fleurs qu’un éventuel prétendant pourrait demander en épousailles. Et ceci ne me convient absolument pas.

Tout en disant ceci, Rick ne put s’empêcher de repenser aux aveux de Tia, la nuit de la tempête sur Montbrisson, lorsqu’alors tous deux amoureux et en proie à Asmodée, ils avaient failli précéder l’exemple d’Alethea. Mais heureusement pour le couple en devenir, la colère divine s’était fait entendre par l’arrivée de la tempête et avait stoppé net le début de leurs ébats. Il n’empêche que ce jour-là, il avait consolé sa future épouse qui lui avait avoué avoir été violentée dans sa prime adolescente et avoir enfanter à la suite de ce viol. Et malgré cela, il ne l’avait pas repoussé et au contraire lui avait avoué son amour. Et ce n’est qu’une fois la cérémonie célébrée par le Padre Foulke que le couple légitime avait pu apprendre à se connaître intimement. Le jeune homme était troublé par ce souvenir de son passé et ses yeux verts étaient passé d’une couleur d’un lac paisible à une tempête en pleine méditerranée lorsqu’il avait repensé à ce viol, avant de reprendre une couleur d’un lac soumis aux aléas de la météo.

Mais ne lui demandez pas non plus de se lier à moi. Il n’en avait pas marqué l’intention avant ça et, même si le mariage mets le lien entre un homme et une femme sous les auspices du Très Haut, je ne peux supporter de le lui imposer. Pas à lui. Je peux me faire à l’amitié condescendante d’un étranger et même à son mépris pour avoir dû me relever après ma faute, je peux accepter tous les regards, toutes les critiques ou une vie de sage indifférence, je peux même renoncer à mon Ordre et entrer en Religion si c’est votre exigence, mais tous ces justes retours de mon péché je ne les supporterai pas de lui. Il est le seul chez qui je ne veux pas voir le ressentiment ou le dédain poindre jour après jour, certain qu’il sera, que je l’ai abusé en vous amenant à lui demander réparation.

Je vous fais la promesse, sur le livre des vertus, sur mon âme et sur mon Ordre que je ne chercherai pas à le revoir, pas même pour le prévenir avant de repartir. Un courrier lui sera remis une fois que j’aurai quitté la région et si je devais le croiser au sein de notre forteresse ou au cours d’une mission je me tiendrai à distance. Je ne permettrai même pas que nous échangions ne serait-ce que des paroles ou un regard.

Rick avait été plus que touché par le plaidoyer de sa cousine. Si elle n’y avait pas pensé, il serait temps pour elle de songer à faire carrière dans la défense des prévenus. Mais cependant, il se devait de ne pas lui montrer de trop qu’elle avait marqué un point stratégique. Seules ses lèvres avaient fait un léger mouvement montrant son trouble naissant.

Ma cousine, il suffit ! J’ai bien entendu vos arguments et sachez que de toutes les propositions que vous me faites, il est hors de question pour moi que vous quittiez cet ordre qui vous rend si heureuse. Je ne suis point un tortionnaire et je ne peux désirer vous soustraire à la Compagnie de la Licorne. Le royaume a besoin de personnes comme vous et ce serait trahir le Roy que de vous demander de le quitter. Cependant, malgré tous vos propos, je reste dans ma prime idée de rencontrer cet individu. Et puisque vous ne souhaitez pas me conduire à lui, c’est donc autrement que je vais procéder.

Et avant que la jeune femme puisse prévoir son geste, Rick se mit à crier

S’il reste encore un peu d’honneur au dénommé Eragon qu’il se montre maintenant ou que les turpitudes de la lâcheté l’anéantissent céans !

Puis le jeune homme se tourna vers sa cousine pour guetter sa réaction, un sourire sur ses lèvres.

Mais dites-moi Alethea, qui est-il vraiment ? C’est un noble forcément puisqu’il joute ! Parlez moi de votre amant, en attendant qu’il daigne montrer son visage ! A moins qu’il n’ait pas votre courage pour cela.

Rick

Rick attendait une réaction de la part de sa cousine lorsque le pan d’une tente proche s’ouvrit et laissa passer un homme très grand, brun avec des cheveux longs. Le diacre le regarda d’un air suspect prêt à le houspiller et à le renvoyer dans sa tente lorsqu’il remarqua un détail qui avait tout de même son importance : l’homme était torse nu. Et en plus, il se permettait de commencer à crier.

Tu sais ou tu peux te les foutre tes turpitudes de la lâcheté?

