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| 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn | |
| | Auteur | Message |
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Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 10:45 | |
| Enzo [20 juin 1461 dans la campagne] - « Mon commandant ? » - « Ehm ? » - « C’est votre père… » - « Quoi, mon père ? Il est ici ? » - « Non, il est… » - « Mais dites, ça ne doit pas être si terrible. » - « Il est mort, mon commandant. » - « Mort… ?» Enzo fixa le garde un instant, ne prenant pas tout à fait en compte les paroles qu’il venait de dire. Alcalnn mort. Ça n’était pas possible. Ça ne pouvait être qu’une erreur. Évidemment que c’en était une. Ça ne pouvait être autrement. Le jeune homme eut alors un petit rire, reprenant le geste d’affuter son épée comme si la nouvelle n’était qu’une mauvaise blague. Il ne savait même pas que son père était dans une des armées. Faut dire que le cadet du Chat n’avait que très peu de nouvelles depuis qu’il avait été renié. Mais il avait l’air encore en forme le vieux, au Pas d’Armes. Il secoua la tête et déposa de nouveau ses yeux vers l’homme qui se tenait toujours devant lui, se raclant la gorge pour attirer de nouveau l’attention du jeune capitaine.- « Oui ? » - « Il est vraiment mort, commandant… » - « Arrête la plaisanterie. Ça n’est plus dr….» - « Je vous assure que je ne ris pas, commandant. » - « Il est vraiment… ? » - « Mes condoléances, commandant… » Enzo regarda de nouveau le garde avant de le renvoyer d’un geste se laissant tomber au sol, pris au dépourvu. Silencieusement l’information arrivait jusque dans son cerveau et créait une forme de choc, dans l’esprit du jeune homme. Il avait fait le deuil de sa famille, quand cette dernière l’avait renié, et s’il ne voulait plus vraiment entendre parler de sa sœur, et qu’il détestait son père de l’avoir renié, mais aussi de ne pas reconnaître ses petits-fils, ça n’était plus pareil, maintenant qu’il était mort. Au combat. Dans le sud. Tout proche de là où il avait vu le jour. Le sud qu’il aimait tant. Enzo se demanda un instant ce que pensait vraiment Alcalnn de la Navarre. Sa main droite vint se crisper sur ses braies, tandis que le regard vert se portait vers l’horizon, un rien vide. Son géniteur était mort, et malgré toute la colère qu’il avait eu en lui, il se sentait vide, d’un coup. Comme si quelque chose venait de se briser et qu’il devait faire avec. Une sensation étouffante et envahissante qui fait monter les larmes dans les yeux, même quand on ne le veut pas. Et la main de se crisper plus fortement tandis que l’autre vient se glisser dans ses cheveux, le corps secoué. Le brave militaire normand était mort. Son père. Il n’aurait même pas la chance de se venger de ce qu’il lui avait infligé, parce qu’il était en désaccord avec son amour. La main dans les cheveux glissa vers son visage tandis que le souffle se saccade quelque peu. Ils n’avaient même pas eu le temps de se parler. Une dernière fois. S’excuser peut-être, même s’il ne regrettait pas ses choix. S’expliquer, pour une fois, au lieu de se disputer. Alcalnn avait été un connard avec son fils cadet, mais ça ne voulait pas dire qu’il ne méritait pas une belle mort. En se battant. Quoi de mieux que de mourir au combat pour le grand stratège et militaire qu’avait été son père. Le jeune homme eu un léger sourire avant de se décider à se relever, il devait éviter de montrer l’effet que la nouvelle lui faisait. Pour l’instant. [Un peu plus tard, le même jour, dans sa tente] Le gin avait apaisé. Un peu. Alors que l’information se plaçait où elle devait et qu’Enzo lui faisait de plus en plus face. Christopher n’avait rien dit. Il n’avait même pas dit ce ridicule « mes condoléances » qui n’aurait rien changé. Enzo n’avait pas vraiment envie d’en parler. De comment il se sentait. De ce qu’il regrettait peut-être. Il était resté seul, perdu. Évitant les gens où de dire ce qui le préoccupait. Ne pouvant pas porter le deuil au vu de la guerre, Enzo avait noué un bout d’étoffe violet, dans le genre brassard à son bras droit. Acceptant l’annonce qu’on venait de lui faire. Maintenant, si Enzo voulait lui dire au revoir, à son père, il faudrait qu’il le fasse avant que le corps ne soit transporté ailleurs. Hélène n’acceptera sans doute jamais la présence du jeune homme aux funérailles, et déjà qu’il supportait mal le fait qu’il ne puisse aller voir sa mère, enterrée au Mont, il ne pouvait imaginer ne pas prononcer un dernier adieu pour l’homme qu’Alcalnn avait été. Mais pas maintenant. Il n’était pas prêt. [Toujours dans la tente, le même jour, dans la nuit.] - « Bloody hell, Enzo, dites moi! »Enzo avait regardé sa femme un instant, laissant aller un soupir, tandis qu’il se sentait envahi par la tristesse. Il ne devrait pas pourtant. Après tout ce que lui avait fait Alcalnn, mais ça restait son père, et le jeune homme n’arrivait pas à être insensible à sa mort. - « ll est mort. Alcalnn est mort. » - « Oh. Je…Vraiment ? » - « Oui…Vous êtes soulagée ? » - « Oui. Enfin, non. Je… Je pensais qu'il s'agissait d'Asguéïr. Je pensais qu'il n'avait pas survécu à sa première semaine. » - « Je vous l’aurais dis avant… » - « Je suis désolé, Enzo. Vraiment. »Il avait haussé les épaules avant de se laisser prendre dans les bras par Gabrielle, la tête contre ses seins. Elle lui avait mis une main dans les cheveux, et l’avait réconforté comme elle avait pu. Comme toujours. Gabrielle avait toujours su être là pour Enzo, même quand il agissait comme un connard dans la même journée. Elle était la seule à pouvoir vraiment apaiser ses tourments. Son père était mort, et il n’y pouvait rien. Il fallait faire son deuil, et tenter de lui rendre hommage avant qu’il ne puisse plus. Demain, il irait rejoindre le campement de l’armée de Flavien. Nuit de merde. Vraiment. Enzo avait vu ses amis tomber sans pouvoir y faire grand chose, et il devait aller dire au revoir à son défunt père. La vie est parfois une vraie salope et le jeune homme avait du mal à voir l’intérêt de ces trois nuits à combattre sans succès à ne voir que ses hommes tomber, ses amis notamment. Enzo s’était donc changé, faisant une toilette rapide et venant attacher ces cheveux en catogan. Il s’était rasé, et avait fait briller ses bottes. Tentant d’effacer un peu aussi le massacre de cette nuit, du mauvais côté. Le sang. Un soupir sortit de sa bouche alors qu’il passait son pourpoint et l’attachait. Le plus propre qu’il avait avec lui, depuis ces six mois de mobilisation. Il sortit finalement de la tente et alpagua un garde qui se trouvait devant sa tente. Comme d’habitude, puisqu’il était le Capitaine d’une armée. Il lui demanda d’avertir Gabrielle qu’il partait dire au revoir à Alcalnn, puis s’éclipsa prenant la direction du camp de Flavien où le corps se trouvait sans doute, puisqu’on l'avait informé qu’il faisait partie de cette armée. C’est d’un pas mesuré qu’il arriva finalement au dit campement. Il lui faudrait aussi informer Liloia, si elle n’était pas déjà au courant. Pour le reste, il laisserait les autres en informer Hélène. Elle risquerait de le prendre plus que mal si c'était Enzo qui le lui annonçait. Il soupira un peu, puis glissa une main dans ses poches avant de faire le tour du campement, cherchant quelqu’un qui pourrait l’aider à trouver le corps inerte de son géniteur. Il attrapa finalement un garde qui passait par là.- « Je cherche une certaine… Korydwen. C’est à propos de mon pè…D’Alcalnn. » Trad. Titre : Qu'il repose en paix
Paroles avec l'accord de JD Gab. | |
| | | Korydwen Baronne
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| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 21:53 | |
| Korydwen
Matin du 18 juin 1461
Il est des nuits particulièrement sanglantes et qui laissent un goût amer au fond de la gorge des Hommes. Korydwen avait l'impression que ce genre de nuit ne cessait pas et qu'elle se répétait sans cesse. Le premier assaut fut catastrophique pour sa section, deux pertes, deux hommes. Elle se sentit si mal de ne pas avoir pu être là pour ses hommes, elle leur avait dit qu'elle les ramènerait tous en un seul morceau au campement... Sauf que Korydwen avait oublié une chose, à la guerre les promesses peuvent disparaitre et se transformer en fumée. Le petit matin avait été dédié à la recherche des deux hommes, alors que le premier fut trouvé blessé et rapatrié vers la ville la plus proche à savoir Muret, le second était introuvable et terriblement muet.
Les heures s'écoulaient, le soleil montait dans le ciel, la fatigue l'assomait, elle cherchait, appelait mais pour seule réponse elle eut le cri des oiseaux. Voilà qu'elle l'avait trouvé son homme, gisant là, par terre. Elle se pricipita vers lui, manquant à plusieurs reprises de s'entraver les jambes dans les corps d'autres personnes. Elle se laissa tomber à genoux et observa, les blessures étaient profondes, elle commença à légèrement paniquer, penchant son oreille au dessus de la bouche de l'homme que fut Alcalnn, mais rien... Pas un souffle, pas le moindre petit soufflement. Posant ses mains sur le bras droit de l'homme elle commença à le secouer.
Alcalnn ! Alcalnn ! Je vous en conjure répondez-moi ! Ne serait-ce qu'un clignement de l'oeil !
Malheureusement rien... Rien du tout à part le silence morbide et le croassement d'un corbeau. Alcalnn n'était plus, elle était arrivée bien trop tard. Se relevant et esquivant un pas en arrière, elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.
Pardonnez-moi... Je suis désolée... Je suis arrivée trop tard.
Alors qu'elle se relevait, un homme arriva en courant jusqu'à elle.
Korydwen !! Korydwen !! Votre époux ! Il veut vous voir ! Il s'inquiète pour vous. J'arrive... Mais d'abord aidez-moi à porter Alcalnn jusqu'à sa tente.
Et de se trouver de la force là où elle pensait ne plus en avoir, alors qu'elle saisissait les pieds d'Alcalnn et Basil, un serviteur le prit par le buste, elle reviendrait chercher l'épée et le reste plus tard. La traversée du campement se fit dans le plus grand silence, les gens n'étaient vraisemblablement pas trop de sorties, ils se comptaient ? Korydwen n'en savait rien. Alcalnn fut allonger sur sa couche et Korydwen lui ferma les yeux.
Reposez en paix... Vous étiez un grand homme de guerre, je suis persuadée que vous fûmes vaillant cette nuit.
Elle se retira doucement de la tente à reculons, s'inclinant devant l'homme. Elle se dirigea ensuite vers la tente de Flavien pour l'informer de ce qui s'était passé cette nuit là. Elle se sentait terriblement étrange, comme si...
Se glissant jusqu'à sa tente, retrouvant là son époux, elle trouva refuge dans ses bras et elle lui conta... Tout, il n'avait rien demandé, mais Korydwen avait besoin de lui, de son pillier, de cet homme sans qui sans doute aucun, elle ne serait plus là. Il fallait annoncer la nouvelle ? Eléa lui avait parlé d'Hélène, qu'Hélène la fille du chat était en Bourbonnais-Auvergne, sans doute avec Albine... Korydwen écrirait donc à Albine pour l'en informer, il serait sans doute moins dramatique de l'apprendre ainsi, elle ne se voyait pas écrire à Hélène pour lui dire "votre père n'est plus"... La situation était délicate, elle avait des responsabilités. Mais pour l'heure, elle avait surtout besoin de sommeil, c'est d'ailleurs debout à moitié dans les bras de son époux qu'elle s'endormit, pour se réveiller bien des heures plus tard sur une couche de foin, sous une couverture, le regard bienveillant d'Althiof posé sur elle. Elle lui demanda si elle avait rêvé tout ça... Mais non, rien... C'était vrai, terriblement vrai.
Les jours et les nuits se succédèrent jusqu'à ce qu'au matin du 21 juin, un garde arriva bien vite.
Korydwen ! Korydwen ! Hum ? Un homme vous demande ! Et ? T'a-t-il dit ce qu'il voulait ? Oui, c'est à propos... Euh... D'Alcalnn ! J'arrive.
Elle quitta rapidement sa tente où elle rédigeait moulte missive pour le Bourbonnais-Auvergne, Albine, Thibantik, son fils Timothée et il lui fallait encore répondre à une missive d'Aigue. Elle suivit le garde jusqu'à un homme.
Messire. Vous souhaitez me voir ? | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 21:54 | |
| Enzo
Il attendait. Silencieusement. Observant légèrement autour sans vraiment porter attention à ce qui s’y trouvait. Dominant tout le monde ou presque du haut de son mètre quatre vingt quinze, il observait un peu les soldats. Ne connaissant pas la plupart. Tous nobles ou presque à ce qu’il avait compris. Flavien dirigeait l’armée des nobles ayant répondu à la levée de ban. Tout du moins, c’est ce qui c’était dit. Le jeune noble, n’était pas plus au courant que ça de la chose. Et à vrai dire, en ce moment même, ça n’avait pas beaucoup d’importance pour le jeune Capitaine. Il n’y avait que cette triste nouvelle qui venait le perturber. Nouvelle qu’il devait accepter et signifiait beaucoup. Trop peut-être. Car la mort d’Alcalnn sonnait aussi la séparation complète entre lui et les membres de sa famille. Car si c’était déjà un peu le cas, le jeune homme espérait toujours que son père le laisse parler un jour. Qu’ils puissent avoir une discussion d’homme à homme et lui montrer comme il aimait Gabrielle. Même s’il ne devait pas. Et surtout qu’il reconnaisse ses deux petits fils. Eyquem et Asguéïr. Maintenant, il était trop tard. Hélène et Hervald l’oublieraient entièrement, comme s’il n’avait jamais existé. Au moins, Alcalnn ne l’avait pas totalement oublié. Le jeune homme soupira de nouveau, glissant une main dans ses cheveux. L’amener au Mont serait indécent, vu l’odeur que le corps prendrait à être transporté sur ce long trajet. Mais tous aussi indécent serait de ne rien faire, au vu de tout ces soldats qui voudront sans doute dire au revoir à leur frère d’armes. Enfin, c’est ce que s’imaginait le jeune homme. Pour sûr, il ne pourrait pas s’y rendre, aux funérailles.
Il posa son regard vers l’horizon, tandis que des soldats semblaient s’occuper à préparer leurs affaires pour le prochain assaut de la nuit. Ça semblait long, au jeune homme, avant que la femme ne se ramène et pourtant ça n’avait sans doute pas pris tant de temps. Quelques minutes tout au plus. Mais tout semblait si long à Enzo depuis la nouvelle. Le jeune homme ne pensait pas que sa mort lui serait aussi douloureuse. Il se sentait triste, et pourtant, la mort est quelque chose qu’on apprend à gérer, quand on décide de devenir militaire. Il soupira un peu. La perte. Ce que cela représentait. Le souvenir de l’enterrement de sa mère, Nennya. Il secoua légèrement la tête avant de porter son attention sur une dame qui venait vers lui, accompagnée du garde qu’il avait alpagué juste un peu avant. Ainsi, ça devait être le chef de section avec qui combattait Alcalnn. Le regard vert du jeune homme se posa un instant sur la personne. Korydwenn. Il l’avait entrevue déjà. Il ne savait plus si c’était en taverne ou autour d’un feu de camp. Charmante dame selon ce qu’il avait pu constater. Il inclina légèrement la tête.
- « Enzo. Je ne sais pas si vous rappelez de moi. Ehm. Je souhaite vous voir, à propos d’Alcalnn…. »
Le jeune homme se tut un instant, regardant autour de lui avant de reporter son attention sur Korydwenn. Il aurait bien aimé que Gabrielle soit là, pour lui tenir la main et l’encourager, mais pour l’instant il était seul.
- « C’est…C’est…mon père. »
Un léger soupirede quitter les lèvres d’Enzo avant que les yeux ne se baissent sur ses bottes. Un instant, puis de les remonter, parce qu’il n’y avait aucune honte à être le fils cadet du Chat. Même si on avait été renié par ce dernier, pour un désaccord à propos d’un mariage. Et ça n’était pas le moment de penser à toutes ces histoires, mais d’honorer la mort d’un brave homme.