Rick oubliant l’endroit où il était et surtout le fait qu’il était un gueux parmi des tentes de nobles, oubliant jusqu’au fait que l’homme faisait au moins deux têtes de plus que lui, continua à le dévisager d’un air condescendant pour voir qu’il était musclé et plein de bleus. D’un oeil de médicastre averti, il se permit un conseil

Je crois que les tentes de l’infirmerie, c’est un peu plus à droite...

Mettant une main sur les yeux de Thea, il dit à sa cousine

Ma cousine, détournez ce regard de cet individu qui a oublié jusqu’aux règles de la bienséance et ose se montrer en petite tenue face à vous.

La jeune fille l’avait sûrement vu autrement que dans cette tenue, mais pour le religieux, il était hors de question que l’affaire s’ébruite surtout au milieu de tentes d’où n’importe qui pouvait surgir et comprendre que l’honneur de la demoiselle avait été mis à mal par ce paltoquet.
En le voyant et en le détaillant, Rick remarqua un bout d’arme derrière lui. L’ancien forgeron aurait sûrement aimé à détailler le travail et la finesse de l’épée mais pour l’heure c’était le religieux qui primait. Et voyant l’homme sorti ainsi, une arme dans le dos, torse nu et couvert d’égratignures, sans parler de sa chevelure longue et épaisse, c’était une représentation assez fidèle qu’il se faisait de la bête sans nom. Aussi se signa-t-il... Il ne lui manquait plus que les pieds crochus pour agrémenter le tableau mais il n’alla pas aussi loin dans la contemplation car déjà celui-ci toussota et fit un début de présentation

On parlait de moi?

C’était donc lui La Licorne dont Théa s’était entichée ? Et à bien le regarder, Rick se dit qu’il avait déjà dû l’apercevoir une ou deux fois en compagnie de sa cousine. La colère qui avait faillit poindre son nez, en le voyant dans toute sa superbe s’était pour le moment envolé. La déception était pourtant toujours aussi présente. Mais c’est d’une voix calme qu’il s’adressa au poitevin.

Vous êtes le dénommé Eragon c’est cela ? Je me présente Rick de la Serna Harispe, cousin de Damoiselle Alethea. Et je crois que nous avons tous les deux des choses à nous dire.

Rick regarda autour de lui, se souvenant que n’importe qui pourrait intervenir et pour le bien de Théa, il ne fallait pas. Aussi décréta-t-il en avançant jusqu’au noble

Mais nous ne pouvons discuter ici pour le bien de ma cousine ! Nous serons mieux dans votre tente.

Et sans lui laisser la moindre chance de s’esquiver, maintenant qu’il tenait le coupable, il n’allait pas le laisser partir. Aussi une main sur son bras gauche, il l’entraîna d’une manière autoritaire jusque dans la tente qu’il venait de quitter. Il ne savait pas si c’était la sienne ou celle d’une jouvencelle qu’il venait de quitter. Il ne regarda pas l’intérieur non plus mais une fois dedans, il se retourna vers lui et lui dit

Messire Eragon, par votre faute, ma cousine est dans une très mauvaise posture ! J’attends donc de votre part des explications et je les veux céans ! Je ne partirais pas d’ici sans savoir quelles sont vos intentions vis-à-vis d’elle.

Rick n’avait même pas prit peine de voir si Alethea suivrait le mouvement ou pas. Pour l’heure, il fallait avoir une discussion d’homme à homme. Il attendait de savoir ce que l’homme lui réservait comme réponses.

Eragon.

Il fallût un peu de temps au cousin/chef de famille de se rendre compte que le bonhomme qui se présentait devant lui était ben le fautif. D'ailleurs le Poitevin aurait mieux fait de se la fermer plutôt que de demander si c'était bien de lui que l'on parlait. Mais c'était fait, et l'on y pouvait plus rien.

Ma cousine, détournez ce regard de cet individu qui a oublié jusqu’aux règles de la bienséance et ose se montrer en petite tenue face à vous.

La tenue legère du Héraut semblait déranger l'Auvergnat et si la situation aurait été moins tendu et qu'il n'aurait pas fait face a un diacre le Trémouillois lui aurait fait remarquer que la belle brune de Saint Yriex l'avait vu avec des tenues bien plus légères, inexistantes pour ainsi dire. Mais la, la situation ne s'y prêtait pas, mais dans le genre pas du tout..
Eragon essaya de jeter un regard vers Théa pour la sonder, chercher une réponse ou au moins un soutient mais à travers les mains de Rick, on y voyait goutte..