- « J’aimerais le voir, et lui faire mes adieux. Je pense que d’autres voudront faire de même. Ne sachant pas ce que les autres membres de ma famille voudront faire du corps, j’aimerais avoir la possibilité de lui faire un petit quelque chose. Ici, au campement. En l’honneur de l’homme qu’il fut… » | |
| | | Korydwen Baronne
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| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 21:54 | |
| Korydwen
Korydwen cligna des yeux plusieurs fois, il est vrai que la silhouette de l'homme lui disait quelque chose, mais avec la fatigue accumulée et l'état de nerf dans lequel elle se trouvait face à des évènements qu'elle ne maitrisait en aucun cas, sa mémoire marchait au ralenti. Puis soudain, l'homme lui dit son nom et là la mémoire de Korydwen se réenclencha et tout devint limpide ou presque. Enzo, elle l'avait croisé un soir au feu de camp, le soir même où elle discutait avec une dame dont la réaction fut très violente quand elle expliqua à Sofio ou quelqu'un d'autre qu'il manquait Alcalnn dans sa lance. Après, elle n'avait pas cherché plus loin, elle avait juste tâché de défendre le défunt, qui n'était pas encore défunt à ce moment là. Et puis le changement de sujet, l'arrivée subite d'Enzo. Voilà, elle pensait avoir retrouver le cadre de la situation.
Enzo, oui, cela me revient... Pardonnez-moi de ne point vous avoir reconnu.
L'homme se tut et Korydwen attendit et là... Les trois mots claquèrent à son oreille comme un fouet aurait claqué contre sa joue, ainsi Alcalnn était son père, elle ignorait qu'il eut un fils et encore moins qu'il se trouvait être ici-même à la guerre. Eléa ne lui avait parlé que d'une fille. Et là, Korydwen ne sut que dire... Laissant son instinct maternelle sans doute prendre le dessus, elle osa et posa sa main sur l'épaule d'Enzo, espérant qu'il ne prendrait pas mal ce geste un peu familier.
Je suis très sincèrement désolée...
Qu'il est compliqué de faire face à une disparition et bien que cela soit dans la logique des choses, perdre un proche est quelque chose dont on ne peut jamais être prêt. Elle retira ensuite sa main et l'écouta terminer par une demande toute légitime. Elle tâcha de lui sourire même si pour le coup, ce n'était pas chose aisée.
Mais bien entendu. Je ne puis m'opposer à pareille volonté. Alcalnn repose sous sa tente... J'ai tenté de récupérer ses affaires, enfin les restes de son épée et de bouclier... Je ne sais si cela avait une valeur aux yeux de sa famille.
Korydwen avait fait tout ce qu'elle avait pu et ce qu'elle aurait aimé que l'on fasse si elle s'était retrouvée à la place d'Alcalnn.
Voulez-vous que je vous mène jusqu'à sa tente ? Avez-vous besoin d'une aide quelconque pour l'organisation de votre petit quelque chose ?
Là était la moindre des choses qu'elle pouvait faire, elle s'en voulait de n'avoir su protéger correctement un membre de sa propre section. | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 21:55 | |
| Enzo
Le regard vert se fixe un instant sur cette main qui se pose sur son épaule. Il n’a jamais aimé la promiscuité avec des inconnus. Sauf celle qu’il décidait. Avec les catins, par exemple. Et même. Ça n’était qu’une promiscuité professionnelle. Le temps de. Il ne dit rien, pourtant. Peut-être parce que cette main lui semblait douce et réconfortante. Peut-être en avait-il besoin, après tout. Il ne savait pas bien, mais Enzo offrit un léger sourire à Korydwen. Elle ne devait même pas connaître son existence, comme la plupart des gens entourant la famille Blackney en ce moment. Ou ils n'auraient entendu qu'inepties sur le fils cadet du Chat. Puisqu’il avait épousé une femme dont sa famille ne voulait pas, leur union était devenue une infamie, et Enzo avait perdu son héritage. Le jeune homme se demanda un instant si son père aurait compris un jour l’amour qui le reliait à Gabrielle. Que ça n’était pas seulement une question de rébellion ou de quoi ce soit d’autre. Oui, il n’était pas le mari parfait. Ni le frère ou le fils parfait. Reste néanmoins qu’il n’avait toujours pas compris les motivations de son père pour le renier. Et surtout pourquoi n’avait-il pas préféré discuter avec son fils, plutôt que de publier une lettre dont le contenu n'était parvenu aux oreilles d’Enzo que plusieurs semaines après qu'elle ait été mise en affiche, comme si cela devait être su de tous et chacun. Ceci dit, ça n’était pas le moment de repenser à toute cette histoire. Surtout que maintenant, ça ne faisait partie que du passé.
- « Mercé. En ce qui concerne ses affaires, veuillez voir avec Hervald et Hélène. Je n’y toucherais pas.
Il pourrait pourtant. Un peu. Mais il ne le ferait pas. On ne pourrait pas lui reprocher ça, au moins, au jeune capitaine. Il laisserait son frère et sa sœur s’occuper des affaires d’Alcalnn. Lui, il ne voulait qu’avoir la chance de lui dire au revoir. De peut-être toucher la main froide de son père, et de lui embrasser le front. Lui dire quelques mots. Rien de bien exceptionnel.
- « J’aimerais que vous m’y ameniez, oui. J’imagine que de trouver un homme d’Église de notre côté en ces temps sera compliqué. Des chandelles au moins. Pensez-vous pouvoir vous en procurer? J’aimerais aussi, si d’autres veulent se recueillir et dire quelques mots, qu'ils puissent venir. Je crois tout de même qu’il est préférable de laisser le corps sous la tente… »
Il parlait d’une voix neutre, tentant de ne pas démontrer ce qui l’agitait. Ne rien faire paraître ou le moins possible. S’occuper de ce qui doit. Il aurait préféré faire bouger le corps vers l’extérieur et faire une petite cérémonie, même si pas religieuse, mais il n’osait trop en demander. De plus, ceux qui connaissaient Alcalnn pourraient aller aux obsèques, et n'auraient pas à s’enquiquiner pendant que le fils cadet du Chat dirait quelques mots « non-officiels. ». Enfin, il sourit de nouveau à Koydwen, après tout, il ne fallait pas se laisser abattre. Il posa une main sur l’épaule de la femme, comme elle l’avait fait pour lui. Geste un rien symbolique.
- « Si vous avez une idée, ou la moindre envie, vous pouvez. La guerre ça n’est pas facile pour personne, mais si vous avez envie de faire vos adieux à l’homme qu’il fut aussi, n’hésitez pas. Allez-vous contacter Hélène et Hervald? Liloye, est aussi membre de notre famille… Mais je m’occuperais de cette dernière… » | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 21:55 | |
| Korydwen
Korydwen attendait, prête à prêter une oreille, accorder un peu de son temps à cet homme qui venait de perdre un père. Elle n'avait jamais vraiment su ce que cela faisait de perdre un père. Son frère l'avait baratiné encore et encore sur la méchanceté de leur père, mais Korydwen ne voulait y croire et puis de toute façon, elle ne l'avait jamais connu et puis sur certaine chose son frère était borné.
Très bien.
Elle se contenta de hocher la tête, allant de découverte en découverte, un autre frère, elle ne se souvenait pas avoir entendu Eléa lui en parler, mais peut-être avait-elle tout simplement oublié ce que sa fille lui avait raconté il y a cela des années, lorsqu'elle revenait du Mont.
Un homme d'Eglise, je crains qu'hélas, il soit compliqué d'en trouver un. Néanmoins... Une prière fort simple soit elle pour le guider vers la lumière peut-être réciter.
Elle avait la chance ou pas d'avoir un frère curé, cependant jamais elle n'avait eu l'occasion d'assister à la préparation d'une messe funèbre ou de tout autre chose de funèbre.
Bien sur, je trouverai des chandelles.
Elle pouvait faire cela, et même si elle devait retourner le campement, questionner chacune des personnes de l'armée, elle le ferait, parce qu'il était important. Important de faire "plaisir" dans ces cas-là, même si le terme n'était guère approprié à la situation. Elle lui sourit en sentant sa main sur son épaule.
Je pense que pour les autres, un garde pourrait faire le tour du campement pour les prevenir. Ainsi cela serait discret, mais tout le monde serait prévenu.
Il ne servait à rien d'huler à tue-tête qu'un mort reposait sous sa tente. Il avait le droit au repos et à une discretion.
Une veillée funèbre avec quelques cierges et une simplicité due au campement militaire, je pense que cela irait au personnage qu'il était. J'ai écris à Albine ma cousine, Eléa ma fille m'a dit qu'elle était avec Hélène. Elle préviendra Hélène, j'imagine qu'Hélène préviendra Hervald. Allons-y.
Doucement, elle précéda Enzo et le guida jusqu'à la tente de son père, elle apostropha au passage Basile et lui demanda de partir avec un peu d'avance en quête des chandelles. Une fois devant la tente, elle en écarta doucement le pan et lui fit signe d'entrée.
Voilà... Avez-vous besoin que je reste ou je puis commencer à chercher les chandelles ?
Soit elle partirait chercher les chandelles, soit elle resterait non loin de la tente et réfléchirait à des prières. | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 21:56 | |
| Enzo[Campement de l'armée de Flavien. Tente du défunt.] Les yeux verts posés sur le visage de Korydwen, Enzo eu plusieurs hochement de tête successifs en guise de réponse à ce que lui énonçait la femme qu’il connaissait à peine, et avec qui il partageait un peu de sa peine, même s’il ne le montrait pas réellement. Elle était là, elle lui parlait, un peu hors du temps, un peu hors contexte. Il ne l’avait pas encore vu, et tout cela semblait encore flou pour le jeune homme. La réalité le rattraperait bien assez vite, mais pour l’instant il s’accrochait à ce qu’il entendait, voyait, sentait. Il avait eu le moment d’incompréhension, où on ne sait pas bien. Où on n’y croit pas. À cette perte douloureuse. Un second deuil, pour le jeune homme. Le choc et le déni. S’en suit du moment où l’information fait son bout de chemin, et que nous devons y faire face. Dans la colère, la retenue, les larmes, l’angoisse. Un moment de révolte contre le monde entier. Une envie de vomir et de tout saccager. Et ça bouillait à l’intérieur du fils cadet du chat. Une angoisse profonde qui venait le tenailler, l’étouffer, le ronger tel un kraken venant serrer ses tentacules autour du petit bateau. Fragile et irritable. Une envie de reprocher tous ses soucis au monde entier, d’emmerder Dieu, l’Église et cette putain de guerre. De leur casser la gueule à tous et d’aller se saouler jusqu’à finir comateux entre les bras d’une autre que sa femme. Et pourtant il ne dit rien. C’est un profond mutisme qui envahit le jeune Enzo qui tente de garder le contrôle sur la situation. Il sait ce que ça fait, quand il perd le contrôle. Ca n'est bon pour personne. Ni pour lui, ni pour ceux gravitant autour de lui. Et bien qu’Alcalnn soit son père, il ne mérite pas que son fils cadet se foute autant en l’air, lui, son mariage, ses amis et tout ce qui lui importe. Alors le jeune homme soupire un peu, ferme les yeux un instant et les pose finalement de nouveau sur son interlocutrice. - « Ça ira. Des chandelles et une prière. Une veillée simple. »Un léger hochement de tête. Méthodique. Garder de la distance. Un peu. Encore. Le contrôle. Plus le moment le rapproche de la vérité, plus Enzo sent cette compression dans son estomac se resserrer de plus en plus. Il suivit ainsi Korydwen, qui devenait une forme de soutien à cet instant présent. Elle ne le savait peut-être pas, mais elle était le guide du jeune Blackney déchu, face à ce qu’il devait accepter. Le calme qu’il tentait d’avoir depuis le début n’était plus que poussière, et c’est l’homme fragile et anxieux qui se relevait un peu plus, à chaque pas vers la vérité. Vers la tente du défunt. Et pourtant, Enzo ne voulait pas le montrer, ça. Pas ici. Pas maintenant. Pas devant elle peut-être. Il ne savait pas très bien. Il ne montrait que si peu ses sentiments, et il était si avare des mots, qu’il était difficile de discerner vraiment ce à quoi il pensait, et d'imaginer qu’il puisse ne pas être qu’odieux. Seul certains avaient percé la carapace du jeune noble, mais seule Gabrielle avait pu le voir pleurer. Il soupira quelque peu, rendu devant la tente, hésitant à y pénétrer alors que la femme venait de tirer le pan du cercueil de son père. Il fallait y aller. Enzo ferma les yeux un instant, sentant ses poings se crisper, et il prit une respiration longue et profonde avant d’ouvrir de nouveaux les yeux.- « Restez, je vous prie. J’aimerais toutefois y pénétrer seul. Quelques minutes. »Et sans vraiment attendre de réponse, le jeune homme pénétra sous la tente, la boule au ventre, les yeux un rien embués, même s’il nierait si quelqu’un le voyait. Il prit de nouveau une longue et profonde respiration avant de s’approcher un peu plus du corps, déposant un genou à terre, une main venant se glisser dans celle froide de son défunt père. Ainsi il était mort. Définitivement. C’était vrai et il le voyait. Ses doigts se crispèrent quelque peu sur la main du défunt, tandis qu’Enzo serra les dents pour s’éviter de chialer. Un soupir et d’aller déposer ses lèvres sur le front de son géniteur. Il avait beau l’avoir renié, Enzo restait son fils et Alcalnn restait le père d’Enzo. Il lâcha la main glacée du paternel et vint joindre ses mains, fermant les yeux un instant, appuyant ses coudes contre la couche, en signe de prière.- « Père… Pardonnez-moi mes offenses, d’où que vous soyez. Pardonnez-moi de ne point avoir été le fils idéal. Sachez, de là où vous êtes, que je ne vous ai jamais renié. Détesté, parfois, mais vous avez toujours été mon père. Pardonnez-moi d’aimer celle que je ne devrais pas. Regardez-moi être fier de vos petits-enfants et de les aimer comme il se doit. Voyez bien que ça n’est pas qu’une révolte à l’interdit, père. Je l’aime. Plus que tout au monde. Et mes fils sont ma plus grande fierté. Protégez-les. Je vous aime père. Que votre âme s’apaise dans le paradis lunaire. » Et le jeune homme d’embrasser de nouveau le front de son père avant de se lever, le cœur lourd. Il déglutit et retourna à l’entrée la tente, un instant.- « Je suis prêt pour la veillée. »Ça n’était là pas grand chose, mais ça disait ce qu’il fallait. Tout du moins, pour l’instant. Et Enzo d’aller essuyer du bout de la manche quelques larmes qu’il tentait de cacher. Fort il devait être. - « Il faudrait penser à l’embaumer, avant. Je me chargerais de ça…pour que ça soit fait rapidement. J’enverrai de mes gardes personnels surveiller la tente. Au cas où nous devions bouger. Que personne…que personne n’ose dépouiller le corps. » | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 21:57 | |
| Gabrielle_montbray
« No tears For the life that he has led, He has had angels in his head. Did he hear them singing in the end? All the things that he has seen, All the things that could have been. Well he has been everything he wanna be. So no tears, no tears, no tears for him.