Vous êtes le dénommé Eragon c’est cela ? Je me présente Rick de la Serna Harispe, cousin de Damoiselle Alethea. Et je crois que nous avons tous les deux des choses à nous dire.

Eragon se gratta le menton, d'ailleurs il allait bientôt falloir qu'il passe sa barbe au couteau.. Oui bon il essayait de penser à autre chose que ce à quoi il allait falloir qu'il pense très vite. C'est qu'il avait pas prévu de prendre ce genre de décisions dans la précipitation..

Oui c'est bien moi, Eragon de Lisaran, Héraut du Poitou et Seigneur de l'île d'Yeu. Un homme très honorable en somme pensa t'il au fond de lui, du moins c'est ce que devait généralement laisser voir ses titres et fonctions.

Mais nous ne pouvons discuter ici pour le bien de ma cousine ! Nous serons mieux dans votre tente.

Il allait l'inviter à le faire car Théa n'avait pas son mot à dire dans cette discutions mais il n'en eut pas le temps puisque la jeune femme avait l'air de vouloir fuir au plus vite et qu'il s'était déjà fait entrainer dans sa propre tente par le cousin furieux.. c'était un comble il allait se faire engueuler dans sa propre tente..

Messire Eragon, par votre faute, ma cousine est dans une très mauvaise posture ! J’attends donc de votre part des explications et je les veux céans ! Je ne partirais pas d’ici sans savoir quelles sont vos intentions vis-à-vis d’elle.

Eragon s'assit sur la paillasse qu'il aurait mieux fait de ne pas quitter et répondit calmement au diacre.

Voyons, je ne veux pas faire porter la faute à votre cousine mais à ce que je sache pour pécher de cette manière il faut être deux et je n'ai en aucun cas violenté votre cousine pour ce faire. Même si je conviens que nous n'aurions pas du succomber à nos pulsions.

Puis se levant et faisant les cents pas dans la tente il continua

Et quand bien même j'aurais voulu réparer cet affront que je fais à votre famille, je ne le puis dans l'état actuel des choses. Non pas que l'envie n'y soit pas, au risque de m'enfoncer, j'aime Alethea, mais il me reste des formalités à terminer avant de pouvoir convoler en noces avec qui que ce soit.

Maintenant sortez je vous prie, je ne peux rien pour vous pour le moment.

Puis il reprit son point de départ, la paillasse.. dormir et réfléchir.. réfléchir plutôt que dormir..

Rick

Rick se doutait que son vis-à-vis était noble puisqu'il joutait mais il fut surpris qu'il soit aussi héraut du Poitou. Cela signifiait donc qu'il faisait respecter les règles de la noblesse et qui respect des règles, il ne poserait sans nul doute, aucun problème pour réparer le tort qu'il avait causé à Alethea. C'est en tout cas, ce qu'il avait fait comme déduction. Arrivés dans la tente, le Poitevin s'installa sur sa paillasse puis lui répondit.

Voyons, je ne veux pas faire porter la faute à votre cousine mais à ce que je sache pour pécher de cette manière il faut être deux et je n'ai en aucun cas violenté votre cousine pour ce faire. Même si je conviens que nous n'aurions pas du succomber à nos pulsions.

Certes Eragon, à ma connaissance et d'après ce que j'ai réussi à obtenir de ma cousine, il y a eu consentement de sa part. Ceci dit, ce n'est pas une raison.

Petit mouvement de recul de la part du diacre, lorsque le colosse se lève et commence à faire les cent pas.

Et quand bien même j'aurais voulu réparer cet affront que je fais à votre famille, je ne le puis dans l'état actuel des choses. Non pas que l'envie n'y soit pas, au risque de m'enfoncer, j'aime Alethea, mais il me reste des formalités à terminer avant de pouvoir convoler en noces avec qui que ce soit.

Maintenant sortez je vous prie, je ne peux rien pour vous pour le moment.

Rick fut outré par ces propos. Vraiment, il détestait cette noblesse qui se croyait tout permis. Il ne devait pas céder à Léviathan, prince de la Colère mais il la sentait là, au fond de ses entrailles et ce n'est que grâce à Aristote qu'il se retint de ne point lui mettre son poing dans la figure. Non seulement, il ne voulait pas l'épouser malgré ses sentiments vis-à-vis d'elle mais en plus, il le congédiait. Puisqu'il en était ainsi, il ne serait pas tendre.