Cause someone somewhere's going home tonight Trying to understand the sacrifice. So save your tears for those left behind. » - James Blunt, No tears (passé du « me » - moi – au « he » - il) -
- Au même moment, au même endroit, montage parallèle toussa -
Alcann Blackney, Duc de Mortain, Vicomte du Mont-Saint-Michel et Baron de Saint-Paer n’était plus. Enzo lui avait annoncé la veille. Elle avait remarqué le brassard violet à son bras. Elle avait bien supposé qu’il ne marquait pas le deuil pour le Roy de cette manière si personnelle, aucune de leurs hommes proches n’étaient morts au combat. Mais elle n’avait rien demandé. Pas en public. Il est des choses qui ne doivent être évoquées qu’en privé et du bout des lèvres. Gabrielle avait d’abord pensé que leur fils n’avait pas survécu à sa première semaine de vie et qu’Enzo attendait qu’ils soient seuls pour lui annoncer. Mais Asguéïr allait très bien. Elle l’avait consolé, caliné, avec pudeur et retenu, elle n’avait rien dit d’autre que « je suis désolée ». Et elle l’était, sincèrement. Pour lui, le fils renié. Le fils incompris. Le fils mal aimé. Qu’Alcalnn soit mort, elle s’en foutait bien. Elle haïssait deux personnes en ce Royaume. Le Duc et sa fille. Le père et la sœur d’Enzo. Ils avaient abandonné leur fils et leur frère. Ils avaient fait courir des rumeurs malsaines et indécentes sur elle. Sur lui. Ils avaient oublié un des leurs. C’était tout à fait impardonnable pour Gabrielle. Alors qu’Alcalnn soit mort, oui elle s’en foutait bien. Pourtant, elle n’arrivait pas à s’en réjouir. Par respect pour la tristesse et le trouble qu’elle devinait chez son mari. Il n’avait rien dit, rien montré, pourtant, mais elle savait. Mais il y avait autre chose. Une chose qu’elle taisait. Même à Enzo. Le seul pourtant qui aurait pu l’entendre. Alcalnn mort c’était le dernier lien avec son propre père qui mourrait. Son père, celui dont elle ne parlait jamais. Dont elle ne prononçait plus jamais le nom. William Blackney. Pour Gabrielle, le seul et unique véritable Blackney, celui dont le sang coulait dans ses veines. Celui qui avait aimé Alcalnn, qui avait été son mentor et son modèle. Et de tout cela, il ne restait plus rien, juste des souvenirs qui venaient de disparaître avec le père d’Enzo. Le cousin de Gabrielle. Par le sang liés.
Elle ne connaissait pas les intentions de son mari concernant la dépouille, elle ne savait pas non plus s’il serait content de la voir. S’il avait besoin d’elle. S’il préférait être seul. Mais quand le garde vint la prévenir, il sembla à Gabrielle que sa place était là bas. Sans bien savoir comment elle serait accueillie. C’est d’un pas tranquille qu’elle se dirigea vers le campement de l’armée dirigée par Flavien. Elle savait qu’Alcalnn était dans la section de Korydwen, qu’elle avait rencontrée déjà. Une femme bien à ce qui lui semblait. A force de questionnements aux hommes qu’elle croisait, elle arriva en vue de la chef de section. Gabrielle eut un moment d’hésitation en avançant vers elle. Comme la vie est parfois une vraie raclure, la seule discussion que les deux femmes avaient eu étaient arrivée alors qu’Alcalnn et un autre manquait à l’appel. C’est là que Gabrielle avait découvert que le Duc était si proche et que ni Enzo ni elle ne le savaient. C’est là qu’elle avait dit que s’il pouvait ne pas revenir, le monde ne s’en porterait pas plus mal. Des pensées et des mots violents qui semblaient si déplacés maintenant que la chose était avérée.
- Le bonjour, Dame. Enzo, mon mari, m’a fait prévenir. C’est pour lui que je suis venue.
Oui, pour lui, mon mari. L’homme que j’aime. Pas pour honorer celui qui me haïssait. Celui qui m’a dit que j’étais une abomination. Celui qui m’a fait enfermer dans un prieuré pour le salut de mon âme. Celui qui ne me pardonna pas de lui avoir pris son fils. Celui qui refusa d’entendre et d’écouter. Celui qui ne fut que courroux et rejet. Non, ça n’était pas pour lui qu’elle était là ce matin. Pas pour lui non plus qu’elle souleva doucement le pan de la tente. Elle vit à peine le corps allongé, pâle et froid. Elle ne vit rien d’autre qu’Enzo à genoux, les mains jointes, les yeux clôts. Elle n’entendit rien de ce qu’il disait à celui qui fut son père. Elle ne sut pas que les dernières paroles qui furent envoyées à Alcalnn par son fils contenaient la déclaration de son amour pour elle. Pour leurs fils. La réaffirmation qu’il avait fait son choix et qu’il ne le regrettait pas. Non, Gabrielle ne sut rien de tout ceci. Enzo n’avait pas besoin d’elle, pas tout de suite, elle ne devait pas voir ça, il n’aimerait pas peut-être. Puisqu’il ne l’avait pas vu, elle referma la toile sur Enzo et ses adieux. Un petit sourire à Korydwen avant de s’éloigner, juste un peu, pour ne pas gêner, ne pas encombrer. Mais elle était là. Parce que là était sa place. Juste un pas derrière. Dans son ombre.
Comme toujours.
Traduction de la citation :
Pas de larmes Pour la vie qu’il a menée, Il a eu des anges dans la tête. Les a-t-il entendu chanter à la fin ? Toutes les choses qu’il a vues, Toutes les choses qui auraient pu être. Eh bien, il a été tout ce qu’il voulait être. Donc, pas de larmes, Pas de larmes Pas de larmes pour lui.
Parce que quelque part, quelqu'un rentre chez lui ce soir Essayant de comprendre le sacrifice Donc épargne tes larmes pour ceux qui restent. | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 22:15 | |
| Korydwen
Devant la tente.
Le temps prenait une drôle d'allure dans ces moment là, il semblait être si long et pourtant si court à la fois, comme si ils se trouvaient être ailleurs et non plus en temps de guerre, comme si la guerre n'était qu'une vieux souvenir, comme si les combats n'avaient plus lieux depuis des jours alors que la nuit précédente elle avait été sur le champ de bataille et que la nuit à venir allait lui être fatale... Mais ça, elle l'ignorait.
Elle le laissa pénétrer dans la tente et resta en arrière, sa place n'était pas à l'intérieur, sa place était ici, elle veillerait à ce qu'il ne soit par perturbé qu'il puisse profiter pleinement de ce moment intime avec son père. Parce qu'un père restait toujours un père quoi qu'il ait pu faire ou dire. En toute proportion gardée, Korydwen ignorait ce qu'il aurait pu se passer si son père elle l'avait connu... Mais il l'avait condamné bien avant sa naissance. De son père elle ne connaissait que les récits de son frère, des récits animés de haine. Alors qu'elle songeait à sa propre histoire et sa propre vie, une dame arriva.
Le bonjour, Dame. Enzo, mon mari, m’a fait prévenir. C’est pour lui que je suis venue. Bonjour. Je vous en prie.
Korydwen la laissa passer et s'effaça, dans sa phrase Korydwen comprit d'avantage de chose sur la relation que avaient pu unir autrefois les trois personnes. Korydwen espérait qu'elle et son époux seraient assez forts pour accepter les amours de leurs enfants et ce quelque soit la personne. Alors qu'elle attendait dehors, elle vit que Basile était de retour avec de nombreuses chandelles !
Basile ! Tu as dévalisé le campement ! Bein c'est qu'j'n'savais pas combien qu'il en fallait ! Parfait. Nous n'avons plus qu'à attendre qu'ils sortent pour tout préparer.
Alors qu'elle attendait dans le silence le plus complet avec Basile aux bras chargés de chandelles, Enzo s'approcha de l'entrée de la tente.
Les chandelles viennent d'arriver.
Korydwen montra Basile aux bras chargés. Il lui parla d'embaumement. Mais Korydwen n'y connaissait rien et fut ravie d'apprendre qu'il s'en chargerait.
Je vous laisse donc faire. Personne ne dépouillera son corps ou il lui en coûtera la vie. Avez-vous besoin de quelque chose pour l'embaumer ? Je n'ai jamais pratiqué alors je ne pourrai pas réellement vous être d'une grande aide.
Korydwen attendait donc la suite des évènements, elle le laisserait préparer la dépouille et resterait non loin en cas de besoin, elle prierait, elle serait là pour eux. Les champs de bataille liaient des gens d'une façon bien étrange et laissaient des souvenirs impérissables dans le temps.
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| | | Korydwen Baronne
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| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 22:15 | |
| Enzo[ - Quelques heures plus tard. Veillées funèbres. ] Elle était là. Gabrielle. Sa femme. Et bien plus que ça. L’anneau qui les unissait pour le meilleur et pour le pire n’était qu’un symbole. Un lien qui les tenait tout deux, jusqu’à ce que la mort les sépare. Mais leur histoire était bien plus que cet anneau et ce mariage. Il allait au delà de tout ce que pouvait penser les gens. De tout ce qu’avait pu penser son père. Cette infamie, avait-il écrit une fois à son fils, en parlant de l’amour qui les tenait, Gabrielle et lui. Comme s’il avait retourné la fille du fermier, et qu’il l’avait mariée. Alcalnn n’avait jamais compris ça, même quand son cadet avait tout abandonné, pour elle. Famille, héritage et nom. Les doigts vinrent se mélanger à ceux de sa femme, et de serrer légèrement cette étreinte discrète. Fermer les yeux. Profiter de sa présence réconfortante. De l’apaisement qu’elle lui procurait à être là, avec lui, malgré le reste. Ils n’en avaient pas vraiment parlé, tout les deux. Enzo n’osait pas, ne sachant pas si Gabrielle ressentait tout comme lui ce vide qu’il lui semblait impossible à combler. Moindre que ce jour funèbre du décès de sa mère, mais tout de même présent. Un lien de sang venait d’être brisé. Celui qui avait été érigé en emblème pendant des années, et qu’Enzo avait vu comme son protecteur. Son père. Il avait tout fait pour plaire. Pour être le petit garçon parfait. Alors que dès petit, il était capricieux et fuyard. Et puis il y avait Hervald. Puis ensuite Hélène. Tous deux préférés au cadet. Et Alcalnn était un militaire, toujours parti à la guerre. Le jeune homme ouvrit de nouveau les yeux, tentant d’afficher un sourire à sa femme, puis à Korydwen. Elle aussi, était là. Pour lui. Pour eux. Étonnante relation qui semblait se construire autour d’un deuil commun. Pas tout à fait identique, mais commun tout de même. Il l’appréciait, cette femme qu’il connaissait à peine et qui semblait connaître peu son père, mais était tout aussi présente que si elle avait été une amie proche. C’était rassurant et agréable. Et le jeune homme ne trouvait pas du tout qu’elle faisait tâche dans le décor. Aucunement.
L’embaumement avait été fait et le corps ainsi préparé éviterait la décomposition rapide, le temps qu'il puisse être rapatrié là où son frère et sa sœur le décideraient. Ceci n’était plus son affaire à lui. Il faisait tout ce qu’il pouvait maintenant pour la préservation du corps, et que l’âme puisse s’élever vers le paradis lunaire. Le reste n’était plus de son ressort. Au mieux peut-être, le jeune homme ne savait pas vraiment, et honnêtement, n’y pensait pas tout à fait, à cet instant présent. Une inspiration suivie d’une profonde expiration précéda les quelques pas vers la tente qu’Enzo entama, amenant sa femme dans son sillage. Son regard se posa de nouveau sur la femme dont il ne connaissait que le prénom finalement. Il lui semblait qu’elle avait dit qu’ils pourraient dire quelques prières. Peut-être en connaissait-elle ? Enzo n’en connaissait que très peu, malgré le fait qu’il fut Garde Épiscopale, il y a maintenant une année. Surtout un problème de mémoire, ayant tellement de prières et autres à connaître. Et certaines en latin, d’autres en françoys. Si quelqu’un d’autre que lui pouvait réciter une ou des prières, ça l’arrangerait. Il pourrait ainsi suivre avec un petit mot, moins personnel que celui murmuré sous la tente, quelques heures plus tôt. - « Korydwen ? Pensez-vous que vous pouvez réciter une prière ? Ne vous compliquez pas la vie, ceci dit. Et sinon, je peux tout à fait le faire, même si ça n’est pas dans mes cordes. Je ne sais si d’autres gens viendront. Commençons donc. Une prière fort simple, et nous pourrions dire quelques mots, avant de se recueillir simplement devant le corps. »Ça lui semblait la chose à faire au jeune homme, tentant toujours de rester zen, la présence de Gabrielle l’aidant à garder le contrôle. Il aurait apprécié la présence de Christopher, mais ce dernier étant blessé, il ne pourrait venir. Liloia et son époux passeraient peut-être. Tout du moins, Enzo l’espérait. Pour ce qui était des autres frères d’armes, le jeune homme n’en avait aucune idée, personne n’étant venu jusqu’à maintenant. Ils avaient toutefois encore le temps, puisque la veillée commencerait tout juste dans quelques instant. Il adressa un triste sourire à Korydwen avant d’entrer dans la tente sans attendre sa réponse. Entrainant toujours Gabrielle dans son sillage, il se posa debout, à la droite du corps, rivant ses yeux sur le défunt, un instant. Un soupir quitta ses lèvres, tandis que la main liée à celle de sa femme se serra un peu plus. Dans la tente, les chandelles avaient été allumées pour donner une allure cérémonial eà la tente et aider l'âme d'Alcalnn à s'élever. Le jeune homme se pencha un peu vers Gabrielle, le temps de murmurer : - « Mercé d’être là. Je vous en suis reconnaissant… »La veillée pouvait commencer. | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 22:16 | |
| Doc.marccoul
Je suis venu à la veillée, par soutien et respect pour le capitàn. La mort me fait pas peur, elle m’émeut presque plus à force de la cotoyer de près. Mais il me semble bien que je sois là pour lui, même si nous ne sommes pas si proches. Et puis, juste quelques heures avant, c’est moi qui me suis occupé du corps, pas que ce soit ma spécialité mais en temps de guerre on fait avec ce qu’on a. Il paraît que le corps risque de voyager, une idée à la noix ça, avec la chaleur du sud, mais si la famille y tient. Moi j’ai fait ce qu’on m’a demandé, que le corps du père du gamin soit traité avec dignité et respect. Le problème c’est que je suis dans un foutu campement militaire, sous une tente pas prévue pour et que y’a pas vraiment d’endroit ni de matériel pour ça.
J’avais commencé par déshabiller le corps, il était déjà raide, du coup déshabiller c’est un grand mot, j’ai du lui découper ses vêtements, heureusement il ne portait pas, ou plus, une armure en métal, sinon j’aurais été bien emmerdé. J’ai incisé après, j’ai essayé de travailler proprement, j’ai viré tout ce qui gênait, les entrailles dans un seau, on enterrera ça après, j’ai mis le cœur à part, pour le donner à la famille. J’ai pas vraiment de quoi le conserver, pas de sel, rien, ça va attirer les mouches, je vais tâcher de trouver un petit coffre en étain pour le caser, sinon, ils vont m’en vouloir les normands. Comme le trajet sera long, j’avais un peu peur que ça se pête la gueule et qu’il soit plus trop présentable, le macchabée, alors j’ai mis de la paille, je sais pas bien si ça se fait mais une fois recousu, si on tâte pas, le résultat est pas mal. Faut dire que les sutures, c’est mon péché mignon, j’y ai passé du temps, je me suis bien appliqué, franchement pour un autre cadavre que celui là, j’aurais fait moins serré et moins régulier, mais c’est pour le capitàn que j’ai fait ça, c’était son père, et puis le nom d’Alcalnn Blackney est connu de tous les vieux comme moi pour peu qu’ils aient trainé leurs braies dans les armées.
J’ai fait demander à la capitana si elle avait pas du vin, en évitant de dire ce que j’allais en faire et c’est avec un Bordeaux de qualité en provenance direct de la réserve du gamin que j’ai lavé le corps, paraît que ça conserve. Les orifices ont été bouché pour éviter les débordements, je reviendrais plus tard pour suturer la bouche, après, quand ça sera fini. Et puis, j’avais nettoyé toutes les traces de mes actions, j’avais demandé à ce qu’on mette au feu les tissus que j’avais tendu sous le corps et fait brûler de la résine d’encens pour chasser l’odeur de mort.
Quand j’arrive, pour la veillée, le corps est là où je l’avais laissé, allongé sur sa couche, recouvert d’un drap de lin blanc et propre, il me semble que mon travail est honnête et de facture correcte. De l’encens brûle encore et des cierges entourent la couche. Y’a pas encore beaucoup de monde, je me cale dans un coin et j’attends la suite je tente même une petite prière silencieuse, juste entre le cadavre, le Très Haut et moi. | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 22:17 | |
| Korydwen
Veillée funèbre.
Elle avait tourné et retourné dans sa tête les prières qu'elle connaissait. Il est vrai qu'avec un frère curé, elle aurait pu en savoir un peu plus, mais elle avait une fâcheuse tendance à dormir le dimanche matin plutôt que d'aller à la messe. Mais là, elle allait faire un effort et plonger dans sa mémoire pour offrir à Enzo une belle cérémonie de veillée funèbre. Elle ignorait si les gens seraient présents, mais qu'il soit trois ou cent ne changeait rien à la qualité des prières qu'elle voulait. Elle attendait dehors, juste devant la tente. Elle préférait laisser l'intimité de l'embaumement à Enzo, elle préférait être présente que s’il en ressentait le besoin et puis il y avait son épouse et Korydwen connaissait le pouvoir d'une épouse dans ces moments-là.