Je vais partir, soyez sans crainte mais quitte à bouleverser l'ordre naturel des choses, je ne quitterai pas votre tente, sans vous dire ma manière de penser.

Rick soupira puis le regarda droit dans les yeux.

Messire Eragon, je ne sais pas ce qui vous retient de ne pas laver l'affront que vous fites à ma cousine. Si c'est d'un point de vue religieux, je peux toujours vous donner l'eau du baptême, vous donnant le droit d'épouser ma cousine. Si c'est un problème de noblesse, alors là, bien entendu je ne peux rien pour vous. Sachez cependant qu'il est hors de question pour moi que ma cousine reste ainsi. A cause de votre négligence, Thea va avoir du mal à trouver mari. Et si je ne savais sa passion pour servir son ordre, je n'hésiterais pas une seule seconde à la mettre au couvent. Et malgré ses dires, ce n'est pas au médicastre que je suis, que vous ferez croire qu'il n'y a aucun risque qu'elle ne porte le fruit de votre amour.

Le jeune homme secoua la tête et continua

Vous prétendez aimer ma cousine mais vous faites tout pour ne pas assumer vos actes. En tant que noble, vous auriez dû apprendre que l'amour physique entre un homme et une femme n'est toléré que sous la bénédiction du Très-Haut. Vous faites sûrement régner l'ordre dans la noblesse, de part votre position. Et pour ma part, je ne fais que transmettre la volonté divine aux brebis égarées que vous êtes. Je ne peux laisser ma cousine comme une bannie de la société. Je vais donc devoir vous trouver un remplaçant. Sachez que d'ores et déjà ma cousine s'est engagée à ne plus vous voir. Je vous serais de ce fait, gré, de ne pas chercher à la tenter et de la laisser expier ces fautes jusqu'à son prochain mariage.

Rick n'était pas pour autant un mauvais bougre. Il savait que l'erreur était humaine et sans la volonté de Tiadriel, il aurait sûrement tenté de ne pas comprendre le message divin, avant leur mariage. Il aurait sûrement succombé à la tentation. De plus, il avait vécu dans le pêché avant sa rencontre avec le Très-Haut. Il se devait donc de laisser une opportunité au couple d'amoureux. Tout en s'approchant de la sortie, alors qu'il avait levé le pan de la tente, il se retourna vers l'homme au torse nu et lui dit

Je suis chapelain à la Ste Boulasse, sise sur le domaine de ma soeur Korydwen et son mari Althiof, baron de Cournon. J'habite en outre à Montpensier. Si par hasard, vous changiez d'avis, faites le moi savoir. Je ne resterais pas inactif et je m'en vais de ce pas, chercher un époux convenable à ma cousine, pour qu'elle ne soit pas montrée du doigt. Sur ce, je ne vous salue pas car votre décision me déçoit beaucoup.

Et le jeune homme sortit en secouant la tête. Il espérait trouver sa cousine encore là, mais il était bien trop optimiste pour cela. Elle n'avait pas demandé son reste et s'était enfuie. Rick ne savait pas s'il devait en être heureux car elle tenait sa promesse vis-à-vis d'Eragon ou s'il devait être en colère car il n'avait pas fini sa discussion avec elle. Après petite enquête, il apprit qu'elle était partie. Il se décida à lui écrire une lettre

Citation :

Ma chère cousine,

Notre dernière discussion me laisse un goût amer en bouche. J'aurais voulu que cette nouvelle vous me l'appreniez vous même, sans que je ne découvre ceci par le fruit du hasard. Mais est-ce là le fruit du hasard ? N'était-ce pas là la volonté du Très-Haut que je sois enfin au courant ?

J'ai eu discussion avec votre amant. Il se dit amoureux de vous mais ne veut ou ne peut pas devenir votre époux. Je ne vous cacherais pas que cette réponse ne me satisfait pas. Sachez qu'à mon retour en Auvergne, je vous chercherais un mari qui accepte d'une femme qui ne soit plus de première fraîcheur.

J'aurais voulu vous voir à ma sortie de discussion avec Eragon pour vous faire subir un examen médical et être convaincu que vous n'êtes point porteuse du fruit de vos amours indélicats. J'en informerais votre futur époux de cette possibilité.

Je vous tiens au courant dès que je connais le nom de votre futur époux. Votre mariage se tiendra à la Ste Boulasse et j'ose espérer que vous ne ferez pas comme notre cousine Carmen, et que vous irez jusqu'au bout de votre expiation.

Je vous embrasse bien affectueusement,

Votre cousin,
Rick