Une prière fort simple. Elle pénétra à la suite d'Enzo et de son épouse. Des cierges brillaient et donnaient une autre allure à l'intérieur de la tente. Elle se plaça près du corps. Une quatrième personne venait de pénétrer dans la tente. La cérémonie serait donc une cérémonie plutôt intimiste. Après un toussotement elle prit la parole. Bien la première fois qu'elle allait jouer à l'apprenti curé. Mais il n'était jamais trop tard pour les premières fois. Elle commença par le credo.
Je crois en Dieu, le Très haut tout puissant Créateur du Ciel et de la Terre Des enfers et du Paradis Juge de notre âme à l'heure de notre mort.
Et en Aristote son prophète Le fils de Nicomaque et de Phaetis Envoyé sur Terre pour enseigner la sagesse Et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.
Je crois aussi en Christos Né de Maria et de Giosep Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce Il est mort dans le martyr pour nous sauver Il a rejoint le Soleil, où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut
Je crois en l'action divine Je crois en la Sainte Eglise aristotélicienne Romaine, une et indivisible En la communion des saints En la rémission des pêchés En la vie éternelle
Amen.
Elle laissa le temps aux personnes présentes de le répéter à voix haute ou voix basse, dans leur tête ou pour tout le monde. Elle n'était pas là pour juger et chacun ferait à sa guise. Chacun avait sa propre relation avec le Très-Haut. Elle réfléchit avant de se souvenir de ce qu'elle avait pu entendre durant un enterrement et le répéta à voix haute.
Dieu dont la miséricorde est grande, Tu as rappelé auprès de Toi Alcalnn, accueille-le dans Ton royaume d’éternité. AMEN Apporte réconfort et tendresse à ceux qui, sur la Terre, pleurent sa disparition avant de le retrouver au firmament de Ton palais. AMEN Sur cette assemblée réunie pour témoigner leur affection et dire un ultime au revoir terrestre, apporte la compassion et la force de vivre selon les vertueux préceptes que Tu nous as donnés. AMEN Dieu le père, Christos et Aristote, bénissez Alcalnn. AMEN
Elle se tourna ensuite vers Enzo, un léger sourire sur le visage, espérant que cela lui convienne. C'était bien délicat, puis s'adressant aux personnes présentes.
Enzo souhaitait que ceux qui le désirent puissent dire quelques mots. Je vous en prie. Puis nous pourrons nous recueillirent silencieusement devant Alcalnn.
Korydwen se recula légèrement, les flammes des cierges dansaient sur son visage. Elle ne savait que dire, elle n'avait pas plus croisé que cela Alcalnn. Elle attendit dans un silence aristotélicien, espérant ne pas avoir à faire cela trop souvent. La guerre prenait bien trop de vie et laissait bien trop de personne amputée d'amis, de père, de mère, de frère, de sœur... | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 22:17 | |
| Eloin
La rumeur n'avait point tardé à parcourir les chemins, après les combats, pour parvenir jusqu'à Auch, et enfin, par le truchement des discussions entre servantes des diverses maisons nobles et bourgeoises, jusqu'au palais épiscopal d'Auch. C'était là que se trouvait l'abbesse, trouvant plus agréable de séjourner auprès de plusieurs confrères durant le Concile, plutôt que de louer une chambre d'auberge et s'y trouver seule au milieu des gens du cru qui n'étaient, pour elle, que des étrangers.
Ce jour-là, la meschine dont elle avait loué les services, et qui l'aidait à se coiffer et se vestir de sa tenue d'évesque, l'avait informée des dernières rumeurs, et parmi elles, l'annonce du trépas du Chat avait saisi la moniale, tant et si bien que le reste de l'habillage s'était déroulé presque mécaniquement. Plongée dans les souvenirs qui remontaient petit à petit, Eloin revoyait la stature imposante de cet homme, guerrier dans l'âme, inconsolable après la perte de son épouse, terré au fin fond de son rocher des années durant.
Un long moment elle hésita, se demandant si sa présence poserait ou non problème, puys elle se résigna, informa ses confrères d'une brève absence, et prit le chemin du campement militaire en question. Son arrivée ne passa point inaperçue, et c'est sous le regard interrogateur des gardes en faction à l'entrée du camp qu'elle démonta et attacha les rênes de son cheval à un arbre proche du poste de garde. Les lances des hommes chargés de la surveillance de l'entrée se croisèrent devant elle avant qu'elle n'ait pu prononcer un mot.
Holà la nonne ! C'est point un endroit pour une femme de vot-genre ici ! Feriez mieux de r'tourner d'où vous v'nez !
Rire gras du second garde, et haussement d'épaules de la moniale. Les commentaires grivois, elle en avait eu son compte dans sa jeunesse, lorsqu'elle avait intégré l'Ost comtal du Maine. Ost au seing duquel elle avait tout de mesme fini Lieutenant, soit dit en passant...
Bonjorn mes braves ! J'ai ouï dire que Sa Grasce le duc de Mortain avait succombé à ses blessures, et j'aurais aimé pouvoir me recueillir devant sa dépouille. Je me nomme Eloin Bellecour, j'ai connu le défunt et feue son épouse, dauna Nennya Blackney-Desbois.
Les deux gardes se regardèrent, puys hochèrent la teste, et l'un d'eux s'éclipsa vers l'intérieur du camp à la recherche d'un gradé. | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 22:18 | |
| Enzo
La mort. Tout le monde y passe. Parfois trop tôt, d’autre fois, tardivement alors que le corps s’écroule sous le poids des années. Enzo n’avait jamais vraiment craint la mort, même si maintenant, il n’avait plus autant envie de jouer avec la faucheuse, ni même de tomber dans son dernier repos. Il avait dans ce Royaume des choses à accomplir, et une famille à s’occuper. Sa femme et leurs fils. Les yeux fixés sur le défunt, Enzo se demanda un instant si c’est ainsi qu’il aimerait mourir. Au combat. Après une vie somme toute remplie. Après tout, il avait mené une vie importante, Alcalnn. Des guerres, de la politique. Il s’était marié et avait eu trois enfants. Il avait même du enterrer son oncle, sa femme. Et sans doute beaucoup d’amis. Il était pourtant encore vaillant, mais Enzo savait qu’il aurait détesté mourir en croulant dans son lit, pris par la vieillesse et ne pouvant gérer ses terres seul. Oui, sans doute que son père avait eu la mort qui lui convenait le plus. Il était juste dommage que ça ne soit pas lors d’une victoire. Il soupira un peu, il glissa ses doigts entre ceux de sa femme pour venir serrer fortement la main, venant chercher un peu de courage dans cette légère étreinte. La seule qu’ils se permettaient vraiment en public. Ça et une main sur une cuisse, de temps en temps, caché sous la table d’une taverne. Il eu un léger sourire vers Korydwen qui avait accepté de réciter une petite prière ;Tout en serrant la main de sa femme il récita lui aussi le credo. En latin, comme toujours.
- « Credo in Deum, Altissimum Omnipotentem, creatorem caeli et terrae,inferos et paradisi, ultima hora animae judicem nostrae. Et in Aristotelem, prophetam,Nicomaqui Phaetique filium, missum ut sapientiam et universi divas leges errantibus hominibus erudiret… Credo etiam in Christum, natum ex Maria et Ioseph, vitam dedit ut nobis paradisi viam monstraret sic, postquam sub Pontio passus est propter salutem nostram martyr perivit Consecutus est Solem Ubi Aristoteles ad Altissimi dexteram eum expectabat… »
Il soupira un peu, puis repris, même s’il ne croyait pas en tout ce qu’il disait, son éducation et le temps passé à la Garde Épiscopale lui interdisait de faire un « nia nia nia nia » ou de faire semblant de réciter.
- « Credo in Divinam Actionem, Sanctam Ecclesiam aristotelicianam, romanam, unam et indivisibilem sanctorum communionem, peccatorum remissionem,vitam aeternam. Amene. »
Le jeune homme fixa ensuite son regard vers Korydwen qui récita une prière qu’il avait déjà entendu. Il sourit un peu plus franchement, trouvant fort judicieux le choix de la prière. Elle était simple, mais c’est tout ce qu’il avait demandé. C’était sa façon à lui de dire au revoir à son père, et il était content que certaines personnes participent. Il veillerait ensuite à la bonne tenue du corps, et que ce dernier soit surveillé. Certaines personnes tenteraient sans doute de s’approprier cet investissement, mais Enzo s’en fichait. Il le faisait pour lui et son père et pour personne d’autre. Il murmura un « amen » final avant de fixer son regard sur Gabrielle. Un homme vint ensuite l’avertir à propos de la présence d’Éloin. Il fronça un peu les sourcils avant d’hocher la tête vers le garde, permettant ainsi à ce que la religieuse puisse entrer dans la tente. Ils se connaissaient, et malgré les divergences et le fait qu’ils étaient plus ou moins ennemis, Enzo pensa qu’elle pouvait aussi se recueillir sur la dépouille. Il eut un léger sourire d’ailleurs. Autant il était un soldat aguerri, autant Alcalnn avait toujours travaillé pour la paix et les traités d’amitié. Maintenant, autour de son corps se réuniraient des gens des divers camps, des hommes et des femmes, des opinons politiques différentes, et de Comtés ou Duchés tout aussi différents. C’était presque symbolique. Il dit ensuite quelques mots.
- « Il était un grand homme et même si nos choix nous ont amené à nous séparer, il fut toujours mon père, et je l’ai toujours vu ainsi. J’espère que de là où il est, il sera fier de ce que je suis et deviens. Alcalnn Blackney, ce nom qui n’est pas inconnu en ce Royaume, est mort, mais son souvenir perdurera à jamais. À travers l’histoire et ses enfants. Que cette perte amène sur nous la paix, après la tristesse. Adieu mon père, rejoins enfin celle que tu as aimée et pour qui si longtemps tu as porté le deuil. »
Il retient un soupir, serrant de nouveau la main de sa femme. Des mots un peu froids, faute de ne pouvoir dire vraiment ce qu’il pensait. Il avait pu murmurer les paroles qu’il voulait, seul à seul, et cela était bien suffisant. Il releva un peu la tête vers le gens présents.
- « Si quelqu’un d’autre veut bien dire autre chose… Et mercé, Korydwen pour ce que vous faites. » | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 22:18 | |
| Eloin
L'abbesse remercia d'un signe de teste les gardes lorsque leurs lances s'abaissèrent pour luy laisser le passage, et elle suivit le chemin que l'un d'eux luy désigna du doigt afin de rejoindre la tente abritant le corps du défunt. Plusieurs personnes s'y trouvaient, constata-t-elle en entrant, et notamment ce fils renié par Alcalnn parce qu'il avait épousé une trop proche parente. Le souvenir de la confrontation qui eu lieu entre le jeune couple d'alors et leur soeur Hélène, au beau milieu de l'abbaye de Noirlac, assombrit un bref instant son regard. Frère et sœur s'étaient lancés des mots durs et froids, et, pour ce qu'elle en savait, ne s'étaient plus jamais revus depuys, chacun restant sur ses positions. Ce n'était point ses affaires, et elle n'avait point voulu trop s'investir dans les discussions d'alors, mesme si elle appréciait grandement la fille du duc de Mortain. Par respect pour la mémoyre de Nennya, elle avait refusé de prendre parti pour l'un ou l'autre et, finalement, Hélène avait fini par s'éloigner de l'abbaye petit à petit, au fur et à mesure qu'elle fondait sa propre famille avec son impérial époux.
Eloin chassa ces sombres réminiscences avant d'adresser un respectueux salut au sénher Enzo et son épouse, ainsi qu'aux quelques personnes qui se trouvaient là. Elle était arrivée à la fin du discours du jeune homme, et ne put qu'approuver silencieusement. Le duc avait effectivement porté le deuil de son aimée durant de longues années, tout comme elle-mesme avait porté celuy de son époux si longtemps qu'elle avait fini par prendre le voile, définitivement, ne se voyant point partager la couche d'un autre homme que celuy qui leur offrit deux héritiers d'un coup.
Dire quelques mots... L'évesque resta un instant immobile, attendant que les présents ne se décident, puys s'avança lorsqu'elle remarqua que le silence s'étendait. Il ne fallait point trop laisser ces instants s'éterniser, au risque de rendre le reste de l'hommage funèbre ennuyeux et morne, elle le savait de par son expérience de prêtre.
J'ai peu connu le duc, à dire vray. Je fus surtout amye avec feue son épouse, dauna Nennya, femme dont la simplicité et l'érudition égalaient les miennes.
J'estimais cet homme, parce qu'il sut rendre mon amye heureuse, parce qu'il luy permit de fonder la famille qu'elle espérait, et surtout, parce qu'il sut protéger cette famille autant qu'il le put des épreuves qui jalonnent nos vies.
Alcalnn Blackney fut un grand guerrier, d'après ce que j'en sais, mais il fut surtout un époux aimant, un père protecteur, et un seigneur juste avec ses gens. Certes, comme nous tous, il eut des défauts, mais je ne doutes point qu'il saura les confier au Tout-Puissant au moment de paraître devant Luy.
Puyssiez-vous reposer en paix, sénher, acheva-t-elle dans un murmure, la gorge serrée par une émotion qu'elle n'avait point senti venir. Sa diatribe achevée, elle se recula de quelques pas pour laisser la place à d'autres. | |
| | | Korydwen Baronne
Messages : 9118 Date d'inscription : 28/04/2008
| Sujet: Re: 1.6 [21 Juin] Requiescat in pace Alcalnn Sam 13 Juil - 22:19 | |
| Korydwen
La messe était dite, ou tout du moins ce qui semblait y ressembler. Korydwen n'aurait jamais cru avoir à faire cela un jour, mais l'avantage d'avoir un membre du clergé dans la famille lui permettait de se fondre dans de nombreuses situations. Elle avait cette facilité certaine à muer et à réussir à réagir de la meilleure façon qui soit pour aider son prochain, là n'était pas l'un des préceptes de tout croyant ? Malheureusement, elle faisait la guerre. Mais passons, personne n'était tout blanc ou tout noir. Elle s'était écartée pour laisser Enzo prendre la parole. Elle le regarda avec un léger sourire, un soutien, lointain, discret, mais présent. Sans doute que cela devait être dur, faire face à la réalité et regretter de ne plus pouvoir discuter avec le défunt. C'était ce que Korydwen redoutait le plus, perdre quelqu'un, c'était ne plus pouvoir discuter avec lui.
Des mots justes. Des mots intenses. Il est vrai qu'il était difficile parfois d'accepter les choix de ses enfants, Korydwen avait de la chance, pour le moment tant sa fille que ses fils ne partaient pas dans des directions qui pour elles ne seraient pas les bonnes, mais elle n'était guère à l'abri. Les voies du cœur, de la raison sont impénétrables. Hochement de la tête en direction d'Enzo, acquiesçant, il serait toujours son père. Parce que quoi qu'il se passe, et même si les Hommes tentaient d'effacer certains liens, là-haut, le Très-Haut savait. C'était suffisant.
- « Si quelqu’un d’autre veut bien dire autre chose… Et mercé, Korydwen pour ce que vous faites. » Je vous en prie Enzo, c'est tout naturel.
Elle s'inclina devant lui. Oui, c'était naturel. Pour elle ça l'était. Une dame était entrée, elle l'avait gratifié d'un signe de la tête. Elle prit la parole après Enzo. Elle l'écouta avec attention, se demandant si elle devait parler à son tour. A la fin, elle s'avança finalement.
Je n'ai guère connu Alcalnn. J'ai simplement eu l'honneur de participer à son dernier combat. Je n'ai malheureusement pas su veiller suffisamment sur les hommes et les femmes que je menais. Ses missives me faisaient sourire. Vieux matou qu'il signait, mais toujours agréable. Il se disait ronchon, mais les missives ont l'avantage de ne guère ronchonner. Je l'ai par le passé croiser plusieurs fois lors de guerre. Mais c'est sans doute la première fois où j'ai discuté avec lui. Qu'il repose en paix, auprès de sa dame.
Elle se recula et laissa la place à d'éventuel retardataire. | |
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